Sous le symbole de la journée mondiale de la paix, je vous propose d’embarquer avec moi dans une nouvelle réflexion… Dans cette réalité sociétale où l’agressivité ne cesse de croitre, je pense qu’il est primordial de se poser des questions : Comment l’enfant, très jeune, peut développer ses capacités relationnelles ? Comment amener le jeune enfant, adulte de demain, à créer un futur de paix… ? Et si le conflit pouvait amener à une relation de coopération et d’entraide … Amélie Estienne, éducatrice de jeunes enfants et formatrice en petite enfance, nous parle de conflit, de paix et du potentiel relationnel des enfants.

Le conflit et… nos croyances

Le conflit entre enfants est souvent redouté de l’adulte, car vu comme négatif. Or, il est non seulement inhérent à l’être humain, mais il est aussi fondamentalement utile pour la construction d’un « moi » , puis d’un « nous ».

Le conflit est simplement une divergence de point de vue qui, si associée, peut être complémentaire.

En tant qu’accompagnants de jeunes enfants, nous ne pouvons pas véhiculer un message positif autour des relations de conflits, si nous sommes nous-mêmes dans la conviction que le conflit est destructeur. Pour commencer, un travail sur nos croyances est donc FONDAMENTAL. Une fois cette prise de conscience faite, nous pouvons déplacer nos objectifs : ne plus limiter le conflit entre enfants, mais bien leur permettre de développer des capacités relationnelles à travers ces FORMIDABLES expériences.

Une autre croyance freine, je pense, notre accompagnement. Celle de penser qu’il est normal que, avant 3 ans, l’enfant est en incapacité (partielle) de prendre en considération l’autre, de par sa phase égocentrique. Il est vrai de dire que cette phase existe bien sûr, mais je pense qu’il est limitant de la rattacher à un âge… En effet, j’ai eu la chance de pousser mes propres croyances au-delà de mes connaissances théoriques, en testant moi-même des approches sur mes jumeaux, des expériences d’autonomie dans la résolution de conflits dès… 15 mois.

Deux enfants sourient et jouent en paix

Alors, attention au travers de nos paroles. « C’est normal… il n’a pas l’âge de gérer les conflits…  ». Gardons en tête que chaque enfant a ce potentiel relationnel en lui, qui ne demande qu’à être nourri pour grandir !

Pour que le conflit soit une expérience réussie, il doit mener à une situation de gagnant-gagnant, où chaque enfant trouve un intérêt et que la place de chacun soit respectée. Quel programme n’est-ce pas !

Les intérêts éducatifs dans tout ça…

À travers le conflit, l’enfant travaille son sens de l’observation de l’autre et de la situation, l’identification des émotions de l’autre, sa capacité d’adaptation, son autonomie relationnelle, sa confiance en lui… et en l’autre !

Côté professionnel, le fait d’accompagner dès le plus jeune âge vers les réflexes relationnels menant à une situation de gagnant-gagnant produit un soulagement organisationnel, du fait de l’autonomie qui s’accroit chez le jeune enfant.

Et en pratique, ça donne quoi ?

Au travers des situations de conflits récurrents

Vous pouvez partir de vos observations pour renforcer les relations gagnant-gagnant entre enfants. En effet, si vous identifiez l’intérêt du moment de l’enfant, votre accompagnement fera davantage sens en termes d’apprentissages chez l’enfant. Voici quelques exemples concrets :

  • Un enfant qui passerait son temps à « piquer » les doudous des autres : Lui donner une place d’allié, où il pourrait faire la distribution des doudous pour la sieste.
  • Un enfant qui prend un malin plaisir à échanger les chaussures d’un casier à l’autre : Lui donner la responsabilité d’aider les plus jeune à se chausser (ouverture sur la réelle fonctionnalité des chaussures)
  • Ou un bébé qui adore tester toutes les tétines : Le faire participer au nettoyage et à la distribution ou rangement des tétines dans la boîte.

