Les écrans ont envahi nos bureaux, nos maisons et même l’espace public ! Comme tout parent, et même en tant que consommateur, nous sommes confrontés à un questionnement permanent au sujet de leur utilisation. Tantôt outil indispensable, facilitateur de progrès, tantôt ennemi de notre bien-être, l’écran nous stimule et nous perturbe. Hop’Toys a voulu en savoir plus sur la question des enfants face aux écrans et a recueilli les propos du docteur Henry, médecin pédopsychiatre au CHU de Montpellier et conférencier.

Quelques vérités sur l’usage des écrans

Il existe, en effet, plusieurs vérités, parfois contradictoires, sur l’usage des écrans fait par les enfants et les adolescents. Parfois établies selon sa propre expérience mais souvent basées sur des enquêtes très sérieuses.

  • L’exposition précoce aux écrans et ses effets sur la santé

Une surexposition aux écrans et à des contenus inappropriés peut entraîner des risques pour la santé mentale et physique des mineurs. Les effets ont été prouvés sur la réduction du temps de sommeil et le surpoids.1

  • Le pouvoir « hypnotique » des écrans entraîne une surconsommation

Comme nous l’explique le Dr Henry, cela provient des caractéristiques intrinsèques de l’écran que sont le contraste, la luminosité et le mouvement de l’image mais aussi par le contenu qu’ils diffusent et les émotions que ce contenu engendre. Pour le spécialiste, la stimulation visuo-attentionnelle et émotionnelle est très forte.

  • Un présence non raisonnée sur les réseaux sociaux réduit nos échanges

Avec les réseaux sociaux, une part grandissante de nos interactions passe par les écrans. Une fréquentation trop importante des réseaux sociaux entraîne une perte des échanges avec les autres et un déficit de socialisation.

  • Quelques chiffres

La plupart des enfants et des adolescents présentent une surexposition aux écrans : en France, les enfants de 3 à 17 ans passent en moyenne 3 heures/jour devant les écrans (1h40 par jour pour les enfants de 3-6 ans). L’académie américaine de pédiatrie recommande de ne pas dépasser 2h d’écran par jour à l’adolescence2. Chez les enfants de 12 à 17 ans, 99% ont accès à un ordinateur, à une tablette ou un smartphone1.

  • Les écrans entrainent parfois des crises

Pour être plus précis, le Dr Henry souligne que c’est l’arrêt des écrans qui entraînent la crise, en créant une frustration. Il nous conseille quelques pistes pour nous aider à réguler la fréquence ou la force de ces crises : anticiper le temps passé devant l’écran, prévenir l’enfant que le temps est bientôt écoulé, avant l’arrêt ou que l’arrêt coïncide avec la fin du programme ou de la partie.

  • Les parents ont un rôle à jouer dans la régulation

Le Dr Henry, nous rappelle aussi qu’il est difficile en tant que parent de réguler quelque chose pour notre enfant qu’on a parfois du mal à réguler pour soi-même. Toutefois, il est important que les parents soient là pour accompagner leur enfant face aux écrans pour éviter une surexposition ou une exposition à des contenus inappropriés.

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Selon lui, « l’usage des écrans, avant 6 ans, chez les enfants au développement normal, n’apporte pas grand-chose de bénéfique, qui ne pourrait être apporté par un autre moyen que les écrans. Pour les 2-3 ans, cela serait même délétère pour le développement général de l’enfant. »

Une enfant regarde un programme sur une tablette

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Quand les écrans peuvent nous aider

On le sait, les écrans sont désormais incontournables et leur utilisation peut aussi avoir de nombreux avantages tels que l’accès à l’information ou à la culture, par exemple. Mieux encore, ils peuvent s’avérer être d’une grande utilité dans la prise en charge de certains troubles.

Pour éviter les crises ou rester calme

Comme nous le souligne, à juste titre, le Dr Henry, les écrans attirent énormément l’attention. Beaucoup de parents témoignent que parfois, ils « profitent » de cette caractéristique. Sur cette question, il pense qu’il est important de déculpabiliser les parents. Qu’on profite que son enfant soit devant la télé pour passer un coup de fil important ou pour boucler un rapport lui semble naturel. L’important ici renvoie à d’autres questions, telles que : À quelle fréquence cela arrive-t-il ? Combien de temps ? Quel programme est visionné par l’enfant et est-ce en adéquation avec son âge ? Le parent et l’enfant partagent-ils d’autres moments d’échange sans écran ?

