Comme pour la marche ou le langage, l’acquisition de la continence est une étape importante du développement de l’enfant. Mais contrairement à ce que certains imaginaires collectifs véhiculent encore, il ne s’agit ni d’un « passage obligé » à date fixe, ni d’une performance à atteindre. C’est un processus progressif, qui dépend de la maturation neurologique, de la perception corporelle, du contexte affectif… et surtout du rythme propre à chaque enfant !

Ce chemin commence lorsque l’enfant commence à prendre conscience de son corps, à identifier certaines sensations internes, à manifester des signes d’envie ou de gêne, à être curieux du pot ou des toilettes. Il ne s’agit pas alors de le « rendre propre » une expression qu’il est temps de questionner mais bien de l’accompagner, à son rythme, dans la conquête d’une nouvelle compétence : reconnaître, anticiper, contrôler, décider.

Le rôle de facilitation

Parents, professionnel·les de la petite enfance, accompagnant·es : notre rôle n’est pas de diriger, encore moins de presser. Il est d’observer, soutenir, proposer un environnement sécurisant et encourageant. Cela implique de faire confiance à l’enfant, de respecter ses tentatives, ses régressions aussi, et de valoriser ses réussites… sans pression.

Et parce qu’un coup de pouce concret peut parfois faire toute la différence, surtout pour les enfants présentant des besoins spécifiques ou un déficit de motivation intrinsèque, nous vous proposons à la fin de cet article un tableau de récompense à télécharger gratuitement. Utilisé de manière souple et bienveillante, il peut devenir un levier ludique d’encouragement.

L’enfant est l’acteur principal de son apprentissage

L’acquisition de la continence repose sur un élément essentiel : la capacité pour l’enfant à contrôler ses sphincters. Donc d’écouter et ressentir son propre corps. Ce développement physiologique se produit généralement autour de 2 ans… mais cette moyenne ne doit jamais devenir une norme rigide. Chaque enfant évolue à son rythme, en fonction de ses besoins, de son environnement, de son histoire corporelle. Il n’y a ni retard, ni avance : juste un parcours unique à accompagner avec respect.

Avant toute chose, l’enfant doit être prêt d’abord physiologiquement, ensuite psychologiquement. Le pousser à franchir cette étape alors qu’il n’est pas prêt, c’est risquer de créer de la confusion, de la honte, ou un blocage durable. L’objectif n’est pas « d’enlever la couche », mais de permettre à l’enfant de comprendre ce qui se passe dans son corps, de sentir qu’il peut agir dessus, et de choisir de le faire. L’enjeu, c’est l’autodétermination, pas la propreté.

Comment savoir si ce moment est venu ? En étant tout simplement attentif·ve à ses signaux. Un enfant qui s’intéresse à ce qui se passe dans sa couche, qui commence à verbaliser des mots comme « pipi » ou « caca », qui manifeste de la gêne lorsqu’il est mouillé, qui montre de l’intérêt pour les sous-vêtements ou qui commence à manipuler seul ses vêtements : tous ces indices montrent qu’il prend conscience de ses sensations internes. Et cette conscience est le premier pas vers la continence.

Observer sans comparer, proposer sans imposer, encourager sans condition : voilà les vrais leviers pour accompagner cet apprentissage en confiance.

>> À lire aussi :  » L’acquisition de la continence chez l’enfant »

L’adulte dans tout ça ?

L’acquisition de la continence n’est pas une compétence à transmettre comme on apprendrait à faire ses lacets ou à compter jusqu’à dix. Ce n’est pas une étape à « enseigner », mais un processus que l’on soutient, que l’on accompagne avec bienveillance. Le rôle de l’adulte n’est pas de contrôler, mais d’instaurer un climat de sécurité, de confiance, dans lequel l’enfant pourra expérimenter, faire des essais, des pauses, des retours en arrière… et progresser à son propre rythme.

C’est dans cet espace de liberté encadrée, soutenue par une posture encourageante, que l’enfant va pouvoir construire sa propre fierté et renforcer son sentiment de compétence. Pour cela, la recette tient en quelques mots simples mais puissants : patience, constance, bonne humeur, et surtout… confiance mutuelle.

