En tant que voisin montpelliérain, je suis allé visiter un Centre d’Education Conductive du Gard, qui a ouvert en janvier 2015 à Clarensac (30870). Cette structure, fondée par Fanny Grau, pratique l’éducation conductive (appelée aussi méthode PETO) pour les enfants porteurs de handicaps moteurs.
Après avoir passé une matinée à observer Judit, la conductrice du centre et son groupe, je leur ai posé quelques questions pour en savoir un peu plus sur le quotidien du centre.

Fanny GRAU (responsable du centre) à gauche, au milieu Judit la conductrice du CEC 30 et à droite Julien le Community Manager de Hop'Toys

Fanny Grau (responsable du centren à gauche) et Judit la conductrice du CEC 30 (au centre)

Bonjour Fanny, pour commencer pouvez-vous revenir sur la naissance du CEC 30 ?

Tout d’abord, je vais vous expliquer l’origine du projet. Je suis la maman du petit Numa, il est atteint d’une maladie génétique induisant un handicap moteur. Pour ses quatre ans, on ne me proposait qu’une demi-journée de prise en charge par semaine, dans une école dite « classique ». Cela me semblait trop peu… J’ai donc cherché des alternatives en France comme à l’étranger. J’ai découvert l’éducation conductive sur Internet, puis j’ai décidé de faire un stage de dix semaines à Pouilly-sur-Loire en Bourgogne, en 2013. Lorsque nous avons déménagé en 2014 pour une année complète en Normandie, Numa a été scolarisé au CEC de Bayeux.
A notre retour dans le Gard, j’ai décidé de construire un centre ici. Le centre d’éducation conductive a ouvert en janvier 2015.

Pourquoi avez-vous choisi d’installer ce centre à Clarensac ?

Pour tout vous dire, j’ai déposé quarante dossiers dans la région de Nîmes, sans résultat… Ici, à Clarensac, on m’a proposé une cantine à rénover. J’ai tout de suite foncé ! En mars 2014, cinquante bénévoles en trois mois ont réhabilité ces locaux pour les mettre aux normes. Une aventure extraordinaire qui a soudé notre association et nous a mis directement dans l’action !

On fait le pont, comme quand on s’habille !

Comment s’est déroulé le recrutement de la conductrice ?

On a fait un appel sur Internet, sur le groupe Facebook : CONDUCTIVE WORLD MARKET.  Et on a eu la chance de pouvoir recruter Judit ; elle cherchait à ce moment là un nouveau poste.

Judit, pouvez-vous vous présenter ?

Tout d’abord je tenais à vous dire que moi aussi, j’ai de la chance d’être ici ! Je viens de Hongrie, le berceau de l’éducation conductive, où le Docteur András Pető, dans les années 1940 en a posé ses fondements. J’ai été formée à l’école de Budapest. Je suis maintenant une conductrice avec plus de vingt ans d’expérience. J’ai eu l’occasion d’exercer en Nouvelle-Zélande, en Belgique et en France, pour des enfants, mais aussi des adultes, atteints de sclérose en plaque, Parkinson, etc.

Pouvez-vous nous parler de cette éducation conductive ?

C’est une méthode qui part du principe que l’enfant est toujours CAPABLE d’apprendre. Alors, lorsqu’un enfant est porteur de handicap moteur, on va stimuler le cerveau pour créer de nouvelles connections. Enfin, on va toujours réaliser des exercices valorisant la motricité, pour que l’enfant trouve de lui-même une propre façon de contourner son handicap. C’est comme si on essayait d’enlever toutes les couches de mauvaises coordinations pour arriver petit à petit à un bon mouvement. Je suis là avec mes outils et mon savoir-faire pour leur apprendre à apprendre.

Est-ce que le centre est adapté à tous les enfants porteur de handicap moteur ?