Le cas des enfants en situation de handicap

Toujours, selon le Dr Henry, on peut parfois, tirer un parti bénéfique des écrans et de leur capacité à attirer énormément notre attention. Dans certaines situations, les écrans seront des alliés indéniables des parents pour pouvoir réguler le comportement de leur enfant ou utiliser des outils difficiles à mettre en place par ailleurs. Il fait référence, par exemple, aux troubles du spectre de l’autisme, pour lesquels de nombreuses applications se sont développées pour améliorer la communication.

Il mentionne également les techniques de neurofeedback qui sont un autre bon exemple. Elles visent à aider les enfants, ayant un trouble attentionnel, à contrôler et stimuler leur attention. En utilisant un écran et un jeu vidéo, notamment. En analysant, en temps réel, les ondes du cerveau créées par les processus attentionnels, on peut  en quelque sorte essayer de « rééduquer » ces processus cérébraux, pour être encore plus attentifs. Sujet passionnant que vous pourrez échanger avec le docteur Henry à l’occasion de l’une de ces prochaines conférences.

Un adolescent joue sur son smartphone

Des études pour se repérer

Si vous vous sentez démunis, ne pas hésiter à consulter un professionnel de la santé ou se référer aux recommandations des spécialistes de la pédiatrie. Plusieurs recommandations à l’attention des familles et des médecins ont été publiées par le Groupe de pédiatrie Générale (membre de la Société française de pédiatrie)2. Ces propositions émanent de la centralisation d’avis d’experts basés sur la prise en compte de la diversité des situations familiales, du moment, de l’âge et des lieux. Nous avons fait le choix de vous présenter trois d’entres elles, jugées simple et facile à mettre en place.

1. Prendre conscience des usages

Il est utile de faire l’inventaire des écrans et de leur utilisation par les enfants mais aussi par les parents. « Le propre rapport des parents eux-mêmes aux écrans est par ailleurs essentiel dans l’exemplarité qu’il représente pour les enfants ».2 Pour le docteur Henry, il est important de s’intéresser à l’usage qu’ont nos enfants des écrans. C’est un espace que les parents doivent pouvoir explorer. Limiter mais aussi contrôler, dans la mesure des besoins et du respect de l’intimité.

2. Des écrans dans les espaces communs

De manière générale, les enquêtes ont révélé un certain nombre de résultats. Notamment l’intérêt de placer les écrans dans les espaces de vie collectifs plutôt que dans sa chambre. En effet, la proximité de l’écran permet de garder un œil sur ce que fait l’enfant et d’éviter, par exemple, que celui-ci ne se retrouve exposé à des contenus non-adaptés. Il a l’avantage d’encourager le partage et les échanges. Cette disposition permet également de fixer des règles d’utilisation.

3. Des temps sans écrans

Il est important de fixer et de préciser le temps autorisé mais aussi de prévoir des moments sans aucun écran. « Certains temps et lieux doivent être sanctuarisés : matin, repas, sommeil, école (en dehors des outils d’apprentissage), salles de sport, phases de jeux collectifs. C’est vrai pour les enfants et aussi pour les adultes 2 ». De la même façon, il est pertinent de repousser le plus tard possible, l’accès aux écrans des jeunes enfants.

>> Retrouvez nos conseils pour utilisation raisonnée des écrans et notre infographie pour s’y retrouver

Pour en savoir plus sur cette thématique complexe, nous vous invitons à suivre le Dr Henry, qui organise régulièrement des conférences sur le sujet.

1 Source : https://jeprotegemonenfant.gouv.fr/ecrans/

2 Source : https://www.sciencedirect.com

Article publié le 07 juillet 2022 mis à jour le 07 Février 2024.


illust Docteur V.Henry

Vincent Henry est médecin pédopsychiatre au CHU de Montpellier. Au cours de son parcours, il s’est formé aux thérapies cognitivo-comportementales, aux thérapies systémiques et à l’hypnose médicale. Il accompagne, depuis plus de 10 ans, les enfants et leurs familles dans la prise en charge des troubles du neurodéveloppement et des troubles émotionnels.

Il est co-auteur du livre « 100 idées pour accompagner les émotions des enfants et des adolescents » aux éditions Tom Pousse avec Christelle Vernhet.

Vous pouvez suivre ses conférences et découvrir ses ressources sur son site

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