Sa mission : accompagner les personnes avec des difficultés ou des troubles d’apprentissage à comprendre leur fonctionnement et développer leur potentiel pour apprendre.

Qu’est-ce que l’orthopédagogie ?

Stéphanie Hernandez, orthopédagogue à Toulouse, nous l’explique :

J’accompagne L. 9 ans, CM1, qui a besoin de comprendre à quoi cela sert d’être attentive en classe. Après lui avoir expliquée l’importance de l’attention pour apprendre, grâce à des exercices, observé sa manière d’être attentive, je lui ai proposée de mettre en pratique en classe. Lorsque je lui demande comment s’est passée sa semaine à l’école et si cela a été facile de rester attentive en classe, L. me répond du tac au tac sur la stratégie qu’elle a mise en place : « je dis à mon cerveau d’être plus attentif et ça marche ». Petit bonheur de voir que l’accompagnement fonctionne.

L’orthopédagogue prévient, évalue, remédie les difficultés scolaires et/ou les troubles d’apprentissage. Son intervention orthopédagogique est individualisée et adaptée à un large public : enfants, adolescents et adultes.

Comment se déroulent les séances d’orthopédagogie

Généralement, la prise de contact se fait avec les parents qui décrivent les difficultés rencontrées. Comme l’orthopédagogie est peu connue, je présente mon métier, le déroulé des séances, ainsi que les outils ou méthodes utilisés durant la prise en charge de l’apprenant.

Une première séance permet de faire un diagnostic orthopédagogique avec mise en place d’objectifs et d’un plan d’actions. Une séance dure 1 heure. Elle débute par un temps de discussion, de météo émotionnelle et présentation de la séance. Les dernières minutes offrent la possibilité d’un dialogue avec les parents concernant le déroulé de la séance.

La remédiation s’appuie sur observations, des dialogues pédagogiques qui permettent à l’orthopédagogue et à l’apprenant de mieux comprendre ses mécanismes et ses stratégies. Lorsque l’apprenant a compris ce qui lui est demandé, un transfert est fait dans les apprentissages et répété pour créer des automatismes.

Pour vérifier ce qui a été retenu, l’apprenant résume la séance oralement à ses parents. Des exercices de transfert se font entre chaque séance pour mettre en place les automatismes et évaluer la progression par rapport aux objectifs.
L’orthopédagogue prend contact avec les autres praticiens et en fin de parcours peut être amené à faire un bilan orthopédagogique auprès de l’apprenant et/ou des parents.

Angélique Prost, orthopédagogue sur la région de Lyon, raconte :

J’ai accompagné cette année, V. 7 ans, en CE1, suspicion de dyslexie. Les devoirs étaient longs et conflictuels, il perdait le goût de l’école et il pensait être nul « moi je peux pas apprendre ! ». Les séances d’orthopédagogie lui ont permis de mieux connaître le fonctionnement du cerveau grâce à des temps ludiques, des petites vidéos, des fabrications de maquettes. Nous avons pu apprendre à mémoriser grâce à la pédagogie par le jeu. Un travail avec l’équipe enseignante lui a permis de prendre confiance et d’avoir envie d’aller à l’école. Il passe aujourd’hui en CE2. Même si le travail orthopédagogique n’est pas encore terminé, ce petit bonhomme a acquis les bases de l’apprentissage mais surtout, l’envie d’apprendre.

Quels motifs pour consulter un orthopédagogue ?

  • Difficultés d’apprentissage : attention, compréhension, mémorisation
  • Méthodologie et organisation des révisions, préparation examens, concours
  • Gestion des émotions, motivation en lien avec les apprentissages
  • Accompagnement des troubles d’apprentissage: Dys, TDA-H, TSA, …
  • Entretenir ses capacités intellectuelles tout au long de sa vie

Carole Verdan, orthopédagogue sur la région de Grenoble, s’exprime sur la question :

J’ai accompagné cette année, M. 48 ans, en reprise d’études pour passer un master. Elle est venue me voir pour des difficultés dans la compréhension de textes et la planification de son mémoire.
Je lui ai proposé des outils qu’elle s’est appropriés petit à petit pour gagner en autonomie dans son organisation. Nous avons également travaillé la flexibilité à travers différents jeux car elle avait l’impression de manquer d’idées dans son travail et se bloquait face à des consignes nouvelles dans un travail de groupe. M. a réussi son mémoire et obtenu la meilleure note de sa promotion ; l’accompagnement en Orthopédagogie lui a surtout permis de reprendre confiance en elle.

