Chez Hop’Toys, nous aimons vous faire découvrir des profils et des métiers inspirants !
Aujourd’hui, pour aider les enfants, ados et adultes face aux difficultés d’écriture et d’expression écrite, on retrouve une galaxie de professionnel·les tel·les que les ergothérapeutes, les psychomotricien·nes, les graphopédagogues ou encore les orthoptistes et bien d’autres.
Aujourd’hui, c’est justement la graphopédagogie que nous souhaitons vous faire découvrir à travers le profil de Samirra Trari, connue notamment sur les réseaux sociaux sous le pseudonyme d’Ecriture59.

Samirra nous a donc ouvert les portes pour nous parler de son approche. De son parcours et partager des astuces et conseils concrets ainsi que ne nombreuses pistes de réflexion.

Pouvez-vous nous parler de votre parcours ? Vous êtes aujourd’hui Graphopédagogue, un métier souvent méconnu du grand public et pourtant si utile.

J’ai travaillé douze ans en milieu Montessori, en tant qu’éducatrice. J’y ai accompagné des enfants neuroatypiques (à besoins éducatifs particuliers) et neurotypiques. Mon fil rouge a toujours été le langage, sous toutes ses formes et la façon dont il s’incarne dans le geste d’écrire.

Tout naturellement je me suis specialisée en graphopédagogie avec un cursus structuré et une pratique supervisée avant d’exercer. J’ai ensuite ouvert le premier cabinet de graphopédagogie du Nord, puis un second. Aujourd’hui, j’accueille les familles près de Lille et dans le Douaisis, non loin d’Arras.

Mon travail consiste à redonner confiance aux enfants et adolescents à travers l’écriture. On ajuste la posture, la prise et la pression pour obtenir une écriture plus soignée et lisible. L’objectif est clair : pouvoir relire ses leçons, ne plus avoir honte d’ouvrir son cahier et pour les collégiens, gagner en vitesse sans douleur. Quand l’écriture cesse d’être un obstacle et redevient un appui, la fierté revient et le plaisir d’apprendre aussi.

petit garçon tenant un crayon en graphopédagogie

Depuis quand exercez-vous et comment avez-vous mis au point votre approche ?

J’enseigne depuis 2009 et j’exerce en graphopédagogie depuis six ans. Mon approche s’est construite autour de trois axes : Montessori pour l’observation fine et le pas-à-pas concret, la graphopédagogie pour la précision du geste graphique (posture, prise, pression, formation des lettres, vitesse) et une lecture authentique de l’enfant : on le rejoint là où il est, on ajuste nos mots, on rallume l’envie et on calme le stress. Tout part de l’enfant, en tant qu’être à part entière. On respecte son rythme, on propose peu d’exercices mais très ciblés et on cherche du progrès utile. C’est ce mélange qui, à mon sens, donne des résultats solides et durables.

Qu’est-ce qui vous a donné envie de vous lancer sur les réseaux ?

Pour être très honnête, il y a six ans, j’avais du mal parce que je ne connaissais pas bien le fonctionnement des réseaux. Mais j’avais vraiment envie de partager la graphopédagogie : aux pros comme aux parents, des astuces simples à appliquer en classe, au cabinet ou à la maison. Quand j’étais éducatrice, je me suis souvent sentie démunie face aux difficultés de certains élèves. J’ai donc voulu rendre tout ça accessible, ludique, avec une touche d’humour. L’idée était aussi de dédramatiser ces difficultés. Forcément, les familles et les pros s’y retrouvent, et on le voit au quotidien.

Cabinet de Samirra Trari

Aujourd’hui, la communauté Ecriture59 s’est construite autour de cette approche. Les abonnés sont friands de repères clairs et utiles au quotidien et je les remercie pour leur confiance. Chaque jour, je partage un peu de moi aussi, je me sens proche de mes abonnés et ça c’est une belle aventure !

Parlez-nous des fiertés / victoires que vous avez eues dans votre métier.

À mes yeux, l’ouverture du second cabinet est une vraie fierté. Le premier était saturé et, pour continuer d’accueillir les familles avec la même exigence, j’ai formé une professeur des écoles, Amélie. Elle a été choisie avec soin, parce qu’elle répondait à toutes mes exigences (et j’en avais… je pense qu’elle sourira en lisant ces mots). Pendant un an, elle a suivi une formation dense et rigoureuse : observation prolongée, pratique encadrée, analyses de cas, échanges réguliers sur chaque séance. Je tenais à ce qu’elle s’immerge complètement dans ma méthode : la démarche, les protocoles, mais aussi et surtout dans la pédagogie que j’ai construite au fil des années : observer finement, ajuster au bon moment, accompagner avec douceur et précision. Aujourd’hui, elle me seconde au quotidien.

