Ouvrons les coffres à jouets de nos enfants. Trouverez-vous un jouet, des figurines ou poupées avec un fauteuil roulant, une aide auditive, une canne blanche ou avec un handicap particulier ? En France, 12 millions de personnes sont en situation de handicap. 15 000 enfants naissent avec un handicap chaque année, sans compter ceux qui sont diagnostiqués plus tard. Par exemple pour les troubles du spectre de l’autisme. Pourtant, ces enfants arrivent dans une société où, avant même d’avoir à affronter le monde, ils sont exclus par l’industrie qui crée leur divertissement, les objets qui alimentent leur développement et apprentissage : les jouets.

Pourquoi lui offrir un jouet qui lui ressemble ?

De plus en plus de marques de jouets commercialisent des poupées ou des figurines présentant un handicap. Une façon pour les enfants de pouvoir trouver un « mini-soi » à leur image. Créer des jouets à l’image des enfants est aussi un moyen de les inclure dans les rayons de jouets préformatés : être le seul dans votre classe ou école à avoir un handicap et ne jamais voir des enfants comme soi dans les livres, à la télévision, dans les films, les dessins animés, les jeux et les jouets peut conduire à un sentiment d’isolement et de faible estime de soi.

Se sentir représenté

Se voir représenté par un jouet, que ce soit une poupée ou une figurine, envoie un signal important d’inclusion dans la société et, de fait, dans le monde du jouet, où seuls sont représentés les enfants valides. Ces poupées figurent ainsi la diversité dans notre monde.

Dans une étude du Dr Saha parue en 2004, plusieurs chercheurs ont présenté deux poupées à un échantillon de 54 enfants avec trisomie 21 : une poupée ordinaire et une poupée avec les caractéristiques phénotypiques de la trisomie 21. Les chercheurs ont demandé à ces enfants de jouer avec, puis leur ont posé quelques questions. De leurs réponses, il ressort qu’ils s’identifient bien plus à la poupée ordinaire avec laquelle ils ont préféré jouer et à laquelle ils attribuent plus de traits positif, qu’à la poupée avec le syndrome de Down.

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Deux poupées avec trisomie 21

Interrogée sur les réseaux sociaux, Magali nous dit :

Ma fille a un handicap invisible et tout ce qu’elle subit, elle le fait subir à ses personnages : que ce soient la kiné, ses occlusions, la prise de traitement, les IRM et radios, les sondages ou lavements. Tout de chez tout. Elle répète les phrases entendues à l’hôpital. On a même posé une sonde naso à une poupée. Elle a beaucoup d’empathie quand elle s’occupe médicalement de ses personnages, elle leur fait même des exercices de yoga… ! Mais je pense que dans notre cas, c’est un exutoire qui l’aide à extérioriser ce qu’on lui fait.

Donatella nous dit :

En ce qui me concerne, les jeux d’identification pour enfants, tous ces jeux pour faire comme, devraient représenter toutes les diversités de la société, les petits gros, les grands, les minces, les différentes couleurs de peau et donc aussi les handicaps. Par contre, pourquoi pour les enfants porteurs de handicap ? Au contraire, pour tout le monde ! De la même façon qu’il est temps d’offrir des poupons et des poussettes aux petits garçons au même titre que des petites voitures, il est temps que les poupons ne soient pas tous blonds et neurotypiques ! Habituons les enfants à considérer la différence avec empathie et pas avec crainte !

Mila, avec trisomie 21, joue avec une poupée en fauteuil roulant

Et si, au contraire, ces jouets étaient plus utiles aux enfants sans handicap ?

Une poupée ou un poupon qui lui ressemble, pourquoi pas ? Mais ne serait-ce pas plus inclusif que chacun ait des jouets qui reflètent la diversité d’une manière vraiment inclusive, c’est-à-dire que l’enfant puisse se dire que ces jouets ne sont pas seulement « comme moi » mais « comme toi et moi » ?

Un enfant en situation de handicap peut jouer durant des heures avec une poupée ordinaire sans jamais se demander pourquoi elle n’est pas comme lui. Cela peut être très subjectif pour un enfant. Nous le voyons d’ailleurs lorsque nous présentons les poupées Myla et Noa. Certains enfants jouent avec cette poupée sans voir aucune différence. Certains n’en prendront conscience que plus tard.

Ces jouets sont utiles pour sensibiliser, normaliser le handicap. Ils exposent aux enfants diverses représentations des handicaps.

