A quelques jours de la fête de la musique, nous avons eu envie d’en savoir plus sur le métier de musicothérapeute mais aussi sur la musicothérapie. Alors on est allé poser quelques questions à Mikael Genguelou, musicothérapeute à Montpellier. Découvrez dans son interview en quoi consiste son métier, ce que cela apporte pour les enfants porteurs de handicap et les personnes atteintes d’Alzheimer mais aussi des recommandations sur comment choisir un instrument.  

Bonjour Mikael, peux-tu te présenter ?

Oui bien sûr ! Je suis Mikael Genguelou, musicothérapeute diplômé de l’Université Montpellier 3. J’exerce depuis 3 ans auprès de différents publics: enfants atteints de handicap ou troubles du spectre autistique, personnes âgées atteintes de la maladie d’Alzheimer, adultes atteints de déficience intellectuelle.

musicothérapeute.jpg 2En 2015, j’ai travaillé en Equateur auprès d’enfants placés en institution par la protection de l’enfance.

J’exerce actuellement en cabinet à Montpellier et dans une maison de retraite.

Peux-tu nous expliquer ton métier de musicothérapeute ?

Le musicothérapeute est un professionnel de santé qui utilise la musique et les sons au sens large (écoute de musique, jeu sur des instruments, voix, mouvements du corps) comme un média dans la thérapie. Nous utilisons des activités musicales pour atteindre des objectifs thérapeutiques déterminés avant la thérapie après un bilan psycho-musical.

La musicothérapie vise à améliorer la qualité de vie des personnes, on utilise le jeu musical et le chant pour susciter énergie, mouvement, attention, interaction et plaisir. L’écoute de musique selon certains protocoles permet la relaxation et la détente.

A quel type de personne cela s’adresse ?

La musicothérapie a un champs d’intervention très large. Selon la définition de la Fédération Française de Musicothérapie:

« Elle s’adresse, dans un cadre approprié, à des personnes présentant des souffrances ou des difficultés liées à des troubles psychiques, sensoriels, physiques, neurologiques, ou en difficulté psycho-sociale ou développementale. »

En France, elle s’est historiquement développée dans les institutions médico-sociales et en psychiatrie. Aujourd’hui, elle est beaucoup sollicitée auprès des personnes âgées et de nouvelles applications font leur preuve au niveau de la gestion de la douleur et de l’anxiété pour des personnes hospitalisées.

Aux Etats-Unis, la « musicothérapie neurologique » s’est développée ces dernières années, par exemple auprès de personnes ayant subi des dommages cérébraux (A.V.C., traumatismes crâniens). Des protocoles de rééducation du langage grâce au chant se révèlent très efficaces. Une pratique inspirée de cette approche se développe actuellement en France.

Quelles activités réalises-tu durant tes séances ?

Les activités sont adaptées à chaque patient ou groupe en fonction des possibilités de chacun et des objectifs établis.

J’utilise beaucoup l’improvisation libre ou guidée sur des instruments faciles d’accès (percussions, lames sonores…). Le patient peut ainsi s’exprimer au travers de la musique et souvent une communication non-verbale peut émerger.

musicothérapeutePour atteindre des objectifs thérapeutiques tout en gardant un aspect ludique, j’utilise les instruments ou la voix pour stimuler les capacités du patient: travail de la motricité des doigts sur un clavier, de la coordination sur des percussions, de l’attention grâce à des jeux d’imitation, de l’usage de la voix grâce à des jeux vocaux ou des chansons.

Je peux aussi aider des patients à composer de la musique ou écrire des paroles.

L’aspect musical, créatif et le rythme permettent à des patients de découvrir leur potentiel, ce qui est intéressant pour leur estime de soi, mais aussi pour modifier le regard de leur entourage sur leurs difficultés.

L’écoute de musique selon le protocole de « bande en U » permet une relaxation efficace pour réduire la douleur et l’anxiété des patients.

