Un geste intime et un enjeu politique…Dire qui l’on est vraiment n’a jamais rien d’anodin.
Le coming-out, littéralement « sortir du placard », reste un acte de courage, une mise en lumière de ce qui était jusque-là dissimulé par peur, « honte » ou simple instinct de survie.
On associe généralement ce terme aux parcours LGBTQIA+. Cependant, aujourd’hui, d’autres formes de dévoilement émergent : le coming-out psy, quand on parle de ses troubles psychiques, ou le coming-out handi, quand on décide d’assumer publiquement une condition / un handicap invisible, fluctuant ou stigmatisé.
Pourquoi cela reste-t-il si difficile ? Et comment soutenir celles et ceux qui franchissent ce pas ?

Le coming-out LGBTQIA+ : racines d’un mot, héritage d’une lutte

L’expression coming out vient  donc du monde anglophone.
Avant les années 1970, « to come out » signifiait « entrer » dans une communauté : coming out into the gay world. En miroir, l’expression « in the closet » (au placard) désignait le secret imposé par la norme hétérosexuelle.
Dans les années 70, l’expression complète to come out of the closet s’impose : il s’agit alors de révéler publiquement son orientation sexuelle ou romantique ou bien son identité de genre.

Personne handi et queer

Le coming-out est donc à la fois une libération intime et un geste politique. Il n’existe pas pour les personnes cis-hétéro (être cisgenre = Personne en adéquation avec le genre qui lui a été assigné à la naissance). Les personnes cis-hétéro n’ont pas à justifier qui elles sont.
 
De plus, le coming-out n’est jamais unique et « une bonne fois pour toutes » : chaque nouvel environnement, travail, études, famille, cercle amical, oblige souvent à le refaire. Parfois volontaire, parfois forcé (outing), parfois dangereux.

Ce parallèle est essentiel : il montre que le besoin de dire et la difficulté de dire concernent toutes les réalités minorisées et particulièrement, dans cette forme, les minorités invisibles ou invisibilisées.

Du placard à l’open space : le coming-out psy

Les maladies psychiques et les troubles de santé mentale restent parmi les plus tabous.
Dépression, trouble bipolaire, anxiété sévère, TDAH, autisme, hypersensibilité… Ces réalités concernent des millions de personnes, mais le silence domine.

3 personne au travail discutant santé mentale

« J’avais peur que mes amis partent en courant », témoignait Nicolas Demorand lorsqu’il a révélé publiquement sa bipolarité. Et combien d’autres ont attendu d’avoir « fait leurs preuves » au travail avant d’oser dire « je suis concerné·e » ?

Le coming-out psy, c’est dévoiler une vulnérabilité dans un monde qui valorise la performance, la productivité et la disponibilité constante.
Dans un entretien, une cadre raconte :

J’ai attendu deux ans avant de parler de ma dépression à mes collègues. J’avais peur que cela compromette mes projets. Quand j’en ai parlé, plusieurs m’ont dit qu’eux aussi avaient traversé la même chose, mais qu’ils n’avaient jamais osé le dire.

Le problème n’est pas tant le trouble que le regard social. Le risque d’être réduit·e à un diagnostic, d’être jugé instable, fragile ou inapte reste omniprésent·e.

Handicaps invisibles, fluctuants, ou tabous : quand en parler devient vital

Le coming-out handi recouvre toutes ces réalités que la société ne « voit » pas : douleurs chroniques, maladies auto-immunes, troubles neurologiques ou sensoriels discrets, fatigue invalidante, sclérose en plaques, diabète …

Dire qu’on est concerné·e, c’est expliquer pourquoi on refuse un resto trop bruyant, pourquoi on ne peut pas travailler quarante heures par semaine, pourquoi on a besoin d’un temps de repos ou d’un aménagement spécifique.
Mais c’est aussi affronter la suspicion « tu exagères », « mais tu n’as pas l’air malade », la minimisation « tout le monde est fatigué », ou la peur de l’étiquette « pas fiable », « compliqué·e ».

Personne en souffrance au travail

Beaucoup choisissent donc le silence, au prix d’une double peine : gérer la condition et gérer le secret.

Cette lourde tâche de la discrétion accroît les risque d’épuisement, qu’il soit professionnel (brun-out) ou personnel.

Pour les personnes avec un handicap fluctuant (un handicap qui, en fonction des jours, des semaines, des mois, de la fatigue ou de l’affection aura un impact différent), le regard de la société et la justification permanente est un lourd fardeau.