Par ces actions, l’enfant prend une place d’acteur où il découvre le « pouvoir » de faire plaisir à l’autre, et l’autre enfant de voir le premier comme un allié.

Un enfant serre une peluche dans ses bras

Au travers des actes de la vie courante

Utilisez des moments de la journée pour susciter le questionnement et la résolution de problématique chez l’enfant :

  • Durant le repas, présentez une grappe de raisin à un seul enfant de la table et rien aux autres. Par le regard, l’adulte montre qu’il y a un problème, pointe les emplacements vides devant les enfants. La verbalisation peut venir compléter au besoin : « Comment on peut faire pour que tout le monde ait du raisin ? ».
  • Durant le temps calme, où tous les enfants ont un coussin sauf un enfant… Laissez-vous guider par les enfants qui n’auront peut-être pas la même solution que vous mais, du moment que la relation gagnant-gagnant est là, c’est bon !

Dans les activités

Je vous propose cette activité « Partag’ON », à proposer avec un groupe d’âge mélangé, de 18 mois à 4 ans. C’est une activité à faire autant en établissement d’accueil que pour un accueil à domicile !

Fiche activité : L'enfant, au cœur d'un avenir de paix


Téléchargez la fiche d'activité en format A4

Une parenthèse ici, tellement importante… c’est dans la répétition des expériences relationnelles que l’enfant apprend ! On ne le dira jamais assez ! Ayant moi-même été noyée dans mon quotidien d’accompagnante auprès des enfants, je sais à quel point on peut en oublier nos nouvelles approches pédagogiques … Pour y remédier, le projet pédagogique autour de cela peut garantir la régularité de vos actions menées. Et pourquoi pas, si vous êtes en crèche ou MAM, penser à une référente pédagogique nommée pour mener durablement ce projet !

Un coup de pouce pour certains enfants ?

Quand il s’agit d’accueillir un enfant en situation de handicap intellectuel, il faut redoubler d’attention. Pour repérer ses réactions, comportements, tenir compte de ses difficultés, peurs ou « petites manies » afin d’adopter les bonnes attitudes. Toujours repérer la motivation de l’enfant, au même titre qu’un autre.

Les enfants avec handicap intellectuel ne vont pas forcément imiter spontanément. Chez un enfant neurotypique, les neurones miroirs jouent un rôle important dans ce processus. Il peut être nécessaire de le guider physiquement à réaliser un geste, en se positionnant derrière lui, en le guidant à toucher et explorer l’environnement

Utiliser son « jouet fétiche » pour soutenir la relation à l’autre, le positionner à hauteur de nos yeux ou des yeux de l’autre enfant avec qui on souhaite créer une interaction. Cette compétence sera indispensable pour le développement des interactions sociales et des jeux sociaux.

Cet accompagnement relationnel est donc une double priorité pour ces enfants !

Il y a donc, de manière générale, un besoin urgent de contrebalancer cette tendance en ancrant dès le plus jeune âge des automatismes de relations de paix, en passant par la coopération, l’entraide. Plus l’enfant expérimentera les relations gagnant-gagnant, plus il lui sera « normal » d’être ainsi avec les autres. Attention à nos croyances, qui sont parfois limitantes et empêchent l’évolution possible de l’enfant. 

Laissons-nous surprendre ! Le potentiel NATUREL de l’enfant ne demande qu’à être nourri pour enrichir cette relation de paix… Alors, prêt à démarrer (ou poursuivre) cette nouvelle approche ?

>> Téléchargez aussi : « 5 étapes pour résoudre un conflit »


Amélie Estienne

Hello tout le monde ! Moi, c’est Amélie ESTIENNE, je suis mariée et maman de jumeaux. Je suis également éducatrice de jeunes enfants depuis 13 ans, formatrice et coach parental. J’ai été formée entre autres à la CNV (Communication Non Violente), à la pédagogie Montessori et au management.

Céline est chargée de webmarketing et communication chez Hop'Toys. Fondue de cinéma et mordue d'écriture.

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