Quand on a des difficultés alimentaires ou des troubles de l’alimentation, les repas peuvent devenir rapidement un moment désagréable, voire douloureux. Notamment si votre enfant a des difficultés sensorielles en plus. Dans cet article, Marie Ruffier-Bourdet, ergothérapeute spécialisée dans les troubles de l’oralité, vous donne ses conseils d’experte pour des repas de Noël sereins avec votre petit mangeur.

Noël et la surstimulation sensorielle

Noël, c’est magique ! Mais c’est un environnement qui va venir saturer nos seuils neurosensoriels et nous faire surréagir. 

  • Tactile : On peut nous imposer des tenues ou des contacts qui nous désorganisent.
  • Olfactif: Avec les préparations culinaires et le doux mélange des parfums de toutes les familles, on peut facilement être en évitement.
  • Gustatif : On va avoir devant nous des aliments que nous mangeons peu souvent. De ce fait, notre cerveau n’a pas pu avoir un phénomène d’habituation, fréquent, et surtout de maintien de l’habituation. Les mélanges de goûts et de textures peuvent également déstabiliser les papilles quand on a des difficultés pour discriminer les informations sensorielles les unes des autres.
  • Auditif : L’environnement est agressif, avec beaucoup de bruits, d’agitation, les jouets sonores, les gens qui parlent fort… Il y a de quoi être déstabilisé.
  • Visuel : La vision va également être mise à rude épreuve. Les gens bougent, les lumières clignotent, les adultes demandent qu’on les regarde dans les yeux quand on dit bonjour.  

Au niveau des habitudes, elles sont complétement chamboulées. On mange à des heures très différentes et, parfois, pour nos petit mangeurs, après l’heure, ce n’est plus l’heure.

Et il faut également prendre en compte les émotions et la gestion de celles-ci. À Noël, on passe de l’excitation à la joie, puis, parfois, à la frustration ou encore la peur, la vigilance… 

Alors je vous donne quelques astuces et conseils pour permettre à nos enfants de passer un Noël serein !

surstimulation sensorielle à Noël

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Conseils pour un Noël serein

Mettez-vous dans votre bulle

Vous savez mieux que quiconque ce que votre enfant veut. Les expériences des autres sont leurs expériences et non une science ou une vérité. Il n’est pas nécessaire de s’adapter dans notre attitude parentale ou encore de demander à notre enfant de s’adapter. Nous sommes aimés pour ce qu’on est et notre enfant ne doit pas apprendre à faire des choses pour faire plaisir aux autres.

Par exemple, on évite de demander à notre enfant de faire des bisous pour dire merci ou d’imposer un contact physique. Un signe, un geste, notre remerciement doivent suffire. Notamment si votre enfant croit au père Noël, il n’a pas à remercier tatie Josette… 

Soyez attentif à la préparation et l’anticipation

Pour certains enfants, il faut être attentif à la préparation. En amont, on peut montrer les personnes qui seront présentes. On peut également proposer de donner un planning des choses et, bien évidemment, un visuel des aliments qu’on va lui proposer mais qu’il n’est pas obligé de manger.

N’hésitez pas à faire manger votre enfant avant ou à lui préparer les aliments à amener à la fête. Le moment du repas pendant les fêtes n’est pas forcément le meilleur moment pour proposer de découvrir de nouveaux aliments.

Laissez-le prendre des pauses

Les temps de pause peuvent être importants pour votre enfant, notamment pour faire descendre son système de vigilance. Si votre enfant a besoin de s’isoler ou d’un moment dans le calme, c’est OK ! Il aura aussi certainement besoin de sa personne ressource et pourra refuser mamie ou papi, sans pour autant que cela veuille dire qu’il ne les aime pas.  

Diminuez les quantités de plats

Parfois, pour certains enfants, juste le fait de devoir tolérer les aliments, c’est compliqué. Alors, n’hésitez pas à lui donner une place loin des plats ou encore a expliquer qu’il ne faut pas passer les plats devant lui. 

Préparez-lui un repas selon ses goûts

En règle générale, quand ce sont les fêtes, on va vouloir manger des aliments qui sont agréables pour nous et nous font plaisir. Gardez en tête que ce que vous aimez n’est pas forcément ce qu’il aime. Si votre enfant a un panel alimentaire restreint, préparez-lui aussi un repas avec ses goûts copains. Ne vous sentez pas coupable de lui donner ses pâtes nature, ses nuggets et son Kinder en dessert… 

Sensibilisez la famille aux troubles de l’oralité

On va prévenir la famille que le trouble de l’alimentation n’est pas un caprice mais qu’il s’agit d’une maladie. C’est répertorié dans la CIM et il existe un consensus international. On rappelle qu’il est interdit de forcer un enfant à manger…  

Infographie sur les troubles de l'oralité

>> À lire aussi :  » Troubles de l’oralité : décryptage »

Pour conclure, ne perdez pas du temps à convaincre des personnes que vous ne pouvez pas convaincre. Les petits conseils sont là pour permettre à votre enfant de passer un moment agréable. Vous êtes les parents et vous allez donner le cadre pour que votre enfant aille bien. Ce que pensent les gens autour, ce n’est que ce qu’il pense. Ne prenez pas les émotions des autres pour vous.

Article publié le 20 décembre 2022. Mis à jour le 13 décembre 2023.


Marie Ruffier Bourdet, ergothérapeute diplômée en 2005 de l’école de Créteil, propose des formations sur l’alimentation du bébé et les troubles de l’alimentation en pédiatrie. Elle a été très vite plongée dans l’univers de la pédiatrie, dès le début de son activité. En effet, Marie accompagnait des enfants polyhandicapés au sein d’un SESSAD. Elle a été confrontée à la problématique des difficultés alimentaires. Elle a donc dû rapidement se questionner et chercher des réponses et des formations.

Vous pouvez la retrouver sur son site www.ergomums.com, où elle propose des articles, des accompagnements pour les parents, mais aussi des webinaires pour les professionnel·le·s de la petite enfance et de la santé. Elle propose sur les réseaux sociaux une vulgarisation des formations autour du développement sensori-moteur du bébé et de l’alimentation entre 0 et 2 ans.

Retrouvez-la sur Instagram : @ergomums.

Alexandra, chargée de communication.

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