Il y a d’abord un prérequis essentiel : l’enfant doit pouvoir comprendre une consigne. Pour chaque nouvelle entrée, je dois tout d’abord l’évaluer. Puis, il faut qu’un parent soit disponible, c’est un axe essentiel de l’éducation conductive. Cette méthode replace le parent au centre de l’éducation de l’enfant. D’ailleurs, je suis aussi bien là pour l’enfant, que pour les parents :  pour qu’ils puissent acquérir des bonnes pratiques, des bon réflexes pour toujours laisser la place au progrès et aux encouragements !

Vous utilisez du matériel particulier ?

On essai d’utiliser le matériel le plus simple et naturel possible. Tout est fait bien sûr pour ressembler à ce que l’enfant retrouvera le soir à la maison. Les échelles et les tables sont conçues pour avoir le maximum de prises possibles. C’est juste un peu de bricolage pour que tout soit accessible à tous.

Pourquoi l’éducation conductive est-elle si peu répandue en France ?

La méthode PETO, à la base de l’éducation conductive est surtout développée en Hongrie, forcément, là où elle est née. Aujourd’hui, elle est très pratiquée en Angleterre et dans les pays nordiques comme la Suède ou la Norvège. En France, les premiers stages datent de 2003 et le premier centre a ouvert en 2009. Depuis, on compte six centres qui pratiquent l’éducation conductive. Mais la méthode n’est toujours pas reconnue par l’État, donc il n’y a pas de subvention ni pour les structures, ni pour les parents. C’est pour ça que Fanny a constitué une association (250 membres) pour avoir le droit d’exercer et pour pouvoir récolter les fonds pour le bon fonctionnement du centre.

>> Pour aller plus loin sur la méthode PETO.

Combien il y a-t-il de places dans le centre ?

La première année, en 2015, nous avons pu accueillir vingt-cinq enfants. En 2016, trente enfants ont été accueillis, répartis sur l’année. Deux enfants sont là à temps-plein. Nous avons quatre places tournantes pour les différents stages organisés durant et en dehors des vacances scolaires (2 à 6 semaines, pour des enfants de 3 à 8 ans). Pour des enfants plus jeunes (moins de 3 ans), nous organisons des stages dans ce que nous appelons des « groupes de débutants » ; le rythme est adapté à leur âge. Les stages les plus convoités sont ceux des mois de juillet et août. A noter qu’à la fin de chaque stage, nous formalisons tout par écrit. On remet aux parents un bilan avec les progrès réalisés, les positions, les exercices qui sont encore à développer et des recommandations précises adaptées à chaque enfant.

Est-ce que d’autres activités sont pratiquées dans le centre ?

Oui, nous avons des après-midi consacrés à l’exploration multisensorielle. Une animatrice bénévole, Jennifer, vient avec du matériel (Snoezelen) qui nous a été prêté par une maison de retraite : des fibres optiques, projecteur et jouets lumineux. Une stimulation complète des sens, tout en respectant les bonnes postures dans le cadre de l’éducation conductive.
On organise aussi des ateliers de Poney thérapie, des séances d’éducation conductive en piscine et des ateliers musiques… Nous organisons parfois des activités extrascolaires. La crèche du village nous a mis à disposition un mur d’escalade. Lors de cette  journée, nous n’avions que des papas accompagnants. Une belle expérience pour eux et leurs enfants qui a eu beaucoup de succès !

Jennifer dans un séance d'éveil sensoriel

Jennifer lors d’une séance d’éveil sensoriel

Avez-vous une anecdote, un souvenir qui vous a marquées à partager ?

Judit et moi nous sommes tous les jours touchées par ce qui ne pourrait être que des détails. Certains regards, et certains silences en disent beaucoup.
Une maman, à la fin de son stage, m’a remercié parce que dit-elle : « Ce que j’ai trouvé ici , c’est mon enfant ! ». Cela nous a beaucoup émues car c’est ce que l’on cherche, redonner, au delà du handicap, la place des parents et celles des enfants !

>> Découvrez une matinée au CEC du Gard. 

Pour contacter le centre :
Association CEC du Gard – 34 route de Nîmes –  30870 CLARENSAC

 

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Taper la réponse pour valider votre commentaire * Time limit is exhausted. Please reload the CAPTCHA.