Se retrouver face à une crise autistique peut être déstabilisant. Pas de panique, @l.oeil.atpyique est là pour vous donner ses conseils. Voici donc 10 conseils à suivre si vous assistez à une crise autistique. 

L’autisme

Qu’est-ce qu’une crise autistique ?

Les crises autistiques sont avant tout des trop-pleins. 

On peut prendre la métaphore d’une éponge qui aurait absorbé trop de choses au fur et à mesure de la journée, jusqu’à ce que cela ne soit plus possible de se remplir. Elle déborde donc de tout ce qu’elle a contenu quand on essore. De la même façon, il y a comme une limite aux nombres d’informations et de sensations qu’une personne autiste peut digérer, intégrer. Au bout d’un moment, si cela est trop intense ou trop douloureux, ça implose. La crise agit comme un régulateur qui décharge tout ça, abaisse les tensions, et ramène à la normale, afin qu’on puisse de nouveau avoir l’espace de traiter d’autres informations. 

Dans les pays anglo-saxons, on parlera de meltdown ou de shutdown. En France, où les recherches sont encore insuffisantes à ce sujet, on traduit ça par : un effondrement. 

 

 

Les crises autistiques

Quels sont les signaux d’alerte d’une crise autistique ?

La personne autiste aura souvent elle-même du mal à capter l’apparition de ses signaux. Cela monte en général de façon crescendo, allant d’un signe à l’autre, jusqu’au moment où on ne peut plus faire autre chose que s’effondrer. 

Les signaux peuvent être : se sentir étourdi ou irrité, ne plus avoir l’énergie de parler, bafouiller, être débordé par ses émotions, s’énerver sans raison, crier, s’agiter, faire les cent pas, pleurer. Les crises autistiques

Les signaux d’un point de vue extérieur

On peut voir la personne se replier sur elle-même, se boucher les oreilles, crier, se débattre ou au contraire rester figée. Elle peut paraître être ailleurs, ne plus suivre la conversation, être apeurée, se protéger. 

Elle peut aussi s’enfuir pour se mettre à l’abri, quitter subitement un lieu où elle se sent surchargée. Les muscles du visage peuvent s’affaisser dû à la fatigue et à la non-capacité de les maintenir. Ce qui donne aussi l’impression que la personne boude ou n’a pas le moral. En réalité, elle lutte juste pour maintenir des expressions adéquates. Cela lui demande des efforts trop coûteux. 

Parfois, et c’est souvent le cas chez les adultes, la personne autiste peut également se dissocier de son corps si l’intensité de ce qu’elle vit est trop forte, ou camoufler ses difficultés pour ne pas qu’on la juge. 

Les bracelets colorés, ou le fait d’instaurer des codes au préalable permettent d’aider à résoudre ces problématiques, en disant par exemple à un proche : “si je mets un bracelet orange, c’est que je commence à me sentir moins bien”, “si c’est rouge, c’est que je ne suis plus apte à te répondre ou communiquer.” 

« La surcharge sensorielle, un clip pour sensibiliser à l’autisme » est une vidéo animée sur le compte YouTube Aspitralopiteque, qui aide bien à comprendre ce qu’un autiste surchargé peut ressentir dans l’espace public. 

 Quels peuvent être les éléments déclencheurs ? (bruit, musique…) 

Nous vivons dans un environnement qui est très peu inclusif pour ce genre de particularités sensorielles. La majorité du temps, les autistes sont en suradaptation dans un monde qui n’est pas pensé pour eux. 

En partant de ce principe, tout peut devenir un potentiel déclencheur :

  • l’intensité d’un stimuli (une douleur, une émotion) 
  • l’accumulation de plusieurs stimulus et informations qui font embouteillage dans le cerveau 
  • la durée d’exposition à certains d’entre eux 

Les émotions, des interactions sociales trop longues ou trop nombreuses, une frustration à se faire comprendre ou à comprendre l’autre,  les bruits, les odeurs, les imprévus, le manque de clarté, la fatigue, la texture d’un tissu… un changement dans le planning: les potentiels déclencheurs sont nombreux et varient en fonction de l’âge, du mode de vie, de la personnalité et des contextes, car finalement chaque autiste a des particularités qui lui sont propres. C’est à force de les vivre, d’apprendre à les repérer, qu’on commence à observer des récurrences chez la personne, et qu’on peut ensuite tenter d’aménager un peu mieux son quotidien en fonction de ses préférences. 

Malgré le fait que chaque personne autiste est différente, et a des besoins propres (qu’il faudra au préalable vérifier avec elle!),  certains conseils de bon sens peuvent être appliqués sans trop prendre de risque quand on assiste à une crise autistique. Ils sont simples, ils peuvent servir au tout public, et ils aident ainsi à ne pas trop envenimer la situation. 

Les crises autistiques

>> À lire : L’application Origin’ailes pour faciliter le quotidien 

10 conseils si vous assistez à une crise autistique

1- Sécurisez l’environnement

Mettez la personne dans un coin plus calme si elle peut vous suivre, évitez que trop de monde l’entoure ou lui parle. Rassurez sur le fait que vous êtes là et que cela va passer, vérifiez qu’il n’y a pas d’objets dangereux autour d’elle. 

