Investir l’enfant ? Quand on tape « investir » sur le net, on trouve souvent « comment placer son argent ?». Ainsi, parler investissement, nous renvoie au fait de gagner plus d’argent. Alors, on le « place » en misant sur une plus-value quelques années plus tard. Il y a une notion de gain. Mais qu’est-ce que cela à voir avec les enfants ? Que veut dire investir un enfant et en quoi investir un enfant est-il un gain pour l’avenir ?

Investir l’enfant, en quoi cela consiste ?

Pour le parent ou le professionnel de la petite enfance, investir l’enfant sous-tend une implication dans la relation avec celui-ci. L’adulte impliqué, sait faire preuve de sensibilité envers l’enfant. Il lui apporte protection et répond à ses besoins. Il lui procure douceur et tendresse, tout en cultivant une ambiance sereine autour de lui. La qualité de cette implication et la culture sécurisante du milieu, aura des conséquences positives sur le présent de l’enfant, comme sur son devenir.

Idéalement, l’adulte qui investit l’enfant, doit être assez clair avec lui-même pour ne pas projeter ses propres envies et occasions manquées de réalisation de soi. Le risque est de satisfaire à travers l’enfant, la partie de lui-même non épanouie. Le parent, comme le professionnel, doit agir au service de l’enfant et dans son intérêt propre. Avoir suffisamment de connaissances actualisées sur ce qu’est un enfant, permet de savoir comment l’accompagner au mieux au cours des premières années de sa vie.

Sans implication dans la relation, sans investissement de l’enfant, l’adulte ne peut être dans une relation authentique avec lui. L’enfant devient alors un petit cohabitant : chacun vivant l’un à côté de l’autre dans une forme relationnelle dépourvue d’un attachement profond. Dans ce contexte là, l’enfant peut souffrir de ne pas être assez investi ce qui peut occasionner chez lui des difficultés relationnelles qui perdurent à l’âge adulte. C’est pourquoi l’adulte, qu’il soit parent ou professionnel de la petite enfance, ne doit pas rester en périphérie de la relation. Il faut s’impliquer fortement pour investir l’enfant et ainsi éviter d’hypothéquer son bon développement ! 

câlin fille papa

Donner de soi. Faire preuve d’une grande sensibilité pour répondre à tous les besoins de l’enfant. Se sentir concerné par ce qu’il vit, éprouve et ressent. Tout cela est une nécessité ! Ainsi, l’adulte impliqué dans la relation, peut se projeter loin avec l’enfant. Il peut ambitionner pour lui le plus bel avenir. Il sait combien la qualité de sa manière d’être avec lui, des mots qu’il lui adresse, lui permettra de se développer au mieux.  

En reconnaissant l’enfant comme une personne à part entière et en devenir, totalement dépendante de lui, l’adulte peut agir en conscience et ainsi offrir à l’enfant, grâce à son implication dans la relation, les conditions optimales de son développement à la fois physique et psychique, garantissant ainsi son épanouissement.

Quels sont les enjeux de cet investissement de l’enfant par l’adulte qui l’accompagne au quotidien ?

Connaître le développement de l’enfant au regard de la biologie de l’attachement et des neurosciences donne des bases solides pour penser ses pratiques en direction du jeune enfant. En effet, toutes les pratiques ne se valent pas. Punir un enfant ou l’isoler, ne l’aide pas à comprendre ce qu’il se passe en lui. Ni à décrypter ses besoins non satisfaits. Ni à identifier ses émotions. C’est essentiel que le jeune enfant accède petit à petit à son intériorité. Il apprendra à se connaître et à se respecter. Sinon, une fois plus grand, comment respecter ses propres besoins s’il ne sait pas qui il est, ni ce qui est bon pour lui ? Comment faire les meilleurs choix de vie s’il ignore ce qui l’anime ou ce qui le stresse ?

Les enjeux de l’investissement de l’enfant par les parents ou les professionnels de la petite enfance sont : la capacité à développer un attachement sécure, de bonnes compétences relationnelles, la santé mentale, le développement intellectuel, l’épanouissement et l’émancipation heureuse de l’enfant grandissant.

Enfants heureux jouent avec de la peinture

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Chaque adulte en responsabilité d’enfant doit savoir que la manière d’être avec lui, influe sur son comportement. Cela aura des répercussions positives ou négatives sur ce qu’il deviendra plus tard. Les responsabilités de l’adulte en charge d’enfants sont immenses. Il ne peut pas se louper ! Nous n’avons qu’une enfance. En fonction du vécu, celle-ci prendra telle coloration embellissant ou non le style de vie adulte que nous aurons demain. C’est pourquoi l’adulte qui accompagne l’enfant au quotidien ne peut se permettre de faire de l’approximation. 

En quoi investir l’enfant est nécessaire à son bon développement ?

