A l’occasion de la journée de la voix, nous avons profité de notre interview avec Anne-Sophie Ferry, auteure du livre Le Royaume de Tristan, mais aussi artiste Lyrique (et donc professionnelle de la voix) de nous parler de son programme l’ACRAP (Analyse du comportement de rééducation de l’appareil phonique). Un programme permettant de de rééduquer l’oralisation, le regard, la gestuelle, le ton de la voix des enfants et adultes en situation de handicap.

Ce programme a été inspiré par la pratique du chant lyrique, par les cours de chant que j’ai donnés aux personnes neurotypiques ainsi qu’aux personnes porteuses de handicap ayant des conséquences sur l’élocution, et par mes séances avec Tristan. J’avais remarqué que Tristan ne pouvait pas enchaîner 2 mots d’affilé, ni articuler le bon nombre de syllabes ( il en ajoutait beaucoup); par hasard, en lui faisant faire des exercices de chant, j’ai découvert qu’il enchaînait de longues phrases chantées.

En approfondissant, j’ai appris que ce sont 2 zones distinctes du cerveau qui fonctionnent quand on chante ou qu’on parle. Mon pari est alors devenu de créer une passerelle ( à base de guidances sensorielles) qui puisse connecter ces deux axes, et permettre de passer de la zone « chanter » à la zone  » parler » afin de pouvoir aider Tristan à aligner les phrases et articuler correctement.

girl-933644_960_720J’ai rédigé alors le programme ACRAP par étapes, en le « testant » pas à pas sur Tristan – qui appréciait beaucoup cet exercice puisqu’il adore la musique; ensuite j’ai pu l’ajuster grâce au travail avec d’autres personnes porteuses de TSA. Dans sa forme finalisée, le programme ACRAP est une combinaison des systèmes de mesures et des principes de l’ABA-VB, qui permettent d’accéder, pour les personnes porteuses de TSA, à  la technique du placement de la voix et du souffle propres à l’art lyrique.

Les carences de l’appareil phonique d’un chanteur lyrique débutant voulant accéder au niveau professionnel, sont curieusement les mêmes que celles d’une personne peu ou non verbale voulant accéder au langage. On retrouve dans les deux cas un son guttural, une articulation difficile et l’absence d’interaction avec l’auditeur, liés à ces barrières communes:

  • absence de projection vers l’auditeur/l’extérieur du corps: regard, voix, souffle, expression corporelle, intention
  • carences musculaires de la langue, des lèvres, du larynx, des cordes vocales, du cou et du cavum
  • absence d’appui du son sur les résonateurs faciaux
  • respiration sans soutien abdominal, prise et expulsion d’air non contrôlées
  • empan amnésique restreint ( mémoire à court terme des syllabes/mots ou phrases à enchaîner ).

La technique de ce programme, appuyée sur des guidances sensorielles telles que la visualisation dans l’espace, du son ou du souffle, ou le fait de scander un rythme, est souvent un peu abstraite et compliquée à intégrer pour une personne neuro-typique; tandis qu’elle sera souvent évidente pour un sujet avec TSA qui n’aura aucun mal à visualiser son propre souffle, à visualiser  » l’invisible ».

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