L’erreur est une étape primordiale et nécessaire pour tout apprentissage et à tout âge de la vie. Elle permet de favoriser l’autonomie ainsi que la confiance en soi. « Un enfant qui se trompe deviendra un adulte qui se fait confiance ». C’est ce que nous explique Clémentine Ladreyt, ergothérapeute, dans cet article.

L’importance de l’erreur pour le développement des tout-petits

Lorsqu’un enfant apprend à marcher, il tombe avant de courir. En réalité, lors de son apprentissage, il va d’abord tester son équilibre en se sécurisant, souvent grâce à un appui stable. S’il lâche ce dernier, il risque de tomber, alors, avec un peu d’encouragement, il va se relever et réajuster la position de son corps. Dès lors, il sera plus stable, il va rester debout sans appui puis essayer d’avancer une jambe, et de tomber à nouveau. Le schéma d’apprentissage se répète alors, il va recommencer, se souvenir de comment s’installer en position de départ (debout sans appui extérieur) et réajuster sa position pour pouvoir avancer une jambe sans perdre l’équilibre. Et puis bientôt, il traversera le salon en courant. 

Pour tous les apprentissages, le schéma est identique. Par exemple, au niveau du langage : un enfant dira « pestacle », car la prononciation est plus facile. L’adulte va corriger une ou plusieurs fois. Il répétera le mot avec l’erreur de prononciation, mais va s’autocorriger. Puis, après quelques essais et expérimentations, il ne fera plus l’erreur de prononciation et dira « spectacle » de manière spontanée. 

Pourquoi les laisser expérimenter et se tromper ?

Résoudre une erreur permet l’apprentissage et lui donne du sens

Un enfant à besoin d’expérimenter pour devenir un expert dans la fonction qu’il est en train d’acquérir. L’exécution d’une tâche demande un apprentissage qui n’est pas inné. Il faut que l’enfant soit en capacité de stimuler les zones cérébrales qui correspondent et d’activer les neurones nécessaires à l’action. Les réussites encouragent, permettent de prendre confiance et favorisent l’autonomie. Une réussite est d’autant plus valorisante et renforçante lorsqu’elle vient de l’enfant lui-même lors de la correction d’une « erreur ».

Prenons l’exemple de l’alimentation 

Quand un tout petit apprend à manger avec sa cuillère, il va d’abord essayer et ne pas être satisfait car il ne trouvera pas sa bouche. Rapidement, il va laisser tomber l’outil et prendre ses doigts. Au repas suivant, il va réessayer mais la nourriture sera tombée de la cuillère malgré son arrivée en bouche. À nouveau, il va reprendre ses doigts car il sera plus satisfait de cette technique. Et enfin, après quelques essais et encouragements, il réussira à atteindre sa bouche avec suffisamment de nourriture et sera satisfait de cette exécution.

Son système nerveux va se souvenir de ce qu’il a mis en place pour arriver à ce niveau de satisfaction et va pouvoir le répéter au repas suivant. Enfin, répéter la tâche à accomplir va permettre de renforcer cet apprentissage. Cependant, si l’adulte était intervenu à chaque étape, la mise en place des connexions seraient plus lente et moins valorisante pour l’enfant. Certaines connexions neuronales auront été sautées. Un peu comme des raccourcis imposés par l’intervention de l’adulte, et le message neurologique ne retrouvera pas si facilement son chemin lors de la prochaine expérimentation.  

des enfants jouent ensemble

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Comment l’erreur agit sur les connexions neuronales ?

On apprend de nos erreurs grâce à la plasticité cérébrale, le cerveau s’adapte et se réajuste

Le système nerveux commande les mouvements, décrypte les messages sensoriels (la vue ou le toucher par exemple) et il permet la mémoire, la pensée, le langage… Il est constitué de nombreux neurones (environ 100 milliards !), qui sont déjà tous présents lors de la naissance d’un enfant. Ces neurones, grâce à des expériences, des tentatives et des essais vont se connecter entre eux pour former des synapses et permettre l’échange d’informations au sein du corps humain. Elles permettent l’apprentissage et l’usage de toutes les fonctions d’un être humain (gestes, mémoire, langage, etc.) 

Les centaines de milliards de connexions synaptiques permettent le fonctionnement du corps humain. Les connexions les plus souvent utilisées vont se renforcer, celles qui seront peu ou pas utilisées vont disparaître. Le système nerveux va finalement conserver les connexions des expériences les plus fréquentes et non pas forcément les plus utiles.

Le réseau synaptique

C’est en réponse aux stimulations extérieures que les neurones se connectent et forment un réseau synaptique suffisamment riche et performant pour que l’enfant puisse accéder aux apprentissages disponibles dans son environnement. 

L’expérimentation, réussie ou erronée, va permettre le développement et la consolidation des synapses dans le cerveau de l’enfant : ce dernier construit sa structure cérébrale dès qu’il explore. C’est pourquoi il est essentiel pour le jeune enfant de tester, de toucher, et de se tromper. Bien que nous ayons une envie profonde de le guider dans l’exécution d’une tâche, n’oublions pas que l’erreur faite va lui permettre de se réajuster et de construire des synapses solides pour la fonction associée. 

Une erreur dans la réalisation d’une tâche va permettre à l’enfant (mais aussi à l’adulte !) de réajuster sa manière de faire et de finalement trouver une solution. Même le fait de réfléchir à comment améliorer l’activité en cours, permet de développer la compétence d’amélioration d’une activité. 

Plus l’enfant va expérimenter et avoir l’occasion de se tromper, plus ses connexions synaptiques seront nombreuses et efficaces. 

