Tout le monde a le droit à une vie sexuelle et affective épanouie ! Cependant, pour les personnes en situation de handicap, cela reste encore un parcours plus compliqué ou un sujet tabou. Pour ouvrir la parole, nous avons interrogé Guillaume Bourdiaux, qui a eu recours à une assistante sexuelle. Il raconte sans tabou dans son premier livre « Guillaume au pays d’Alice » son expérience. En France, le CNCPH vient de communiquer qu’il est favorable à une expérimentation.

Qui je suis

Je suis Guillaume Bourdiaux. J’ai 25 ans et j’ai un diplôme d’animateur social. Je travaille avec les personnes âgées. J’ai une triparésie spastique. C’est-à-dire que je suis paralysé de tout le côté gauche du corps depuis ma naissance.

Mes passions

En ce moment, je suis à fond dans un projet sportif pour essayer de devenir sportif de haut niveau en tricycle. J’aime le sport en général. Cela m’apporte beaucoup par rapport à mon handicap. Je fais beaucoup de natation (6 fois par semaine). Je fais aussi du triathlon pour nager plus et faire de la course à pied. Et aussi, je fais du tricycle pour bien progresser et atteindre le haut niveau. Je suis aussi fan de foot.

Mes engagements associatifs

Je suis à fond dans le militantisme et le bénévolat. Je suis bénévole aux Petits Frères des Pauvres. J’accompagne une personne âgée toutes les semaines pour lui apporter de la compagnie. Au niveau du militantisme, je milite pour l’accompagnement sexuel des personnes en situation de handicap. Je suis dans le conseil d’administration de CH(s)OSE et on essaye de faire avancer les choses. Il y aura d’ailleurs des avancées en 2023. Cette association a pour but de promouvoir de façon positive l’intimité, l’autonomie affective, sexuelle, relationnelles et le soutien à la parentalité avec et pour les personnes en situation de handicap.

Je suis aussi militant et bénévole à Médecins du Monde sur la mission TDS (Travailleuses et Travailleurs du Sexe).

Guillaume Bourdiaux : sexualité et handicap

>> La sexualité de la personne TSA dyscommunicante

Mon Livre « Guillaume au pays d’Alice »

J’ai écrit ce livre pour plusieurs raisons.

La première, c’est que la sexualité des personnes en situation de handicap, ce n’est pas évident. Ce fut difficile pour moi de la découvrir. J’ai donc décidé de la découvrir d’une façon différente. J’ai voulu écrire ce livre pour que les personnes se rendent compte des difficultés que les personnes en situation de handicap peuvent avoir pour avoir une vie sexuelle et affective épanouie.

J’ai aussi écrit ce livre car j’ai rencontré Alice, une assistante sexuelle, avec qui j’ai eu une relation pendant plus d’un an. Elle m’a fait découvrir ma sexualité, mon corps, et m’a énormément aidé au niveau psychologique. Avant, je n’avais pas de sexualité et c’était difficile d’en parler. Alice m’a fait beaucoup de bien. Je voulais alors vraiment en parler au travers ce livre pour que cela aide d’autres personnes comme moi.

Je me suis également renseigné sur ce qui se faisait à l’étranger, et j’ai fait la connaissance de l’accompagnement sexuel, qui existait notamment en Suisse, aux Pays-Bas et aux États-Unis. Je me suis dit : pourquoi en France ça n’existe pas ? Avec ce livre, je voulais vraiment ouvrir le débat en France sur l’accompagnement sexuel.

Je voulais montrer aux gens que j’étais peut-être dans l’illégalité mais, qu’avec Alice, on s’apportait mutuellement. C’était aussi pour montrer une autre image, faire face aux préjugés que les gens peuvent avoir sur les assistants et les assistantes sexuels.

C’était aussi pour moi très important d’expliquer ma démarche à ma famille. De leur expliquer en quoi c’était compliqué pour moi d’avoir une relation avec une fille.

