Chaque rentrée universitaire est une bascule. Nouveaux visages, nouveaux rythmes, nouveaux espaces à apprivoiser. Pour un·e étudiant·e neuroa, elle peut avoir un goût particulier : celui d’un environnement à décoder en permanence, d’un équilibre à maintenir entre adaptation et épuisement.
Mais anticiper cette rentrée, ce n’est pas seulement moins la subir. C’est reprendre la main. En posant des repères, en s’appuyant sur les ressources disponibles, en valorisant ses forces. Pas malgré la neuroatypie, mais avec elle.

Trouver sa place dès l’entrée
Certaines universités proposent aujourd’hui un accompagnement dédié aux étudiant·es neuroA, à travers le dispositif Atypie‑Friendly. Mis en place depuis 2018, il est aujourd’hui présent dans plus de 35 établissements en France. Ce programme vise à créer un environnement où les singularités cognitives ne sont pas un obstacle, mais un point de départ pour penser l’inclusion autrement.
Concrètement, il s’agit d’un cadre d’accueil individualisé : référent·es formé·es, dispositifs adaptés (examens aménagés, supports alternatifs, espaces calmes) et temps collectifs (e‑cafés, journées d’intégration). Nous vous en parlions d’ailleurs avec l’exemple de Montpellier et de son université Paul Valéry.
Ce que permet ce dispositif, ce n’est pas de mettre à part en tant qu’étudiant·e neuroA. C’est de faire avec. En assumant que chaque fonctionnement a sa logique, ses besoins, ses manières d’apprendre. Et que le rôle de l’université, c’est de rendre tout ça possible.

Nommer ses besoins, c’est déjà construire
L’université, une école supérieure, ce sont des lieux complexes : lieux multiples, emplois du temps fluctuants, consignes parfois implicites. Pour une personne neuroA et à fortiori étudiant·e neuroA, ces éléments peuvent devenir des zones de frictions. L’anticipation passe par une étape simple mais décisive : formuler ses besoins.
Cela peut prendre la forme d’un échange avec le service inclusion ou handicap, ou d’un document qui formalise les aménagements nécessaires. C’est une manière d’exister dans l’institution sans se camoufler, sans être dans la justification constante.
On peut avoir besoin d’un support de cours écrit à l’avance, d’un espace de pause sensorielle, d’un temps supplémentaire pour structurer une réponse. On peut aussi ne pas encore savoir ce qui aidera et le découvrir au fil du temps. Pas de pression !
L’essentiel, c’est de créer un cadre dans lequel il est possible de dire « ça, pour moi, c’est un frein » sans craindre d’être mis·e de côté.
Envisager un kit de régulation sensorielle peut être une excellente idée, par exemple avec des fidgets, un Time Timer, etc.

Poser des balises pour durer
L’université peut donner l’illusion d’une grande liberté. Cependant, cette liberté peut vite devenir floue, voire oppressante, sans certains repères solides.
Anticiper son année, c’est aussi se créer un environnement dans lequel on pourra tenir la distance (Parcourir le chemin, c’est bien, tenir la distance, c’est mieux).
Se créer un emploi du temps visuel, s’entourer d’un binôme de confiance (étudiant·e neuroA ou non, d’ailleurs), ritualiser les temps de pause : Des gestes simples qui permettent de ne pas tout porter seul·e. Et surtout, de ne pas s’épuiser à faire comme si tout allait bien quand ce n’est pas le cas.
Et pourquoi pas, aménager un coin sensoriel rassurant chez soi pour étudier calmement.

Cultiver ses forces sans s’excuser
Trop souvent, les personnes neuroA intériorisent l’idée qu’elles doivent “rattraper” quelque chose. Être dans la norme. Se fondre dans le décor. Cette pression pousse au masking, un camouflage permanent pour paraître comme les autres. Mais ce que l’on gagne en discrétion, on le paie souvent en épuisement.
Au lieu de s’adapter à tout prix, on peut décider de valoriser ce qui fait notre différence. Une mémoire visuelle hors norme, une pensée en arborescence, une capacité de concentration intense (HyperFocus)… Ces qualités sont utiles et dans bien de contextes, elles sont précieuses. Et si elles sont connues, reconnues, elles peuvent s’exprimer pleinement.
Il s’agit de se sentir légitime à être soi. Et d’inviter les autres à faire un pas vers cette compréhension.
À lire aussi : Stop au masking
On pense souvent que la réussite universitaire se joue dans les résultats. Mais elle commence bien plus tôt : dans la façon dont on construit son propre cadre, dans les appuis qu’on accepte de solliciter, dans la manière dont on se donne le droit de faire autrement.
Anticiper son année, c’est ouvrir une porte. Celle qui mène à une année vécue pleinement, sereinement. Etmême si personne ne peut le faire à votre place, beaucoup peuvent le faire avec vous.

Et vous ? Qu’avez-vous mis en place pour bien démarrer l’année ?
Quels aménagements, outils ou adaptations ont compté pour vous ? Partagez votre expérience en commentaire : elle pourrait éclairer le chemin d’un·e autre !