À l’occasion de la journée mondiale de la voix le 16 avril, nous avons échangé avec Mélanie Mignardot, une orthophoniste qui exerce sur Boulogne-sur-Mer (62). Elle nous raconte son métier, les personnes qu’elle accompagne, et ses méthodes pour aider à (re)trouver sa voix. 

Pourrais-tu nous parler de ton métier ? Quel genre de personne aides-tu ?

L’orthophonie est une profession paramédicale qui consiste à rééduquer la communication à l’oral comme à l’écrit à tous les âges de la vie. La rééducation peut commencer dès le plus jeune âge avec la stimulation de l’oralité chez l’enfant porteur d’une SNG (sonde naso-gastrique) ou ayant une fente labiale par exemple. Nous pouvons accompagner l’entrée dans le langage oral si cela est possible, trouver des moyens alternatifs ou compensatoires de communication. Nous travaillons également les habiletés sociales, ainsi que l’entrée dans le langage écrit et dans la logique mathématiques. Nous rencontrons parfois des personnes qui ont perdu les compétences qu’elles avaient acquises suite à une chirurgie (tumeur cérébrale ou des voies aériennes supérieures), un accident de la route, un AVC ou à cause d’une maladie évolutive. Les champs de l’orthophonie sont très vastes.

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Nous rééduquons des patients autistes, porteurs de syndromes ou de maladies génétiques tel que la trisomie, des patients déficients, sourds, avec des troubles de la déglutition, des troubles du raisonnement, des patients ayant des problèmes de voix, des troubles de la fluence (bégaiement), des retard de parole, de langage, d’acquisition de la lecture et de l’orthographe, des difficultés en graphisme…  

>> Téléchargement : travailler sa voix avec le « dé des voix »

Tu as une méthode géniale pour calmer et échanger avec tes jeunes patients, peux-tu nous en parler ?

Je travaille avec mon chien, Mimi, depuis 2 ans. Je l’ai adopté grâce à une association « Les Amis de Lewis » qui sauve les chiens abandonnés dans les rues de Roumanie. Après avoir suivi un temps d’éducation et d’adaptation, j’ai commencé à l’emmener au cabinet. J’ai remarqué qu’elle avait un réel impact sur la rééducation en canalisant beaucoup les patients. Elle permet de mettre en place un rituel et elle joue le rôle de médiateur dans les situations compliquées.

Par exemple, je demande au patient de répondre à la consigne pour le plaisir du chien et non plus pour le mien, il ne doit plus répondre à une consigne exigée par l’adulte…

Tu utilises les produits Hop’Toys pour aider tes jeunes patients. Pourrais-tu nous montrer ton coin jeux ?

Je n’ai pas de coin jeu à proprement parlé car pour les enfants autistes ou souffrant d’hyperactivité, il est préférable que le matériel ne soit pas visible. Tout est rangé dans des caisses et sorti en fonction de l’objectif travaillé. Voici cependant mes indispensables.

Un cabinet d'orthophoniste

À gauche, Mimi le petit chien, attend sagement le prochain patient / À droite, quelques jouets Hop’Toys à retrouver sur hoptoys.fr

Quelle relation entretiens-tu avec les parents d’un enfant porteur de troubles ou de handicap ?

Je dirais qu’une relation de confiance est vraiment primordiale afin qu’ils puissent se confier sur leurs doutes et me poser leurs questions sans réticence. Le caractère humain est très important.

Ces parents sont formidables et ont des ressources extraordinaires.

Une fille heureuse avec son père

Pour finir, quels seraient tes conseils pour un enfant qui a des problèmes de bégaiement ? Quels exercices préconiserais-tu à la maison ?

Le bégaiement est un trouble à traiter en urgence afin d’éviter son installation. Il faut consulter au plus vite. Il est difficile de donner des conseils car le bégaiement à des causes différentes pour chaque enfant et il faut adapter le plan de rééducation à chacun, il n’y a pas de recette miracle.

En général, il faut conseiller aux parents de ralentir le rythme de vie et donner plus de temps à l’enfant pour qu’il s’exprime, lui montrer qu’il a le temps de parler et que l’adulte est présent en soutien si besoin. Il faut éviter de donner trop de conseil (du type respire, répète, articule) qui cassent la communication. Il faut éviter de faire des reproches ou des moqueries (la volonté n’a rien à voir avec le bégaiement), et enfin, il est préférable d’éviter d’être indifférent face au bégaiement.

Il faut aider l’enfant sans parler à sa place, lui parler plus simplement, plus lentement et faire des pauses.

Une idée d’activité : la lecture d’images 5 minutes par jour, ce doit être un plaisir partagé et non une obligation. C’est l’enfant qui conduit ce moment, l’adulte raconte les images avec un langage familier, un ton naturel, un rythme un peu ralenti. On peut poser des questions à condition d’en proposer une réponse rapidement, sans attendre. Une question à la fois.

Rédacteur chez Hop'Toys, j'aime interviewer des professionnels pour écrire des articles. Amoureux de la langue française, je suis aussi jongleur de diabolo et auteur de chansons.

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