Intersectionnalité : quand les placards s’additionnent

Pour les personnes concernées par plusieurs discriminations, le coming-out devient un parcours d’obstacles démultiplié.

Une personne queer et handi peut devoir expliquer son orientation, son identité de genre et son trouble psy ou son handicap invisible.
Chaque sphère de vie exige de nouvelles négociations.
Un témoignage d’une militante queer autiste le résume ainsi :

Personne queer

« Je n’ai jamais vraiment fini de faire mon coming-out. À chaque nouveau boulot, à chaque nouveau groupe d’ami·e·s, je dois réexpliquer, redéfinir, justifier. C’est épuisant. »

L’intersectionnalité montre que ces vécus ne s’ajoutent pas seulement, ils s’entrecroisent pour produire des expériences uniques d’exclusion, mais aussi de résilience.

Une solidarité qui ne laisse personne sur le carreau ne peut pas être à géométrie variable.
L’inclusion est une priorité pour toutes et tous et partout. Une inclusion qui accueille, protège, soutient et favorise l’équité de façon universelle en respectant les réalités spécifiques propres à chacun·e dans le respect de son vécu, sa volonté, son identité et ses capacités.

Pourquoi c’est si compliqué ?

Le poids du silence tient à plusieurs facteurs.
Il y a d’abord le stigmate, cette peur d’être réduit à « un problème ».
Il y a ensuite la méconnaissance : notre société reste pauvre en informations fiables sur les troubles psy et les handicaps invisibles.
S’ajoute le risque très concret d’être discriminé·e, écarté·e d’une promotion, ou mis de côté dans sa vie sociale.

personne semblant angoissée au travail


Enfin, il faut tenir compte de la répétition : le coming-out n’est pas un moment héroïque unique, c’est une série de micro-dévoilements, souvent contraints, dans des environnements plus ou moins sûrs.

Soutenir, c’est transformer le regard, partager la charge

Alors, que faire en tant que proches, collègues, société ?
Le premier geste est d’écouter, vraiment, sans juger ni minimiser.
Il faut aussi respecter la confidentialité, car un coming-out n’appartient pas à tout le monde.
Ensuite, il s’agit d’adapter sans attendre, en mettant en place des aménagements au travail ou en respectant un besoin de repos, d’aménagements, de calme, etc.
Enfin, donner de la visibilité à ces réalités, en partageant des témoignages ou en montrant qu’elles existent, permet de briser l’isolement.

Personne parlant de sa santé mentale (coming out psy) au travail

Un coming-out psy/handi ne devrait pas être un saut dans le vide, mais une traversée accompagnée. Et Hop’Toys sera toujours aux côtés de celles et ceux qui feront cette traversée.

Et après ? Construire une société sans placard

Le but est de détabouiser (supprimer le caractère tabou) les sujets liés aux handicaps et à la santé mentale.
Être suivi par un·e psy devrait être une situation à normaliser et valoriser. Vivre avec un handicap ne devrait pas être un poids. Cela devrait être une composante dont la société doit avoir concience pour que cela soit le plus léger possible.

Personne s'étirant au travail


Dans une société inclusive, on n’aurait plus à se justifier pour demander un temps de repos. On n’aurait plus à cacher ses troubles par peur de perdre son travail. On n’aurait plus besoin de « révéler » son autisme ou sa bipolarité pour être pris·e au sérieux. Et surtout, en parler ne devrait pas exposer à quelque risque que ce soit 

Le véritable objectif n’est pas de forcer chacun·e à se livrer, mais de créer un environnement où ce dévoilement n’a plus besoin d’être un acte héroïque.

On est ensemble ! Que la honte change de camp !

Le coming-out, qu’il soit queer, psy ou handi, met toujours en lumière le même mécanisme : ce n’est pas la personne qui pose problème, mais le regard de la société.

En sortir, ce n’est pas seulement un choix individuel, c’est une responsabilité collective. Déconstruire les stigmates, transformer les institutions, favoriser des environnements sûrs et véritablement inclusifs.

3 personnes dont une avec un casque audio au travail collaborant

Et pendant que le monde change, une chose est sûre : chaque personne qui ose dire, chaque personne qui écoute et soutient, fait avancer l’ensemble de la société vers plus de dignité, de liberté et d’inclusion.

Hop’Toys réitère son soutien à toutes les personnes discriminées et œuvre quotidiennement à rendre la société plus juste et faisant tomber les barrières de l’exclusion !

Responsable éditorial chez Hop'Toys - Œuvrer pour l'inclusion parce que la société, c'est toi, c'est moi, c'est nous !

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