2- Évitez les surcharges verbales

Il est préférable d’éviter de donner trop d’instructions verbales à un.e autiste en crise. Étant déjà dans un état d’épuisement cognitif total, cela va forcer son cerveau à écouter vos mots, tenter de les comprendre, penser à ce qu’il ou elle doit vous répondre. Cela accentuera la surcharge. Préférez les questions fermées qui demandent de choisir entre  “oui” ou “non”, au mieux le silence, et si besoin utiliser la communication à l’aide d’un langage imagée (pictogrammes, photos, cartes des émotions).

3- Posez les objets utiles à proximité

Vous serez un super allié si vous posez des objets utiles à côté de la personne : son casque antibruit, de l’eau, un plaid. Bien souvent, elle n’aura pas l’énergie nécessaire pour pouvoir les chercher ou les porter elle-même. 

4- Évitez l’analyse

La personne autiste ne peut pas à la fois vivre sa crise (qui la met au moment où elle la traverse en situation de souffrance et d’urgence) et en même temps discuter avec vous, vous rassurer et vous expliquer les choses. Vous pouvez analyser plus tard, ou avant, mais pas pendant. Une fois une crise enclenchée, la personne est vulnérable et en situation de détresse, et elle n’est pas apte à réfléchir avec vous. 

5- Éteignez les appareils qui font du bruit

Coupez les notifications, éteignez les appareils électroménagers trop bruyants, les écrans. Ces petits gestes  éviteront d’ajouter des surcharges supplémentaires.

Les crises autistiques

6- Touchez la personne si consenti

Certains autistes ont besoin d’être touché ou serré. D’autres aiment les pressions, cela leur permet de sentir les limites de leurs corps pendant les crises et de moins angoisser. Ces gestes peuvent être mis en place si le consentement a été donné au préalable ou que vous avez pu en discuter avant l’effondrement. Des couvertures lestées peuvent également aider à cela. 

7- Privilégiez des lumières douces

Il se peut que les lumières trop fortes du type néons accentuent la surcharge, et qu’à l’inverse l’obscurité totale crée des angoisses. Laissez des lumières douces ou tamisées est un bon compromis qui évitera le trop-plein ou le noir complet. (sauf si le noir est la préférence de la personne !).

8- Évitez de culpabiliser ou de croire que c’est votre faute

Les personnes sur le spectre font des crises : ce n’est pas votre faute et cela n’a rien à voir avec vous. Cela vient en grande partie du fait que le monde n’est pas adapté à ce type de fonctionnement et n’a pas encore mis en place assez de zones d’inclusion, d’outils adéquats et d’aménagements. Évitez donc de culpabiliser. Si cela arrive ou que vos émotions vous envahissent, éloignez-vous pour ne pas faire sentir votre inquiétude. 

9- Evitez de croire que l’autre ment pour attirer l’attention

Le manque de connaissance au sujet du TSA  fait qu’on interprète à tort certains comportements comme étant des tentatives d’agressions, des envies d’attirer l’attention ou de faire des caprices. Il n’en est rien. C’est plutôt par protection et autodéfense que la personne autiste réagira comme ça. Elle se sent agressée et violentée par les stimuli qui l’entourent. Elle les ressent trop fort (plus fort que la majorité des gens). Et qui, quand ils sont trop nombreux,  lui font mal. 

10- Laissez l’autre se reposer

Une crise, et l’énergie dépensée à la traverser, s’installent sur la durée. Elle peut aller de quelques minutes à plusieurs heures ou jours. Cela nécessite presque toujours un temps de régénération, du repos pour se ressourcer, et refaire le plein d’énergie. Et puis tôt ou tard, après l’orage, le soleil revient ! 

Vous avez d’autre conseils à nous partager ? N’hésitez pas à nous le dire en commentaire ! 


Les crises autistiques

L’œil atypique est un projet de BD  que j’ai créé en 2020 , moi-même concernée par le TSA. Je dessine de façon poétique le quotidien que peuvent vivre les personnes neuroatypiques. Les dessins mettent en lumière des choses qu’on a peu l’habitude de voir représentées. L’errance médicale, la place des femmes et des adultes dans le spectre autistique,  les doutes quant à nos diagnostiques, les injustices sur le parcours de soins, le burn out sensoriels. Les besoins spécifiques qu’on peut avoir quand on est autiste. 

Afin de sensibiliser encore + sur le sujet des crises, j’ai co-créé un atelier avec @Planète_tsa, entièrement consacré à cette thématique. Une première édition a eu lieu en ligne en février 2023, mêlant à la fois schémas, explications, partages d’expériences et solutions concrètes. Par la suite nous souhaitons l’élargir à de nouvelles personnes intéressées, avec une envie forte de le rendre accessible à des secouristes, accompagnant.e.s,  ou professionnels des milieux médicaux. Nous l’avons créé car nous estimons que c’est un sujet de santé publique et qu’il y a un grand manque d’informations à ce sujet. Que ce soit pour les personnes autistes elles-mêmes ou pour leurs entourages.   

Pour la retrouver sur Instagram : @l.oeil.atypique.

Aude Habert est chargée de communication et d'événementiel chez Hop'Toys.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Taper la réponse pour valider votre commentaire * Time limit is exhausted. Please reload the CAPTCHA.