Ce que l’écriture de ce livre m’a apporté

Cela m’a apporté plein de choses globalement positives.

C’est un livre autobiographique. J’avais besoin de parler à mes proches de plein de choses, de me libérer. Je suis aussi devenu porte-parole de la cause de l’accompagnement sexuel. J’ai eu l’audace d’écrire ce livre qui a été bien reçu.

Je n’ai plus honte de parler de ce sujet. J’ai gagné une confiance en moi exceptionnelle.

J’ai fait plein d’interventions médias, écrit et cela m’a apporté une meilleure aisance orale qu’avant.

Ma sexualité est devenue plus classique. Dans mon quotidien, j’ai toujours eu la chance de vivre normalement. Rien n’a changé sur mon handicap, même si j’ai pris plus confiance en moi et que j’assume plus mon handicap. Le regard des autres a toujours été plus compliqué, mais maintenant cela m’atteint moins.

Vie sexuelle et affective des personnes en situation de handicap

Il y a beaucoup de personnes en situation de handicap qui ont une sexualité et ça, c’est super ! Mais pour certains, il y a beaucoup de tabous par rapport à l’accompagnement sexuel. Pourtant, cela a changé ma vie.

Je demande aux gens d’être ouverts, de comprendre que l’assistance sexuelle peut être un accompagnement sexuel mais aussi aider des couples en situation de handicap à s’apprivoiser. Cela ne se résume pas à l’acte sexuel !

Je veux aussi parler de l’institutionnel. C’est interdit en institution. L’éducation sexuelle, qu’elle vienne en IME. Si les jeunes et les moins jeunes veulent des conseils, qu’ils se tournent vers l’assistance sexuelle. Il faut ouvrir les mentalités et éviter que ce soit tabou.

Mes conseils pour les personnes en situation de handicap

Au vu de la démarche, qui est quand même très dure, si vraiment elles pensent que l’accompagnement sexuel peut leur apporter quelque chose, il ne faut pas hésiter. Il faut peser le pour et le contre.

Depuis début 2023, il y a des centres ressources spécialisés dans la sexualité. J’invite les personnes qui ont des questions diverses et variées sur la sexualité à se rapprocher des centres ressources qui peuvent les aiguiller dans leur sexualité.

vie affective et sexuelle des personnes en situation de handicap

>> Sexualité et handicap : rencontre avec Laetitia Rebord

Qu’est-ce qui pourrait améliorer significativement la vie et l’inclusion des personnes en situation de handicap ?

Il faudrait rendre les lieux de rencontres plus accessibles. En France,  il n’y a pas assez de possibilités de rencontres entre les personnes en situation de handicap et les personnes dites « valides ». Je prends l’exemple de l’accessibilité à Montpellier. Il n’y a pas tellement de bars qui sont accessibles pour les rencontres.

Sur les applications de rencontres, on se demande si c’est bien de mettre le handicap en avant ou pas. Car cela peut faire peur aux gens. Il faudrait alors que les gens soient toujours plus sensibilisés aux handicaps.

L’inclusion regroupe plein de choses. Il faut faire des efforts, que ce soit au niveau de l’accessibilité administrative, l’accessibilité des lieux, faciliter les soins mais c’est aussi la vie sexuelle et affective sur laquelle il faut faire des efforts. On ne peut pas faire comme si elle n’existait pas.

Des associations inspirantes

Le club de triathlon de Montpellier. Ils m’ont intégré et inclus dans leur groupe très rapidement. Ils me laissent une ligne que je puisse nager seul. Ils m’ont aidé pour trouver un tricycle.

Également, toutes les personnes qui prennent la parole sur l’assistance sexuelle. Je trouve ca bien ! Celui qui m’a inspiré, c’est Marcel Nuss.

Tout le monde a le droit a une vie sexuelle et affective. Que l’on soit en situation de handicap ou non ! Pour ma part, j’ai opté pour une assistante sexuelle et cela a changé ma vie !

Alexandra, chargée de communication.

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