Aujourd’hui, nous avons le plaisir de vous partager le témoignage de Sylvie Seksek, une actrice incontournable de l’inclusion des personnes autistes dans le monde du travail. Notamment au niveau de l’inclusion active en entreprise. Sylvie, qui a vécu des défis personnels et professionnels, nous parle de son parcours. Des difficultés qu’elle a surmontées jusqu’aux actions concrètes qu’elle recommande pour créer des environnements de travail inclusifs. À travers ses mots, elle nous invite à réfléchir à la manière dont les entreprises peuvent accompagner les personnes neuroatypiques afin qu’elles puissent s’épanouir pleinement dans leur rôle.
L’inclusion en entreprise , témoignage et conseils
« J’ai cessé de culpabiliser, car je croyais que j’étais instable professionnellement… »
Sylvie commence par nous raconter son propre parcours professionnel : « J’ai cessé de culpabiliser car je croyais que j’étais instable professionnellement, vu que je démissionnais de tous mes postes. J’ai finalement compris que ça n’était pas « le bon costume » pour moi. » Un déclic qui l’a poussée à se réinventer et à travailler en tant qu’indépendante. C’est là où elle se sentait plus libre. Ce chemin n’a pas été facile, mais il lui a permis de comprendre qu’elle n’était pas seule dans cette situation. En effet, « chez les personnes autistes, les difficultés dans l’insertion et le maintien dans l’emploi sont plutôt la norme. »

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Créer un environnement de travail vraiment inclusif
Pour Sylvie, un lieu de travail inclusif ne se résume pas à une simple acceptation des différences. Il s’agit d’une réelle compréhension de ces différences. Elle explique : « Un lieu de travail réellement inclusif serait pour moi un endroit où l’on est renseigné et respectueux des spécificités de fonctionnement des collaborateurs différents. » Selon elle, l’essentiel est de mettre en œuvre les moyens nécessaires pour que chacun puisse exploiter pleinement son potentiel, en respectant ses besoins.
Quelques clés pour faciliter l’intégration des personnes autistes en entreprise
Sylvie partage des conseils précieux pour accompagner les personnes autistes dans le monde professionnel. Pour elle, « rassurer la personne en lui disant qu’elle peut poser toutes les questions qu’elle juge nécessaires à la réalisation de son travail » est fondamental. Elle recommande aussi d’éviter le micro-management, et de donner des missions avec des objectifs clairs. Il faut aussi offrir à chacun la possibilité d’y parvenir à sa manière. Enfin, elle insiste sur l’importance de bien expliquer la culture d’entreprise, pour aider les personnes à décoder certaines interactions sociales qui peuvent paraître floues. « Ce soutien va grandement aider à l’intégration », précise-t-elle.

Des aménagements simples pour un quotidien plus serein
Pour améliorer la qualité de vie au travail, Sylvie évoque des aménagements simples mais essentiels. Elle cite : « Recours au télétravail, horaires flexibles, mise à disposition d’espaces de repos et feedbacks réguliers et positifs. » Ces ajustements permettent non seulement une meilleure régulation du stress, mais aussi un plus grand confort dans l’accomplissement des tâches au quotidien.
Les obstacles rencontrés par les personnes autistes et les employeurs
Les obstacles pour les personnes autistes en entreprise sont multiples, comme le souligne Sylvie : « La peur du monde de l’entreprise, l’épreuve de l’entretien d’embauche, généralement non adapté au fonctionnement autistique, et l’absence d’accompagnement au poste. » Du côté des employeurs, elle mentionne une méconnaissance de l’autisme, accompagnée d’une crainte générée par cette ignorance. « Beaucoup d’employeurs n’ont pas de retours d’expériences réussies de recrutement de personnes autistes, ce qui rend l’intégration encore plus difficile », ajoute-t-elle.
L’importance du temps d’adaptation et du soutien continu pour une inclusion active en entreprise
Sylvie insiste également sur la nécessité de donner du temps aux personnes autistes pour s’adapter à un nouvel environnement professionnel : « En cas de recrutement, il est essentiel de laisser à la personne le temps de prendre ses marques à son nouveau poste. » Elle rappelle que, même si l’intégration peut prendre un peu plus de temps, les personnes autistes rattrapent rapidement le « retard » pris, grâce à leur sérieux et leurs capacités. « Ils ont de nombreuses compétences techniques et sont très impliqués dans leur travail », assure-t-elle.

Se découvrir et se comprendre : un chemin vers l’épanouissement
Sylvie évoque aussi son parcours personnel de découverte de son propre fonctionnement autistique : « Jusqu’à 50 ans passés, je pensais que mes 2 cuisants échecs à l’examen de conduite s’expliquaient par une incapacité de ma part. » Mais en apprenant à mieux comprendre son fonctionnement, elle a déconstruit certaines croyances limitantes. « Comme nombre de personnes autistes, j’ai très difficilement accès aux notions abstraites et j’ai un problème de traitement de la voix humaine. » Pour elle, s’accepter et comprendre son propre fonctionnement est un élément clé pour ne plus culpabiliser et s’épanouir.
Un appel à l’action pour les entreprises : se préparer à l’avenir de la neurodiversité
Sylvie termine son témoignage avec un appel fort aux entreprises : « Avec des diagnostics d’autisme en constante augmentation, de nombreuses entreprises sont déjà concernées, sans le savoir. » Elle explique que de nombreuses personnes autistes sont déjà présentes dans les équipes, parfois sans que cela soit explicitement reconnu. « Les entreprises ont tout à gagner à s’intéresser à la neurodiversité dès maintenant, pour intégrer sereinement ces profils et profiter pleinement de leurs innombrables ressources. »

L’inclusion en entreprise, notre futur
Sylvie Seksek nous invite à réfléchir à l’inclusion des personnes neuroatypiques et à la manière dont nous pouvons tous, à notre échelle, contribuer à rendre le monde du travail plus inclusif. Grâce à des ajustements simples, mais essentiels, et un accompagnement continu, les personnes autistes peuvent s’épanouir et apporter leurs talents uniques aux entreprises. Ensemble, ouvrons la voie à un futur professionnel où chacun a sa place. Ensemble, rendons l’inclusion en entreprise active et permanente.
Cet article a été rédigé à partir de l’interview de Sylvie Seksek, consultante et conférencière, autrice engagée sur les questions de neurodiversité et d’inclusion.
Son dernier ouvrage : « Autiste Asperger à 50 ans » (Editions Tom Pousse)