Aujourd’hui, un enfant qui naît sourd sévère ou profond, ou qui le devient dans les premières années de sa vie est-il forcément exclu de la langue orale ? Pour en savoir plus, nous vous proposons un extrait du livre 100 idées pour aider un enfant sourd à communiquer en français aux Editions Tom Pousse. Cet ouvrage permet d’envisager un autre regard sur l’éducation du jeune sourd. Il met en évidence que la seule déficience auditive ne fait pas du jeune sourd un être à part, qu’il lui est possible de vivre une ordinaire au milieu des siens, à l’école, dans ses loisirs avec plaisir et partage.

Autrices du livre : Brigitte Maunoury-Loisel et Françoise Cattoni-Larroche.

Une communication multiforme avant tout

Langue et langage

Le langage est l’aptitude innée à communiquer, propre à l’être humain. C’est la faculté spécifique à l’homme d’utiliser la langue. Le langage est la « façon de s’exprimer, de communiquer », quelle que soit la langue. On dit par exemple « Il a un langage compliqué, vulgaire, précieux ».

Le langage se définit essentiellement comme « un mode de communication », il peut-être verbal (composé de mots) ou non-verbal (le langage corporel).

La langue est la manifestation de l’action de parler, c’est-à-dire un instrument de communication qui consiste en signes vocaux (le plus souvent) compris de la même façon par les membres d’une même communauté humaine. La différence fondamentale réside dans le fait que le langage est inné et la langue nécessite un apprentissage.

La communication avec le jeune enfant sourd

Quand un enfant naît sourd, la communication est perturbée. La boucle audio-phonatoire ne peut se mettre en place, il n’y a pas de stimulation auditive : donc impossibilité d’imitation. C’est pour cela que le babillage des premiers mois tend à s’appauvrir, voire à disparaître.

Parallèlement, l’essentiel est d’accompagner les parents afin qu’ils comprennent que la communication n’est pas que verbale. Communiquer, c’est avant tout se faire comprendre.

Il sera donc nécessaire de recourir des moyens multiformes afin de ne pas rompre la communication. Il est important de mettre en œuvre tout ce qui va favoriser la compréhension de l’enfant. Il ne faut rien négliger et expliquer le plus possible en situation en utilisant l’expressivité, les mimiques, les gestes. Les gestes peuvent être des gestes inventés en famille, souvent induits par l’enfant et qu’il s’appropriera d’autant mieux et/ou des gestes iconiques empruntés à la LSF (tels maison, mange, bois, fini, parti…).

>> À lire aussi :  » Récap » : Les livres des Editions Tom Pousse ».

Le regard

La communication avec le jeune enfant sourd nécessite d’être attentif à capter son regard et son attention, avoir la patience d’attendre qu’il regarde, le laisser aller jusqu’au bout de ce qu’il explore et n’intervenir que lorsqu’il est prêt et disponible pour regarder ce que nous avons à lui dire.

Dès les premiers jours, le bébé cherche le regard et est très attiré par les yeux de l’adulte. C’est ainsi que, peu à peu, il deviendra capable de fixer et soutenir votre regard. Grâce à ce regard, il pourra entrer en interaction, maintenir cette interaction et mettre fin à cette interaction.

L’imitation

Dès les premiers jours de sa vie, l’enfant est capable d’imiter l’adulte, lorsqu’il ouvre la bouche ou tire la langue, si l’adulte fait les mouvements de façon lente et répétitive. L’imitation est la base de la construction du langage.

Il est donc très important d’imiter l’enfant, car lorsque l’adulte imite ses sons ou ses actions, il attire son attention, il se met à son niveau, il entre en relation avec lui, il lui montre qu’il s’intéresse à ce qu’il dit et fait, il lui montre qu’il a bien reçu et compris son message.

L’attention conjointe

L’attention conjointe se caractérise par une association et une coordination de comportements (regard alterné entre un objet et une personne). Elle se met progressivement en place durant la première année de vie.

La réalisation de l’attention conjointe demeure un des défis importants de la communication avec l’enfant sourd. Lorsque, dans des situations d’interaction, l’enfant détourne les yeux, la communication est rompue.

>> À lire aussi : « Psychomotricité : surdité et troubles vestibulaires ».

La scolarité

Une communication adaptée

En milieu scolaire ordinaire, l’enfant sourd se mobilise pour recevoir les messages, les comprendre et y répondre. Toutefois, parce que la communication est un échange, il est à tout à fait légitime que le jeune sourd attende de son interlocuteur une reconnaissance de sa déficience auditive pour faciliter la communication.

Reconnaître la déficience auditive veut dire adapter son comportement dès lors que la discussion se met en place. Pour cela, quelque soit la situation, quelque soit le profil de la personne sourde, il convient de (liste non exhaustive) :

  • Se placer face au jeune sourd, à hauteur de son visage pour qu’il puisse lire sur les lèvres et prendre des indices d’expressions sur le visage;
  • S’assurer d’avoir le visage bien éclairé (attention au contre-jour);
  • Parler de façon naturelle, sans exagérer son articulation, sans parler fort;
  • Regarder le jeune quand on lui parle et donc éviter de regarder ailleurs en parlant;
  • Accompagner le discours de gestes para-verbaux qui rythment le discours;
  • conserver sa mélodie, ses intonations.

L’enseignant et l’élève sourd

Quelques précautions sont nécessaires afin de faciliter la communication en classe :

  • Se placer en face de l’élève de façon à ce qu’il lise sur les lèvres, parler de façon naturelle, sans exagérer son articulation, sans parler fort, avec un débit de parole confortable;
  • Le regarder quand on lui parle. Le regard a un rôle de prise de contact et de maintien de la communication.
  • Utiliser des supports visuels complémentaires du discours dès que cela est possible comme la désignation qui permet d’identifier de façon efficace et non ambiguë l’objet dont il est question ;
  • Faire participer l’élève sourd;
  • Faire respecter les tours de paroles.

Alexandra Valette, Cheffe de projet communication et influence.

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