Le rôle des parents : quelle posture pour laisser son tout petit faire des erreurs ?

Il est toujours difficile de laisser son enfant se tromper, mais nous venons de voir à quel point cela peut être bénéfique pour lui. Cependant, laisser l’enfant se tromper ne veut pas dire qu’on ne doit pas l’aider à se corriger et l’accompagner dans la découverte des solutions possibles.  Aujourd’hui, on admet que la valorisation de l’enfant est un renforçateur dans les divers apprentissages.  

Alors comment se positionner et aider son enfant qui fait une erreur dans une activité ? On tente de toujours rester dans le positif et la valorisation. On peut questionner l’enfant « est-ce que tu peux me dire pourquoi ça n’a pas fonctionner cette fois-ci ? ». « D’après toi, que pourrais-tu changer pour réussir à faire cela ? ». On l’amène ainsi à réfléchir sur le problème qui est survenu. On l’aide et on l’accompagne à trouver une solution, on initie le geste de réajustement, on explique comment faire. À mon sens, il faut cependant éviter de corriger en portant un jugement. Une erreur n’est pas grave, elle peut généralement être corrigée. « Tu recommences, mais maintenant tu as de l’expérience ». 

Quels sont les bénéfices de l’erreur pour l’enfant ?

L’enfant va pouvoir gagner en confiance, il va comprendre et apprendre que face à une difficulté il est en mesure de trouver des solutions de manière autonome, que la plupart des erreurs peuvent être corrigée. L’enfant sera alors plus enclin à tester de nouvelles expérimentations, il va s’ouvrir et être curieux. Il n’aura pas de crainte à apprendre de nouvelles pratiques, il pourra faire des choix en confiance, en sachant qu’il pourra toujours réajuster sa posture si cela ne convient pas.  

Bref, tu recommences, mais avec de l’expérience. 

Les outils Hop’Toys pour s’exercer à l’erreur

Les jeux de construction

Pixs et blocs de construction naturels

Avec Piks : S’il y a un erreur de positionnement, la tour tombe. Il y a a une obligation de réajuster la construction afin d’atteindre une tour suffisamment haute. Ce jeu de construction unique se compose de plateaux en bois et de trois types de cônes en silicone, de tailles et de couleurs différentes. Les 1001 manières de placer ces plateaux et ces cônes permettent une infinité de possibilités ! Piks est un jeu créé en s’inspirant des recherches pour gérer les troubles de l’attention, de la concentration et de l’hyperactivité (TDAH).

Pour les blocs de construction naturels – branches, apprendre à faire des constructions va permettre de réajuster au niveau de ses erreurs. De plus, lors de promenades, de retrouver ces éléments (les arbres, les branches, les serres de bois), cela va permettre le renforcement de l’apprentissage en dehors de l’activité pure.

Les outils pour mesurer et reconnaître les formes

Rainbow fractions et planche à tourner 

En utilisant les Rainbow fraction: tasses à mesurer x 9 s’il y a une erreur, tout ne rentre pas dans une tasse ou déborde ! On utilise ces tasses pour transvaser des liquides ou des solides et ainsi appréhender concrètement les notions mathématiques. Chaque tasse reprend une fraction de 1 unité à 1/12ème. Intégrez-le dans des ateliers de cuisine pour faire le lien entre les concepts mathématiques et leurs applications au quotidien !

Devoir tourner les éléments pour atteindre la satisfaction avec la planche à tourner ! Le principe est simple, tournez ces formes de manière appropriée afin de les enlever. Le geste effectué développe la dextérité et la précision motrice.

Reconnaître les images ou les formes

Maxi Memory et Géoformes

Après avoir retourné à plusieurs reprises la même image, on arrête de la retourner. Le Maxi-memory endroits du monde est un jeu de mémoire avec des photos de différents monuments du monde. On se souvient où la carte se trouve et lorsqu’on retourne enfin le double on se souvient où elle est. Sans les erreurs du début, on ne se souviendrait pas de sa position. 

Coffret géoformes permet à l’enfant de composer des personnages, des objets et des formes. Pratique avec sa forme en mallette, on l’emmène partout. Avec l’aide des différentes cartes ou au fil de son imagination, l’enfant construit et s’exerce à reproduire les formes.

Exercer sa motricité et son langage

Rivière et imagier objets de la maison

Traverser une rivière sans rivière ? C’est possible avec ce jeu et un peu d’imagination ! Ce jeu Pierres de rivière est un outil ludique permettant de développer la coordination, la maîtrise des mouvements et l’équilibre en s’amusant. Il permet de travailler la motricité globale de l’enfant.

Imagier objets de la maison s’exercer à reconnaître les grandes photographies d’objets de la maison sur fond blanc ! Cela va permettre à l’enfant d’explorer le champ lexical de la vie quotidienne de manière très claire.

>> À lire aussi : L’autodétermination en petite enfance


Clémentine Ladreyt est ergothérapeute depuis 13 ans. Son cabinet libéral est situé au sein de la maison de santé pluriprofessionnelle de Vallon Pont d’Arc, en Ardèche. Elle accompagne principalement des enfants de 0 à 15 ans. Clémentine se spécialise dans les Troubles du Neurodéveloppement (DU en cours). Elle a suivi de nombreuses formations dans l’accompagnement des enfants. Par exemple, Intégration neuro sensorielle, méthode d’apprentissage et de rééducation de l’écriture ou encore en guidance parentale… Elle intervient régulièrement au sein des établissements scolaires.

Elle forme également les enseignants aux troubles neurodéveloppementaux, à leurs conséquences au sein de l’environnement scolaire et aux adaptations possibles.
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Chargée de projet digital

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