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Fille embrassant sa poupée

Raya Aljadir dit :

Bien que j’aie pu réaliser parfois ma propre version d’un fauteuil roulant pour ma poupée et ajouter des petites caractéristiques « imaginaires » qui ont contribué à rendre cette poupée porteuse d’un handicap, cela correspondait plus à un jeu de rôle que j’avais créé, plutôt qu’à une envie de recréer une image de moi-même.

Robert Hugues dit :

Ma femme est danseuse professionnelle et a un handicap moteur. Elle danse avec son fauteuil. Elle a dansé professionnellement avec le ballet gallois et écossais. Notre nièce a dit : « Quand je serai grande, je veux être comme elle ». Je lui ai demandé : « Tu veux être danseuse ? » Elle a dit : « Non, je veux un fauteuil roulant rose ». Le point de cette histoire est que les enfants n’ont aucun préjugé inné envers le handicap. Exposer tous les enfants à des personnages, des jouets et des histoires positives améliorera la vie de centaines de milliers de personnes handicapées, car ces enfants éclairés ne verront pas le handicap comme quelque chose d’étrange. Ils seront tolérants envers les gens qui n’ont d’autre choix que d’être différents.

Des poupées pour apprendre l’empathie et lutter contre les préjugés

Des recherches indiquent que ces poupées, qui représentent la diversité, favorisent le développement des jeunes enfants en augmentant leur empathie et en ouvrant la discussion sur le traitement des groupes stigmatisés. Connaissez-vous l’Approche de la poupée Persona ? Cette approche aborde différentes questions liées aux préjugés et aux stigmatisations, telles que le racisme, la xénophobie, la culture, le genre, la diversité, l’inclusion et, bien sûr, le handicap. Elle va permettre aux professionnels de la petite enfance, aux professeurs des écoles de les utiliser avec les enfants afin de soutenir leur développement émotionnel et renforcer leur appréciation de la diversité. Ces poupées ont ainsi un nom, une famille, une maison, un plat préféré…

L’Approche de la poupée Persona (PDA) est une approche d’éducation consciente des préjugés, d’apprentissage actif. Elle s’appuie sur les traditions universelles des contes afin de promouvoir l’inclusion et l’empathie, les problèmes de partialité et d’injustice, et développer ainsi l’intelligence émotionnelle et l’estime de soi. Des activités soigneusement conçues génèrent des discussions sur les questions de handicap et d’inclusion. Les enfants qui participent à ces activités sont invités à se souvenir de situations discriminatoires ou injustes qu’ils ont pu vivre, à décrire les sentiments qu’ils ont ressentis à ces occasions et à analyser comment ils ont réagi et comment ils auraient pu réagir.

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Poupée Persona sensibilisation et lutte contre les préjugés

L’Approche de la poupée Persona, c’est :

  1. Mettre en avant l’équité, l’égalité, et l’inclusion.
  2. Développer la communication et l’écoute de l’enfant.
  3. Créer une histoire autour de la poupée Persona, en encourageant l’empathie, la pensée critique et la résolution de problèmes.
  4. Sensibiliser, transmettre et mettre en œuvre des valeurs.

Notre sélection de poupées de sensibilisation et d’empathie

Des poupées

Noa et Myla, les poupées exceptionnelles : Myla et Noa sont des poupées permettant de sensibiliser les enfants à la trisomie 21.

Poupée empathie – Antonio : Lorsqu’on prend cette poupée dans les bras, on a l’impression de tenir un vrai bébé ! Les fesses lestées donnent une sensation de poids et le visage exprime sérénité, tranquillité et affection.

Poupées Nicoletta et David : Ces poupées sont vraiment adorables avec leur corps en mousse recouvert de velours, leurs vêtements pleins de fermetures diverses pour encourager la manipulation et leur grand sourire !

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Et si le but de ces jouets était bien plus de sensibiliser, de normaliser le handicap et ses perceptions en exposant les enfants aux diverses représentations des handicaps ? Connaissez-vous ces jouets ? Dites le nous en commentaire.

Article publié le 2 janvier 2019. Mis à jour le 23 mars 2022.


Sources : 
Carol Smith. Utiliser des poupées personnelles pour apprendre l’empathie et détruire les préjugés, Journal International de la diversité dans l’éducation. 2013
#ToyLikeMe
PERSONA DOLL. Persona Doll Training, equality in practice.
Sayoni Saha. Perception de soi chez les enfants atteints du syndrome de Down, National Center for Biotechnology Information. 2014

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