Photo compte Insta Ecriture59 "avant/après" sur la tenue du style en graphopédagogie

Et, bien sûr, il y a les victoires de tous les jours. Un enfant qui ouvre son cahier sans baisser les yeux. Un collégien qui relit ses leçons sans s’épuiser.
Ce « je peux y arriver » qu’on entend et qui change tout. Les messages des parents, les retours des enseignants… Ils me rappellent chaque jour pourquoi mon travail a du sens. Merci aux familles et aux professionnels qui nous font confiance et nous recommandent alors : votre soutien est si précieux, un énorme merci !

Quels outils utilisez-vous (Hop’Toys ou non) ?

J’adore votre boutique !
Bien avant d’être graphopédagogue, j’utilisais déjà, en classe Montessori et en formation, vos pots phoniques, par exemple. C’est un vrai chouchou ici : mes deux garçons (aujourd’hui 19 et 15 ans) s’en souviennent encore, objet par objet. Je travaille toujours avec cette boîte au cabinet, notamment avec les élèves de grande section, pour la conscience phonologique. Je la couple aux lettres rugueuses Montessori afin de lier finement le son à la graphie : on entend, on trace, on ancre.

Plus globalement, je reste fidèle à l’esprit Montessori : beaucoup de jeux sensoriels pour engager le corps, la main et l’attention.
Dans ma méthode de graphopédagogie, l’enfant apprend par le jeu et c’est précieux, particulièrement pour les enfants neuroatypiques. J’utilise aussi des outils de motricité fine et de mobilité des doigts (pâtes de modelage, activités de pincette…) ainsi que des crayons ergonomiques à trois faces pour stabiliser la prise.

Crayon ergonomique utile en graphopédagogie

J’intègre également le “8 en bois” (forme de l’infini) : c’est un outil précieux pour aider les enfants à visualiser le temps qui passe et à mieux gérer leur concentration. Je le trouve presque indispensable.
Et prochainement, je vais tester vos outils “anti-stress”. Je suis convaincue qu’ils peuvent aider plusieurs de mes élèves à réguler l’attention et la pression.



Quelles astuces conseillez-vous à des enfants qui rencontreraient des difficultés d’écriture ? Des choses à mettre en place en amont d’une éventuelle consultation ?

Concrètement, voilà ce que je recommande :


Avant 3 ans : manipuler, toucher, explorer

En petite enfance, on mise sur la manipulation et l’exploration. Proposez des blocs de construction de grande taille, vos panneaux sensoriels, des bacs tactiles. L’exploration par le toucher : c’est d’ailleurs comme ça qu’on apprend à tracer au cabinet : lettres rugueuses, sable, chemins tactiles. Pourquoi c’est essentiel pour l’écriture ? Parce que ces explorations nourrissent la motricité fine, la coordination œil-main et les sensations fines au bout des doigts : l’enfant construit des repères corporels qui préparent à la prise du crayon et au tracé des lettres.

En maternelle (et même en élémentaire) : installer la posture

En graphopédagogie, on dit que la posture s’apprend. Pieds au sol, bassin stable, épaules relâchées, cahier légèrement incliné, main non-scriptrice qui tient la feuille : ces réglages simples changent tout. On explique donc à l’enfant pourquoi c’est utile (mieux voir, moins se fatiguer, écrire plus droit). Et on s’adapte aux profils : un élève TDA/H pourra bénéficier d’un coussin d’assise ergonomique/dynamique pour bouger « juste ce qu’il faut » et rester disponible.

Travailler la mobilité des doigts

Avant de « tenir » mieux, on fait bouger mieux. Je recommande le poinçonnage (excellent pour la pince), la pâte à modeler, les activités de pincette et d’enfilage de perles, en bref tout ce qui fait travailler principalement pouce, index et majeur. Un produit qui répond très bien à cet objectif chez vous : le Mandala Stone. L’enfant utilise précisément ces trois doigts pour attraper la bille et composer un modèle coloré sur le socle : contrôle de la pression, dissociation des doigts, concentration… on coche beaucoup de cases utiles pour l’écriture.

Utile en graphopédagogie, le Mandala Stone

Et enfin, travailler la tenue du crayon avec un outil qui aide vraiment.

Quand vient la question du « comment je tiens mon crayon », le choix de l’outil compte. Au cabinet, nous utilisons le grip triangulaire, donc à trois faces : l’enfant place naturellement ses doigts et il est doté d’un système antidérapant.

