A l’occasion de la journée européenne de la psychomotricité le 19 septembre, Hop’Toys met à l’honneur cette profession par le biais du collectif « Communic’Actif des Psychomotriciens ». Pour ce 6ème (et dernier!) rendez-vous, Cindy et Emilie parlent nous livre une étude de cas sur l’intervention du psychomotricien en SESSAD auprès de Victor, un ado IMC.

Victor, un adolescent exceptionnel suivi en SESSAD

Certains enfants présentant un handicap bénéficient de l’intervention d’un psychomotricien travaillant en SESSAD (Service d’Education et de Soins Spécialisés A Domicile) ou SESSD. Le psychomotricien se déplace autant que possible auprès de l’enfant ou de l’adolescent, à domicile ou dans son établissement scolaire, en fonction du projet de vie établi en équipe pluridisciplinaire.

Victor, 13 ans, atteint d’Infirmité Motrice Cérébrale, est suivi depuis une dizaine d’années dans un SESSAD par une équipe pluridisciplinaire, dont un kinésithérapeute en libéral. Tétraplégique, il a peu de mobilité et se déplace en fauteuil électrique, non sans difficultés et appréhensions. Il vit chez ses parents et est scolarisé à temps plein dans un dispositif adapté aux troubles des fonctions motrices. Il est accompagné en classe par une AVS.

Psychomotricité : l'intervention en SESSAD

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Victor et la psychomotricité : une évolution pas à pas vers l’âge adulte

Lors de ses premières rencontres avec Victor, la psychomotricienne du SESSAD a réalisé un bilan psychomoteur pour évaluer de façon plus précise les difficultés rencontrées par Victor pour se mobiliser. Mais aussi pour rendre compte de son manque d’aisance pour appréhender son corps et se positionner en tant que sujet. En effet, durant les séances, Victor était resté peu acteur. Il acceptait toutes les activités avec une certaine passivité sans pouvoir vraiment s’exprimer sur ses goûts et ses envies. Un accompagnement en psychomotricité, à raison d’une séance tous les quinze jours sur le temps scolaire, s’est donc mis en place en accord avec Victor, ses parents et l’équipe du SESSAD, afin de favoriser sa mobilité, sa conscience corporelle et sa confiance en lui.

Cette année, avec l’entrée au collège et l’adolescence, Victor s’est mis à poser davantage de questions. Lors de la puberté, le corps change, des sensations, des émotions nouvelles, un questionnement identitaire émergent. Les séances de psychomotricité sont donc devenues hebdomadaires pour mieux répondre aux besoins de Victor, et ancrer son vécu dans des expériences sensorimotrices. Ainsi, Victor, qui arrivait à peine à tenir une balle entre ses doigts, peut désormais l’attraper, la faire passer de gauche à droite (et inversement), se retourner et ramper jusqu’à un endroit défini.

La psychomotricité, ou comment aider l’enfant à prendre conscience de son corps

Les séances de psychomotricité offrent un cadre à Victor pour ressentir son corps de façon différente et pour exprimer ses émotions. Il a semblé important, pour la psychomotricienne et l’équipe du SESSAD, de développer les compétences neuromotrices de Victor et à investir l’espace. Mais également à investir son corps lorsqu’il est libéré du fauteuil. Davantage en lien avec son ressenti corporel, il évoque aujourd’hui des douleurs et de la fatigue après ce travail : « C’est donc ça faire du sport ? ». Par la même occasion, il s’identifie un peu plus « aux enfants de son âge » et peut enfin définir les propositions “qu’il aime” et “qu’il n’aime pas”.

Ces séances de psychomotricité permettent à Victor d’enrichir ses compétences motrices et favorisent son investissement dans les actes de la vie quotidienne. Il est possible de le constater dans le travail de liaison avec les autres professionnels. Notamment avec l’ergothérapeute dont l’un des objectifs est de l’aider à améliorer ses déplacements en fauteuil roulant électrique. Effectivement, la faible mobilité de Victor ne permettait pas de définir une préférence manuelle pour l’utilisation du Joystick de son fauteuil. Même si, aujourd’hui, il utilise toujours les deux mains, il arrive à définir celle qu’il préfère pour réaliser la majorité des activités.

L'enfant IMC et le psychomotricien

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En soutenant les progrès, qu’il minimisait d’un « Ce n’est pas si extra », « Tu dis ça comme si c’était important ce que je viens de faire », et en l’invitant à essayer d’abord seul au lieu de demander de l’aide tout de suite,  la psychomotricienne permet à l’adolescent de trouver peu à peu confiance en lui et de devenir ainsi de plus en plus acteur, de plus en plus mobile sur le plan psychocorporel.

Les évolutions psychomotrices réalisées par Victor, tant sur le plan moteur que relationnel, l’encouragent à découvrir le monde. Il pose davantage de questions liées à son entrée dans l’adolescence. Afin d’aider Victor à communiquer avec les autres, à s’individualiser et à s’identifier à ses pairs, la prise en charge en psychomotricité se poursuivra cette année en ajoutant un nouvel étayage : le groupe.

Merci à Cindy FALLA et Emilie JACQUEMIN, psychomotriciennes D.E. et membre du Collectif Communic’actif des Psychomotriciens

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