Pourquoi pratiquer la musicothérapie avec des enfants porteurs de handicap ? Quels en sont les bénéfices ?

Les effets de la musicothérapie auprès des enfants atteints de troubles du spectre autistique sont reconnus et se vérifient dans ma pratique. Beaucoup d’enfants ont un intérêt pour la musique ou le sonore. Le musicothérapeute utilise cet intérêt pour établir une relation avec l’enfant et en même temps stimuler l’attention, l’expression, la vocalisation, la capacité à interagir ou jouer avec l’autre.

Les bénéfices peuvent être très intéressants pour soutenir le développement de la vocalisation et du langage ainsi que la capacité à entrer en interaction avec les autres.

Dans le cas d’autres handicaps, la stimulation des capacités motrices, d’attention, d’imitation ou de coordination est pertinente.

Concernant la dyslexie, une étude récente de l’INSERM souligne l’intérêt d’une activité musicale en parallèle de l’orthophonie pour de meilleurs résultats, notamment grâce au travail du rythme.

Si vous souhaitez en savoir plus c’est par ici : www.inserm.fr/actualites/rubriques/actualites-recherche/corriger-la-dyslexie-en-rythme

Et pour les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ?

Pour les malades atteints d’Alzheimer ou de troubles apparentés, la musicothérapie est un outil formidable pour entrer en lien avec les personnes. L’approche est différente selon de degré d’avancement de la maladie.

Auprès des personnes en début de maladie, la musicothérapie vise à maintenir les capacités préservées: motrices et cognitives. Grâce au chant, percussions corporelles, jeux sur les instruments et les discussions qui peuvent émergées après l’écoute de musique.

Pour les personnes à un stade plus avancé, la musique, notamment le chant, peut être une passerelle pour entrer en contact avec des personnes très isolées par la maladie.

Est-ce que tout le monde peut faire des séances de musicothérapie ?

La musicothérapie est accessible à tous puisque aucune connaissance musicale ou instrumentale n’est nécessaire et que le thérapeute adaptera sa pratique à chaque patient quelques soient ses difficultés. D’autre part, elle ne s’adresse pas seulement aux personnes porteuses d’un handicap ou « malades ».

Auprès des adultes, elle peut s’utiliser dans une optique de développement personnel, de recherche de bien être ou de relaxation.

Auprès d’enfants ou adolescents qui on des difficultés émotionnelles ou relationnelles, la musicothérapie représente un support pour l’expression des émotions et l’affirmation de soi dans un cadre sécurisant.

Vous connaissez notre gamme d’instruments de musique, quels sont vos préconisations pour bien les choisir ?

Pour bien choisir l’instrument, je pense qu’il faut l’essayer. Voir si le son produit intéresse l’enfant et si la manipulation lui est accessible.

Je pense qu’il ne faut pas se formaliser à l’usage traditionnel d’un instrument.J’ai souvent vu des enfants utiliser un instrument d’une manière « inhabituelle » mais qui représentait sa façon de s’exprimer. L’imiter a parfois permis d’entrer en contact alors que jouer de façon traditionnelle ne l’intéressait pas.

J’apprécie les boomwhackers qui permettent de jouer en tapant sur le sol ou une table par exemple, mais aussi de jouer avec le souffle et la voix.

boomwhackers

Le tambour océan est attractif par son double usage, comme tambour, mais il produit aussi un son plus doux lorsqu’on le penche de manière délicate.

le-tambour-ocean

Le tambour peut permettre à des enfants en difficulté dans le contrôle des mouvements de jouer sans risque d’abîmer l’instrument et de s’exprimer par ce biais.

tambour-remo

Des ressources en ligne à donner pour la musicothérapie ?

 

1 Commentaire

  • raka dit :

    vraiment une super idée, je suis persuadée que la musique, tellement riche et variée, peut aider beaucoup de monde; je compte d’ailleurs inscrire mon fils à la prochaine rentrée, atteint de dyspraxie et de dyslexie, il en tirera de nombreux bénéfices

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