Pour que toutes ces activités portent vraiment leurs fruits, on les inscrit dans un cadre simple et régulier :

On s’installe sur un rituel court : 5 à 10 minutes, 4 à 5 fois par semaine. On reprend ce qu’on a posé plus haut : posture (assis stable, feuille bien placée), mobilité des doigts (poinçonnage, pâte à modeler, petites prises), puis tenue du crayon avec le bon outil. Et surtout, on encourage !
On croit en l’enfant, sincèrement. Un enfant ressent tout : on ne triche pas avec lui, il le voit, il le sent. On valorise chaque pas en avant, aussi petit soit-il. C’est comme ça que la confiance s’installe et que l’écriture progresse.
La rééducation n’est pas toujours nécessaire : parfois, ces petits réglages suffisent.
Si, malgré tout, la douleur persiste, que la fatigue arrive très vite, que l’enfant refuse d’écrire ou que la lisibilité n’évolue pas, c’est le signe qu’un accompagnement en graphopédagogie peut être utile.

Vous proposez également des formations pour partager vos savoir et méthodes, dîtes-nous en plus.

Oui. Depuis des années, j’interviens en présentiel dans les écoles, associations et centres sociaux, auprès de professionnels mais aussi de parents qui veulent des outils éprouvés, immédiatement transférables en classe, au cabinet ou à la maison. Mes formats vont de l’atelier court à la journée pédagogique, avec des repères clairs, des mises en situation et un accompagnement très concret.

Comme la communauté a grandi, j’ai reçu de nombreuses demandes hors de ma région et à l’international (Belgique, Suisse, Outre-mer, Maroc…). J’ai donc développé des formations en ligne. Elles offrent un parcours structuré, des activités pas à pas et un accès fidèle à ma pédagogie (la graphopédagogie), pour celles et ceux qui ne peuvent pas se déplacer.

C’est aussi une fierté : concevoir l’e-learning m’a demandé un vrai travail de fond. Aujourd’hui, je vois des professionnels et des parents, aux quatre coins du monde, mettre ces outils en œuvre et obtenir des résultats tangibles.
Encore cet après-midi, une enseignante belge qui enseigne à Rabat, au Maroc, me confiait à quel point son équipe peut désormais aider des élèves ayant une tenue de crayon défaillante.

C’est là que le travail prend toute sa valeur !

On retrouve, sur votre page Insta, beaucoup de témoignages très touchants, pensez-vous qu’on a tendance à minimiser l’importance de l’écriture sur la confiance en soi d’un enfant ?


Oui, et je le constate chaque jour au cabinet. Beaucoup d’enfants arrivent convaincus que “bien écrire, c’est pour les meilleurs”. Certains n’osent même pas ouvrir leurs cahiers devant un camarade ou les tendent à l’enseignant en s’excusant.

La clé, c’est d’abord de croire en l’enfant. Vraiment. Un enfant le sent immédiatement : dans le regard, dans la voix, dans la manière d’accompagner sa main. Quand il se sait porté, il ose.
Ensuite, on pose un cadre simple et structuré : posture installée, prise et pression ajustées, rituels courts et réguliers. Et on valorise chaque petite victoire (lignes plus droites, lettres mieux formées, pression mieux dosée). Sa page se transforme sous ses yeux ; il peut relire, être compris, suivre le rythme. Très vite, la tête se relève.

Petite fille tenant un crayon

La technique compte, bien sûr, mais c’est la confiance donnée : sincère et constante, qui fait tout basculer. Quand l’écriture redevient un appui au lieu d’un obstacle, l’enfant retrouve sa place. Et ça change tout.


Une anecdote à ajouter, un message à faire passer en complément de tout ça ?

À vous, professionnels et parents.

Croyez en vous. Vous avez plus de ressources que vous ne le pensez. Vos mots, votre regard, votre façon d’accompagner peuvent déjà changer une journée d’école ou un soir de devoirs. On n’a pas besoin de tout réinventer : quelques réglages, répétés avec douceur et constance, déplacent des montagnes.

Et évidemment, croyons aussi en l’enfant. Il sent notre confiance, il la voit, il la reçoit. Et quand il se sait porté, il ose, il progresse, il relève la tête.

Si vous cherchez des repères concrets sur l’écriture, la motivation ou la confiance, vous alors êtes les bienvenus sur le compte @ecriture59. On y partage des outils qui s’installent tout de suite, sans dramatiser, avec exigence et bienveillance.
Quand l’écriture redevient un appui, l’enfant retrouve sa place et tout le reste suit.

Hop’Toys remercie infiniment Samirra Trari pour ce témoignage et cet échange riche en enseignements !
Passez lui faire « coucou » sur les réseaux sociaux et n’hésitez pas à prendre contact avec elle !

Responsable éditorial chez Hop'Toys - Œuvrer pour l'inclusion parce que la société, c'est toi, c'est moi, c'est nous !

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