L’association AMD-Fraternité en actes s’appuie sur les valeurs de Michel Dinet décédé en 2014 qui avait une éthique très forte autour de la fraternité. En l’honneur de sa mémoire l’association fonde ses actions sur ses valeurs : sens de l’engagement, fraternité, éducation, créativité, transmission, partage du savoir… Parmi ses nombreuses missions l’association a créé depuis 4 ans le projet « Ensemble on tourne », projet qui rassemble des élèves et des professeurs autour d’une thématique commune. On vous en dit un peu plus dans cet article.

Objectif et projets de l’association

L’objectif de l’association est de toucher des jeunes publics pour les sensibiliser autour de la valeur fondamentale qui était celle de Michel Dinet, la fraternité. Pour cela l’association mène à bien plusieurs projets dont le kiosque de la fraternité qui est un lieu dans lequel les enfants sont amenés à discuter, échanger, et à partager les valeurs autour de la fraternité. L’autre projet est « Ensemble on tourne » dont la 4ème édition se déroule cette année. « Ensemble on tourne » c’est un projet qui propose à des écoles du département de Meurthe et Moselle de concevoir des vidéos d’1min30 sur un thème autour de la fraternité. Cette année le thème est « Moi, c’est l’autre ». L’association apporte également un soutien financier pour le déplacements des écoles lors de la remise des prix et une aide technique à des écoles qui en font la demande pour la création de leur vidéo.

Ce projet va occuper les classes pendant plusieurs mois, car le lancement de la proposition auprès des classes se fait en automne. Par la suite si elles veulent participer les classes doivent renvoyer la réponse en janvier. La remise des vidéos se fait début Mars et le jury remet les trophées aux école en juin. A savoir que toutes les écoles sont récompensées, ce n’est pas un concours pour élire la meilleure vidéo mais simplement pour mettre en avant toutes les initiatives de toutes les écoles. Sur la page Facebook Fraternité en acte les personnes peuvent voter pour leur vidéo préférée, la vidéo ayant le plus de vote recevra le prix du public. Il y a aussi un jury qui va distribué le prix du jury, et les écoles, collèges et lycées peuvent également distribué un prix.

Le développement d’Ensemble on tourne

Pour le moment le projet « Ensemble on tourne » n’est proposé que dans le département de Meurthe et Moselle, un des objectifs est de se faire connaître davantage afin de pouvoir faire migrer le projet sur d’autres lieux et proposer à d’autres écoles de participer au projet. Les partenaires du projet sont tout d’abord l’éducation nationale, la MAIF et la MGEN qui soutiennent financièrement l’association ainsi que des villes qui avaient donné le nom de Michel Dinet à un lieu. Ces villes ont signé une charte qui les invite à accompagner certaines des actions de l’association.

Les thèmes d’Ensemble on tourne sont amenés à changer chaque année, jusqu’à présent le thème était « Ensemble pour une oeuvre commune » un thème qui est resté en place pendant 2 ans, cependant les classes qui avaient déjà participé se retrouvaient un peu limitée du fait que le thème soit le même c’est donc pour cela que chaque année un nouveau thème toujours autour des valeurs de solidarité, fraternité, respect sera mis en place. De plus, sur le site de fraternité en place, un espace appelé laboratoire de la fraternité sera mis en place. Cet espace regroupera toutes les ressources nécessaires à la participation d’Ensemble on tourne, des documents pédagogiques pour les professeurs afin de les guider pour les prochaines éditions, et également les vidéos des anciennes éditions qui seront visionnables.

L’histoire de LILOU, une des vidéo créé par l’école Louise Michel située à Longuyon

Nous avons interviewé Lou, une maîtresse qui a participé au projet « Ensemble on tourne » afin de savoir comment elle a réalisé la vidéo LILOU.

Comment vous est venue cette idée pour la vidéo ?

Les écoles de mon département ont reçu une proposition de la part de l’association AMD (http://micheldinet-asso.fr/ensemble-on-tourne/), afin de participer au projet ENSEMBLE, ON TOURNE. Les classes étaient invitées à concevoir une vidéo de 1min30 sur le thème « Moi, c’est l’autre ».
J’ai tout de suite senti ma classe concernée par ce thème, étant donné que mes élèves se posent beaucoup de questions sur eux et sur ceux qu’ils appellent « les autres » (les enfants des classes ordinaires de notre école).
Cette vidéo était donc l’occasion de comprendre un peu mieux ce qu’est le « moi », et ceux que sont « les autres ». Mon but était de leur faire prendre conscience que certes, il y a des différences qui font que certains sont en cursus ordinaires et d’autres en classe spécialisées, mais que tous les enfants de l’école ont un point commun : ils sont tous des enfants et peuvent travailler ensemble, avec leurs différences.

Comment avez-vous pu réaliser cette vidéo ?

Avec les dessins des élèves, les arrières plans dessinés par VectorPouch, sur le site libre de droit Freepik et les musiques libres de droits de la bibliothèque Youtube. J’ai réalisé le montage, seule, avec le logiciel Imovie sur Mac.

