C’est en 2019, à 25 ans, que Valentin quitte sa Normandie natale pour s’installer dans le brouhaha parisien. Après avoir vécu ce qui semble être de nombreuses vies, le jeune homme a un nouvel objectif : faire de sa singularité une force pour faire rire les autres. Valentin Reinehr compte bien se servir de l’humour comme arme d’inclusion!
Un parcours unique !
Depuis qu’il est enfant, Valentin Reinehr est bègue. Il précise cependant : “On ne naît pas bègue, on le devient.” Pour sa part, c’est suite à des traumatismes dans l’enfance, dont un plus important, que son bégaiement se déclenche. Pour ses parents, à qui la maîtresse de maternelle assurait encore la veille qu’il s’exprimait parfaitement bien pour son âge, c’est le choc.
Après avoir tenté de se battre contre un camarade qui se moquait de lui, Valentin se rend compte que la bagarre n’est pas pour lui. Il ne se laisse pas abattre (sans mauvais jeu de mots !) et il décide de prendre les devants. Si les autres doivent se moquer de lui et de cette particularité, il le fera en premier et ce sera avec beaucoup d’autodérision.
Très vite, il se rend compte que son humour prend sur ses proches et il adore ça.
“Si les autres doivent se moquer de lui, il le fera en premier!”
Lorsqu’il est jeune, grâce à sa grand-mère, il se découvre un fort attrait pour le cinéma et il décide alors qu’il veut en faire son métier. À l’âge de 16 ans, sa mère perd la vie et il se retrouve avec son père et sa grand-mère. Au moment de choisir vers quelle voie s’orienter pour ses études supérieures, c’est le doute. Les métiers artistiques n’étant pas toujours pris au sérieux, son père a peur pour son avenir. Pour le rassurer, Valentin s’oriente alors dans une classe préparatoire pour être aide-soignant.
Un parcours en plusieurs étapes
Le jeune normand a toujours eu à cœur d’aider les autres. Suite à ses études, il se retrouve travailleur social. Une position qu’il occupe plusieurs années : il adore se sentir utile. Après de nombreuses formations et bien qu’il adore son métier, il a l’impression que sa vie lui passe à côté. Lui qui a toujours rêvé d’être comédien, il ne se sent plus à sa place dans ce mode de vie «classique».
Après s’être essayé au théâtre, il se dit que sa place est peut-être sur une scène de stand up.
Il s’inscrit alors dans une école de Stand Up Parisienne en 2019, à 25 ans. Là-bas, il apprend à écrire et à jouer ses textes devant un public. Mais pour lui, bien que l’école ait été bénéfique à son apprentissage théorique, il n’aime pas le fait de devoir se concentrer pour écrire ses textes. Pour lui, cette partie doit être spontanée et les blagues doivent pouvoir venir du tac-au-tac.
La même année, il participe à La France A Un Incroyable Talent. Grâce à un golden buzzer de l’humoriste Eric Antoine, Valentin s’assure une place immédiate pour la finale. Il termine cette édition sur la deuxième place du podium. Ce qui le propulse sur la scène médiatique : il fait à présent partie du Jamel Comedy Club et assure de nombreuses dates pour un premier spectacle.
>> À lire aussi : La gentillesse, une qualité essentielle à cultiver
Le bégaiement, une barrière ?
Lorsque l’on demande à Valentin si le fait qu’il soit bègue ait pu être un frein dans sa jeune carrière d’humoriste, il nie catégoriquement. Pour lui, chacun a un trait de caractère qui le différencie des autres. Son bégaiement lui permet donc de mettre en avant une spécificité et de se démarquer des autres.
D’ailleurs, le théâtre a été une manière d’accepter son bégaiement autrement. Pour lui, le milieu du stand-up est un univers très inclusif, contrairement au milieu du divertissement général où il se sent parfois “boycotté.” Il raconte : “Une grande station de radio a refusé de me passer sur ses ondes à cause du bégaiement. Soi-disant que je ne parle pas à leur auditorat,” il souffle, “presque 600 000 personnes sont bègues en France, ce n’est pas anodin !”
Sur ses réseaux sociaux, les commentaires sont souvent inondés de personnes qui le félicitent ou qui s’identifient à lui. Par exemple, on peut lire : « Tu nous apportes tellement, je bégaye aussi et tu me fais pleurer à chaque fois« .
Et après ?
Pour lui, son bégaiement lui a permis de faire preuve d’une immense ouverture d’esprit. Qu’il n’aurait probablement pas eu sans bégaiement. Si aujourd’hui, il parcourt la France avec son premier spectacle, il a pour but de continuer à développer sa carrière. En développant, par exemple, de nouveaux spectacles, de nouveaux univers à son image : unique et égayant.