Jessica Joly, logopède belge nous raconte dans cet article sa passion pour la logopédie – ce que nous autres français appelons orthophonie – et comment cela se passe chez nos voisins les Belges.
Lors d’un stage de mon cursus en logopédie, je me souviens de ce garçon de 5 ans avec qui je travaillais pour la première fois. Je l’accompagnais dans sa tâche via la méthode TEACCH, pendant qu’il me pinçait la main et me crachait dessus. Ça y est, j’étais piquée par le virus : c’était ça que je voulais faire, c’était avec lui que je voulais travailler !
Un métier, divers publics
Mon diplôme en main, j’ai exercé dans plusieurs milieux : service d’hébergement pour adultes porteurs d’autisme, Service d’Aide à l’Intégration pour enfants et adolescents autistes, et à l’heure actuelle dans un Service d’Accueil de Jour pour personnes Adultes en situation de handicap. Mon travail est donc varié, selon les âges, la prise en charge individuelle ou collective, les lieux et la mixité des handicaps.
Je pratique une méthode plutôt comportementale, avec une approche visuelle et une structure toujours présente. Cette structure est un moyen très important pour les personnes avec autisme. En effet, notre société leur demande régulièrement des explications plus précises par rapport à leur attitude à adopter. Imaginez vous vivre dans un autre pays avec une culture totalement différente, arriveriez-vous à vous adapter facilement.
Quels outils utilises tu avec tes patients ?
Les outils que j’utilise régulièrement sont par exemple : un horaire avec leur photo et les tâches à réaliser, un descriptif de procédure, un outil avec pictogrammes ou mots les aidant à comprendre les comportements adaptés dans notre société … Toutes ces outils peuvent être réalisés sur papier ou à l’aide de logiciels sur tablettes (et oui, il faut vivre avec son temps …).
Pour moi, peu importe la méthode, l’important est de pratiquer avec conviction. La logopédie m’apporte une certaine créativité, une vision méta et une méthode d’évaluation me permettant de mettre en pratique mon savoir-faire via la réalisation de multiples outils comme expliqués ci-dessus ou de méthodes de communication. La méthode de communication la plus efficace est l’utilisation de supports visuels qui pour les personnes autistes est souvent plus claire et surtout moins abstraite que notre discours souvent parsemé d’embuches (ironie, sous-entendu et second degré). Face à des personnes qui parlent ou non, peu importe l’âge, la communication est indispensable car elle permet d’anticiper et de régler bien des choses. Il suffit parfois de prendre une feuille pour dessiner, de sortir ses pictogrammes ou d’écrire sur un ordinateur et avec persévérance ; le moindre petit signe de communication permet d’avancer.
Ci-dessous voici deux outils pratiques à utiliser pour la communication.
Cahier de communication XL : Un cahier de communication grand modèle qui se transporte comme un sac grâce à sa sangle. A l’intérieur, 8 pages en Veltex® agrippant au velcro® sur lesquelles vous pouvez mettre les pictogrammes/images (vendus séparément) dont vous avez besoin. Couverture rigide avec pochette de rangement pour les images non utilisées. Dim. fermé 30,5 x 29,5 cm.
Pictogrammes Ideo jeu essentiel : Le JEU ESSENTIEL est un incontournable pour bien structurer les journées bien remplies. Du matin à l’heure du coucher, votre enfant parviendra à accomplir tous les petits et grands défis du quotidien de façon plus autonome. Idéal pour tous les enfants, plus particulièrement pour ceux ayant un trouble au niveau de la communication et de la compréhension. Génial pour les parents qui désirent instaurer une routine sécurisante. Contient 280 pictogramme magnétiques, 1 IDEOstatik, 1 accroche porte vertical, et un marqueur à encre noire effaçable à sec. Dès 3 ans.
Le mot de la fin
Avec le recul et l’expérience, je reste convaincue de l’apport qu’une logopède peu apporter à une personne autiste. Les différents services où j’ai travaillé m’ont également ouvert les yeux par rapport au travail en équipe pluridisciplinaire et à l’importance de l’expérience de l’environnement de la personne. « Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin ». Mon secret réside également dans ma constante remise en question, dans la confiance que j’essaie d’apporter à chaque personne autiste mais surtout dans ma motivation et ma passion pour ce public.