Les compétences d’un orthopédagogue ?

L’orthopédagogue a besoin d’établir un climat de confiance, il reste à l’écoute et développe un bon sens de l’observation. Il doit savoir mesurer les progrès et communiquer avec les parents qui sont des partenaires essentiels à la réussite de leur enfant. Il travaille en équipe avec les enseignants et les autres praticiens qui ont un rôle primordial dans leur domaine d’expertise ; en effet, la réussite d’un apprenant est le fruit d’une approche globale !

Christelle Coronet, professeur des écoles-orthopédagogues dans la région de Grenoble, nous conseille :

Je suis enseignante-orthopédagogue dans une classe de cycle 2. Pour créer un climat bienveillant et positif nous utilisons un logiciel qui crédite des points dans une cagnotte collective pour toute bonne action effectuée (aider/faire signer son cahier, être prêt à travailler …). Ma formation d’orthopédagogue me permet d’avoir un œil aiguisé pour repérer des signes d’alerte liés aux troubles d’apprentissage : Dys, Tda/h, E.H.P….. Je conseille un entretien avec la psychologue de l’Education Nationale et/ou un bilan avec le neuropsychologue/orthophoniste/psychomotricien si besoin. J’échange avec ces thérapeutes afin d’adapter au mieux les exercices et placer l’enfant en situation de réussite.

Comment devenir orthopédagogue ?

Il n’existe pas en France de diplôme en orthopédagogie, reconnu institutionnellement pour le moment. Différents organismes proposent des parcours en France. Par exemple, à l’Union des Orthopédagogues de France, l’orthopédagogue est formé sur un parcours théorique et pratique de qualité qui aborde les sciences cognitives, neurosciences, la pédagogie, approfondit les fonctionnements cognitifs, les fonctions exécutives, avec des modules de spécialisation ; il forme aussi à l’expertise et aux outils fondamentaux en orthopédagogie, complété par une supervision.

L’orthopédagogue propose aussi d’apprendre de ses erreurs

Peu de personnes aiment faire des erreurs car ces dernières provoquent des émotions négatives, comme la déception, la honte, la peur… Pourtant, se tromper c’est évoluer et apprendre ! Entretenir sa confiance ! Découvrir sa stratégie pour apprendre, c’est identifier ses besoins et ses points forts, c’est gagner en autonomie.

L’objectif de l’orthopédagogue est de permettre à l’apprenant de réfléchir sur sa propre action, de prendre conscience de son propre cheminement lorsqu’il apprend. Il découvre les raisonnements qui l’ont conduit à faire des erreurs pour rechercher par la suite des solutions plus adaptées. Il s’agit de la métacognition : la capacité à prendre du recul sur son processus d’apprentissage, d’analyser ses stratégies et de les modifier si besoin.

Cette citation de Nelson Mandela vient faire écho à cette démarche :

Dans la vie, je ne perds jamais, soit je gagne, soit j’apprends.

Dorine Berton, orthopédagogue sur Bayonne, rebondit sur cette citation :

Les élèves que j’ai accompagnés en établissement scolaire se sont rendus compte que se confronter à l’échec peut renforcer et être porteur. Utiliser des brouillons, le crayon à papier, essayer, persévérer sont autant d’actions et de valeurs que j’ai souhaité leur transmettre. En se remettant en question et en acceptant l’erreur, les apprenants trouvent le chemin cognitif qui leur est davantage adapté. Chacun possède sa propre réussite et ils savent désormais que si le plan A ne fonctionne pas, il leur reste 25 autres lettres dans l’alphabet !

Si vous souhaitez plus d’informations sur l’orthopédagogie, il existe une association, l’ Union des Orthopédagogues de France qui a pour objectif de faire connaître et développer ce métier en France et en Europe. Elle souhaite fédérer les orthopédagogues de France. C’est aussi un organisme de formation.

Article écrit par Stéphanie Hernandez, orthopédagogue sur la région de Toulouse et relecture ou témoignages en collaboration avec d’autres orthopédagogues, membres de l’Union des Orthopédagogues de France.

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