Se sentir investi par un autre quel que soit notre âge donne un sentiment de sécurité et d’être digne d’exister, d’être aimé et considéré. Cela renforce la confiance en soi et permet de développer une saine estime de soi. Cela est particulièrement primordial pour l’enfant afin qu’il se sente heureux de vivre et construise une représentation positive de la vie.  

enfant triste

A contrario, ne pas être investi, laisse place chez l’enfant comme chez l’adulte, à un sentiment d’abandon, à un sentiment d’être laissé pour compte, d’être négligé, d’être oublié. Il peut se sentir triste, stressé, seul face à lui-même, malheureux et en colère. 

Savoir que ce tout ce que vit l’enfant, ce qu’il écoute, éprouve, goûte, voit, expérimente, laisse une empreinte durable dans son cerveau. Ainsi, investir sainement l’enfant au cours des 1000 premiers jours permet de structurer positivement le cerveau de l’adulte qu’il sera demain. Cela demande à l’adulte d’agir au quotidien avec conscience, respect et bienveillance envers le tout-petit afin que celui-ci puisse construire, au travers d’une relation riche et sensible, les facteurs de son épanouissement. 

Qu’est-ce que cela implique dans nos postures professionnelles ?

Investir l’enfant implique que nous ayons un projet pour lui. C’est-à-dire que nous agissions avec lui avec un objectif développemental et éducatif, mais lequel ? Que souhaitons-nous pour l’enfant ? Comment souhaitons-nous qu’il évolue ? Quelles attitudes, quelles paroles, quels actes envisageons-nous de poser pour faire de lui un enfant heureux de vivre ? Quelles sont les valeurs que nous souhaitons lui transmettre ? C’est à ces questions qu’il faut être en mesure de répondre pour trouver la bonne posture envers le jeune enfant. 

Pour conclure

Un tout-petit qui se sait apprécié, aimé et reconnu par des adultes qui croient en lui et le valorisent, aura envie de donner le meilleur de lui-même. Il pourra créer des relations harmonieuses et sensibles avec autrui. Cela demande pour l’adulte de savoir être dans le temps de l’enfant, d’être authentique et congruent, et de savoir donner le meilleur de soi tant dans ses actes comme dans ses paroles. C’est cela le gain et la plus-value d’un investissement sain de l’enfant. En investissant l’enfant avec conscience, en œuvrant pour une bientraitance envers le tout-petit, chaque adulte en lien avec les enfants, contribuent ainsi à construire une société plus heureuse.  


 

Marie Belakhovsky est auteure, directrice de crèche, éducatrice de jeunes enfants et formatrice en petite enfance entre autres ! Elle s’appui sur les dernières découvertes en neurosciences et de la biologie de l’attachement…

Après bien des années à œuvrer pour la scolarisation de ses enfants aux profils atypiques, elle est devenue professionnelle de la petite enfance sur le tard. Marie est passionnée par toute la systémie de la petite enfance en passant par la science, les facteurs du développement de l’enfant, les attitudes professionnelles, les facteurs de lutte contre les inégalités, l’accompagnement à la parentalité , la formation des professionnels, la création de projets innovants comme la création d’une Cité de l’enfance en RDC…
Elle a obtenu son DEEJE par la VAE en 2015 et actualisé ses connaissances sur le développement cérébral de l’enfant en se passionnant pour les neurosciences et la biologie de l’attachement . Marie a parallèlement à cela, exercé en tant qu’Educatrice de jeunes enfants dans différentes crèches en France. En plus, elle donnait des cours au GRETA de Grenoble.

Me sentant totalement décalée de par ses connaissances et ses pratiques actualisées face à des professionnels de la petite enfance encore dans des pratiques obsolètes sur le terrain, j’ai eu besoin de rencontrer des professionnels qui me permettent d’atteindre de nouveaux horizons et préparé mon passage devant le jury de l’Institut petite enfance Boris Cyrulnik .

Marie Belakhovsky  a pu ainsi intégrer en 2019 la première promotion de formation de formateur à l’appui des savoirs actuels en neurosciences et biologie de l’attachement. La même année, le groupe Babilou l’a nommée à un poste de direction d’EAJE. Au cours de l’année 2020, elle a été sollicitée pour écrire un article pour la revue Les professionnels de la petite enfance. Cette année elle a donné une conférence à la Croix rouge sur le développement du jeune enfant.
Marie aime beaucoup son métier de directrice de crèche qui demande bien des compétences.

En dehors de tout le côté administratif et gestionnaire, je prends autant plaisir à accueillir les familles, les enfants que les membres de mes équipes, qu’à manager de manière collaborative, à travailler sur un projet pédagogique, à réfléchir en équipe à propos de pbs rencontrés avec les enfants , à accompagnement les parents dans leur fonction parentale ou à animer une journée pédagogique pour plusieurs équipes. Cependant, ses aspirations sont grandes ! Marie souhaite encore élargir ses compétences en prenant des engagements en dehors de ses fonctions de direction.

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