Et même si l’enfant est le seul véritable acteur de cette conquête, les adultes qui l’entourent parents, assistant·es maternel·les, professionnel·les de santé ou de la petite enfance peuvent poser des jalons concrets pour suivre les avancées, repérer les signes, valoriser les efforts. De petites astuces, bien pensées et souples, peuvent grandement soutenir ce processus… sans jamais le forcer.

Quelques conseils pour aiguiller l’enfant

• Proposer des livres sur le sujet
• Présenter le pot afin qu’il se familiarise avec et le laisser à sa disposition dans les toilettes.
• Pot ou réducteur de toilettes ? À vous de voir selon les préférences de votre enfant.
• Montrer le pot à des moments clés de la journée : avant le bain, le matin, avant la sieste. S’il refuse, ne pas le forcer au risque de le bloquer.
• Respecter son intimité !
• Laisser les accidents arriver. Cela lui permet de prendre conscience de l’humidité, de l’incofort.
• Utiliser des renforçateurs comme un tableau de récompense ! Cette méthode permet à l’enfant de ressentir de la fierté, de prendre confiance en lui et de le motiver à continuer. Elle est particulièrement adaptée aux profils TSA.

La continence accessible à tous ?

Parfois, malgré tous les accompagnements possibles, malgré les signes d’attention, les encouragements et le temps laissé… la continence ne s’installe pas. Parce que certains enfants, en raison de leur condition, de leur fonctionnement neurodéveloppemental, ou de limitations physiques et cognitives, ne développeront jamais le contrôle volontaire de leurs sphincters. Et cela ne fait pas d’eux des enfants en échec.

Dans ces cas-là, l’enjeu n’est plus l’acquisition de la continence, mais bien l’accès à une vie créative, confortable et pleinement participative. Il s’agit alors d’adapter l’environnement, de proposer des solutions concrètes et respectueuses : vêtements, sous-vêtements, maillots pensés pour absorber les fuites tout en restant discrets, confortables, valorisants et beaux !

Ces dispositifs ne sont pas de simples « aides techniques » : ce sont des leviers d’inclusion. Ils permettent aux personnes concernées de continuer à vivre pleinement leurs loisirs, leurs baignades, leurs moments de jeu collectif, sans honte ni isolement. Ils protègent des regards, tout en respectant l’intimité. Car ce qui compte, ce n’est pas de « faire comme les autres », mais d’avoir les moyens de faire avec les autres, à sa manière.

Pourquoi utiliser un renforçateur ?

Dans un cadre éducatif, une récompense n’est pas un simple « bonus » pour bons comportements : c’est une réponse positive, pensée pour encourager l’émergence ou la répétition d’un comportement attendu. En analyse appliquée du comportement (ABA), on parle plus précisément de renforçateurs. Cela est particulièrement pertinent auprès de certains enfants TSA.
Le principe est simple : lorsqu’on souhaite augmenter la probabilité qu’un comportement se reproduise, on le renforce, en permettant à l’enfant d’accéder à quelque chose qu’il perçoit comme agréable.

Un renforçateur peut prendre des formes très variées : un autocollant, une petite activité ludique, un moment privilégié, une chanson préférée, un compliment chaleureux, un bonbon… Ce qui compte, c’est qu’il ait du sens pour l’enfant, qu’il soit motivant, désirable, et perçu comme spécial. Il ne s’agit pas de « conditionner » mais de soutenir la motivation, la persévérance, la fierté du progrès accompli.

Dans cette optique, nous avons conçu un tableau de récompense nominatif, que l’enfant pourra s’approprier : en y collant sa photo, en tamponnant, cochant ou dessinant à chaque réussite. Ce tableau peut être plastifié pour un usage durable — à la maison, à l’école, chez l’assistant·e maternel·le — et devenir un véritable support de dialogue, de valorisation et de progression.

Loin d’être un outil de contrôle, ce tableau est un levier d’encouragement, qui permet à l’enfant de visualiser son chemin, de célébrer ses réussites, et surtout… de se sentir acteur de son aventure.

Tableau de récompense à télécharger gratuitement 

Et vous, quelles sont les expériences que vous souhaitez partager ?
Ecrivez-nous en commentaire, nous vous lirons avec attention !

^{Article faisant partie de la collection été 2025 ayant bénéficié d’une mise à jour à cette occasion !}

Ces articles pourraient aussi vous intéresser :

Intervention précoce chez le tout-petit avec autisme Mon tableau de choix Semaine de la petite enfance : 6 ans de partenariat