Quand on parle d’inclusion, on imagine souvent des aménagements visibles : une rampe d’accès, des pictogrammes clairs, une signalétique adaptée. Mais pour les personnes neurodivergentes (autisme, TDAH, hypersensibilités sensorielles, troubles DYS, etc.) l’inclusion ne s’arrête pas aux infrastructures.
Elle se joue aussi dans les détails invisibles de l’environnement, ceux qui peuvent apaiser ou au contraire déclencher une surcharge.
C’est là qu’entre en jeu le design neuro-inclusif : une approche qui ne vise pas seulement à « embellir » un espace, mais à le rendre réellement accueillant pour toutes les façons de percevoir et de ressentir le monde.

Pourquoi l’environnement compte autant ?
Pour certaines personnes, franchir la porte d’une école, d’un bureau, d’un lieu public ou encore des transports en commun peut déjà représenter une épreuve. Bruits, lumières vives, odeurs fortes, textures désagréables ou changements brusques de température… tous ces stimuli sont absorbés, traités et souvent amplifiés par un cerveau qui fonctionne différemment.
Un environnement pensé sans tenir compte de ces particularités peut devenir une source de stress, d’anxiété et même d’épuisement. À l’inverse, un espace conçu de façon neuro-inclusive agit comme un filtre bienveillant : il limite la surcharge et offre des repères clairs, des zones de ressourcement, des stimulations choisies et non imposées.

Les grands principes du design neuro-inclusif
Le design neuro-inclusif repose avant tout sur l’idée de respect sensoriel. Il ne s’agit pas de gommer toute stimulation, mais de permettre à chacun de trouver un équilibre.
Cela passe par plusieurs attentions concrètes :
- Des transitions douces entre espaces : éviter le passage brutal d’un couloir sombre à une salle surexposée, en prévoyant des zones intermédiaires qui laissent le cerveau s’adapter.
- Un contrôle des stimulations : proposer un éclairage modulable, réduire les bruits grâce à des matériaux absorbants, choisir des textures agréables et non agressives.
- Une organisation claire et prévisible : faciliter les déplacements par des repères visuels simples, une logique spatiale intuitive, des chemins faciles à anticiper.
- La possibilité de choisir : offrir des coins calmes pour s’isoler, des espaces plus dynamiques pour interagir, et laisser chacun moduler son confort.
- Un lien avec la nature : lumière naturelle, matériaux bruts, plantes… des éléments qui apaisent, réparent et reconnectent.
Ces principes sont valables à l’école, dans les lieux publics, au travail, et même à la maison. Ils ne profitent pas seulement aux personnes neurodivergentes : tout le monde se sent mieux dans un espace pensé pour réduire la surcharge et favoriser le bien-être.

Quand le lieu devient acteur de l’inclusion
Un bel exemple est celui du Centre Lise et Yvon Lamarre au Canada. Les architectes qui l’ont conçu ont travaillé sur la modulation des espaces : couleurs douces, zones calmes pour se recentrer, matériaux absorbant les sons, lumière pensée pour accompagner la vie quotidienne. Chaque détail a été pensé pour que l’environnement soutienne les personnes autistes et leurs proches, plutôt que de leur imposer des obstacles supplémentaires.
Ce type d’approche montre qu’un espace peut devenir un véritable allié. Plutôt que d’ajouter des « adaptations » après coup, on crée directement un cadre accueillant pour toutes les différences.

Comment l’appliquer dans le quotidien ?
Il n’est pas nécessaire d’être architecte pour s’inspirer du design neuro-inclusif. Dans une salle de classe, prévoir un coin calme avec un éclairage doux peut changer la donne. À la maison, penser à varier les niveaux de lumière ou à proposer des textures agréables dans les objets du quotidien est déjà une façon de respecter les sensibilités. Dans les espaces publics, multiplier les zones de retrait – une petite pièce, un banc dans un coin apaisé, une signalisation claire – est une manière concrète d’ouvrir la porte à plus de diversité.

L’idée centrale est simple : écouter les besoins sensoriels, donner des choix et éviter la contrainte unique.
Un enjeu de société
Chez Hop’Toys, nous savons que l’inclusion ne repose pas uniquement sur les outils ou les accompagnements, mais aussi sur les lieux dans lesquels ils prennent vie. Un matériel parfaitement adapté perd de son efficacité si la pièce est trop bruyante ou si l’enfant est écrasé par des stimulations visuelles. À l’inverse, un espace bien pensé devient un formidable facilitateur : il valorise, il apaise, il soutient l’autonomie et la confiance.
Penser le design neuro-inclusif, c’est donc aller au-delà du diagnostic et reconnaître que chacun mérite un environnement qui respecte son rythme, ses sens et sa singularité.

En conclusion
Le design neuro-inclusif n’est pas un luxe esthétique : c’est une condition pour que la neurodiversité soit réellement accueillie. C’est un regard neuf porté sur nos écoles, nos bureaux, nos maisons, nos villes. Et c’est une invitation à concevoir le monde non pas pour « la majorité », mais pour tous.
Sources et ressources : Concevoir pour l’inclusion et la neurodiversité : qu’est-ce que le design neuro-inclusif? | LEMAY – Architecture et design
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