Comment les enfants ont-ils participé ? 

1) Lilou, avant son arrivée dans le dispositif ULIS

Tout à commencé à partir d’une simple phrase : Parlez-moi de votre ancienne école.  J’ai laissé mes 6 élèves parler librement, et j’ai noté au tableau tout ce qu’ils me disaient.  A savoir qu’une 7ème élève a participé, actuellement en classe de CE2, elle vient en ULIS ponctuellement car elle est en très grand échec retard scolaire. 5 élèves sur 6 disent avoir subi des moqueries sur leur « intelligence », et ont été plusieurs fois exclus des jeux en raison de leurs difficultés scolaires (ex : tu ne sais pas lire donc tu ne peux pas jouer avec nous).

Voici quelques phrases notées au tableau :

– Les autres étaient insupportables (vécu par 2 enfants)

– Tous les élèves étaient méchants (vécu par 5 enfants)

– Ils se moquaient de moi (vécu par tous les enfants)

– Ils me disaient que je suis bête (vécu par 5 enfants)

– Quand ils se moquaient, je les tapais (vécu par 2 enfants)

J’ai décidé de ne pas parler directement de mes élèves dans la vidéo car je voulais qu’ils puissent prendre de la distance avec leur vécu personnel. Ce sont des moments très sensibles de leur vie, et le passage par un personnage intermédiaire leur permet d’en parler sans se sentir complètement impliqué.  Je leur ai proposé de sélectionner certaines phrases et de les ressembler au sein d’un personnage que nous allions inventer. Après un vote, nous avons choisi Lilou.

Ce qui est curieux, c’est que j’ai relu toute les phrases écrites au tableau en ajoutant le prénom Lilou (Ex :  « Tous les élèves étaient méchants avec Lilou », « Ils lui disaient qu’elle est bête » ect). Mes élèves ont été très choqués. Ils ont tous eu beaucoup de peine pour Lilou et ils m’ont même dit qu’ils n’aimeraient pas être à leur place.  A partir de ce moment, j’ai compris que je ne pourrai pas parler directement d’eux dans cette vidéo, que Lilou serait vraiment une alternative nécessaire pour leur faire parler de leur histoire. Nous avons ensuite créé Lilou. Nous lui avons choisi un visage, des cheveux, des vêtements… Nous avons sélectionné les phrases que nous voulions faire apparaître dans la vidéo.  Chacun a dessiné Lilou, et pour chaque partie de la vidéo, nous avons voté pour le « meilleur » dessin.

2) Lilou et le dispositif ULIS

Au fil des semaines, les élèves se sont attachés à Lilou. Ils en parlaient souvent en classe. Ils y faisaient référence quand ils n’arrivaient pas à lire, par exemple. Certains ont fini par croire qu’elle existait vraiment.  Je leur ai donc proposé de venir en aide à cette petite fille.  C’est alors qu’ils ont proposé de l’inviter en ULIS.  Nous avons donc réfléchi au cheminement nécessaire pour qu’un enfant entre en ULIS. C’est ainsi que le maître a proposé aux parents de Lilou d’intégrer le dispositif ULIS.

J’ai expliqué aux enfants que les parents de Lilou étaient d’accord pour qu’elle vienne en ULIS.  Je leur ai demandé comment ils allaient l’accueillir et comment on pouvait l’aider.  C’est à ce moment-là que j’ai compris que le travail allait être long.  Mes élèves ont tout de suite dit qu’ils se moqueraient d’elle, qu’ils la frapperaient, qu’ils lui feraient subir ce qu’ils ont vécu, car elle ne sait pas lire, elle ne sait pas écrire, elle est différente.  Pour eux, ce qu’ils ont vécu est devenu une norme. Il a fallu travailler sur les émotions en parallèle pour leur permettre de se mettre à la place de Lilou et de trouver de réelles solutions.

Ce sont alors les élèves qui ont proposé d’apprendre des choses à Lilou.

J’ai remarqué alors que :

– Les enfants apprennent à Lilou ce qu’ils ne savent pas faire (Aaron propose d’apprendre à Lilou à écrire alors qu’à ce moment-là de l’année, il était en difficulté, Christophe, avant de proposer le foot, voulait apprendre à Lilou à calculer alors qu’il déteste les mathématiques et que c’est le seul domaine où je ne peux l’inclure en raison de ses difficultés)

– Les enfants n’ont pas une seule fois mentionné le rôle de l’enseignant, sauf pour le casque anti-bruit

Pour terminer, nous avons parlé des inclusions et des outils qu’ils utilisent pour faciliter leurs inclusions, comme le casque anti-bruit pour 3 élèves de la classe.

Combien d’enseignants ont participé au projet ?

Je suis la seule à avoir participé à Lilou. Ma collègue de CE2 a participé au concours avec sa classe, en créant sa propre vidéo.


Nous remercions Denis Sinermann et Lou Collignon pour leur témoignage pour l’écriture de cet article.

Site de l’association Fraternité en actes http://micheldinet-asso.fr/

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