Même s’il est reconnu qu’on peut apprendre toute sa vie, la question qu’on va se poser ici porte sur la manière de le faire. En effet, il est intéressant de se demander : est-ce que l’on apprend tous de la même façon ? On a rencontré Elisabeth Sanchez-Gelineaud, enseignante-orthopédagogue à Montpellier et formatrice au sein d’IFEO (Institut de Formation des Enseignants Orthopédagogues). Dans cet article, elle va nous parler des différentes méthodes d’apprentissage et de leur importance. 

Le processus d’apprentissage : Comment on apprend ?

Pourriez vous définir l’apprentissage ?

Premièrement, il faut rappeler que des processus d’apprentissage peuvent correspondre à des processus d’enseignement. Il y a un vrai couplage entre enseigner et apprendre, l’un ne va pas sans l’autre.

L’apprentissage désigne un processus qui permet à l’apprenant l’acquisition de savoir, savoir-faire ou connaissances lui permettant de penser et d’agir. Il implique les dimensions sociales, cognitives et affectives de l’apprenant pour modifier sa structure cognitive de manière indéfinie et intemporelle. L’apprentissage renvoie donc à des processus individuels.

L’école est censée faciliter l’apprentissage avec plus ou moins d’affordance. Cependant, l’intervention d’un enseignant-orthopédagogue est parfois nécessaire. Ce dernier veille à faciliter et à conscientiser le cheminement pour comprendre, apprendre, mémoriser et restituer. Pour ce faire, il propose des méthodes d’apprentissage, des outils et des adaptations les plus personnalisés au profil (aux spécificités) de chacun de ses apprenants.

aprentissage

>> À lire : Rendre accessibles les supports d’apprentissage.

On apprend tous différemment !

Chaque apprenant est différent. En orthopédagogie, on accorde beaucoup d’importance à ce que l’apprenant prenne conscience de ses propres mécanismes et méthodes d’apprentissage et qu’il connaisse ses aptitudes dominantes pour déterminer la ou les techniques d’apprentissages qu’il devra mettre en place pour mieux apprendre.

Il est donc important que les apprenants comprennent leurs processus d’apprentissage. Le but étant de les guider et de développer celui qui leur convient le mieux en fonction de leurs profils personnels et de leurs besoins. Dans sa pratique, l’enseignant-orthopédagogue prend appui sur les apports de la recherche, afin de guider l’apprenant vers des méthodes d’apprentissage éprouvées scientifiquement. 

Les 4 grandes étapes dans le processus d’apprentissage (Attribué à Abraham Maslow)

1- L’incompétence inconsciente

Je ne sais pas que je ne sais pas.

L’apprenant ne se doute pas qu’il n’a pas les compétences attendues et n’en a pas conscience, car il manque de savoirs ou d’expériences.

2. L’incompétence consciente

Je sais que je ne sais pas. Je réalise que je ne sais pas, et qu’il va vouloir apprendre.

L’apprenant prend conscience de son manque de compétences. À cette étape, ce dernier possède assez de savoir et/ou d’expérience pour réaliser qu’il n’est pas capable de comprendre ou d’appliquer une règle ou utiliser une aptitude. La prise de conscience qu’un apprentissage est nécessaire peut alors se révéler déstabilisante. Il y a un écart entre la performance de l’apprenant et son attente.

3. La compétence consciente

Je sais que je sais. (Apprentissage)

L’apprenant s’engage dans le processus conscient d’acquisition de la compétence manquante. Il doit développer des méthodes efficaces, fournir des efforts, répéter, prêter attention, pour ancrer de manière efficace ce nouvel apprentissage de manière durable et efficace.

Cependant l’expérience reste insuffisante pour faire de façon efficace. L’apprenant s’engage dans un processus conscient d’apprentissage, qui nécessite un effort important d’attention et de répétition.

4. La compétence inconsciente

Il ne sait plus qu’il sait. (Automatisme)

À force de répétitions, l’apprenant devient expert et ne se pose plus la question de comment il s’y prend.

L’apprenant atteint un stade où la compétence est complètement ancrée et ne nécessite plus d’accompagnement. Il devient expert et atteint un seuil d’expérience suffisant. La compétence est acquise, efficace et automatisée.

Mon métier est passionnant, en qualité d’enseignante-orthopédagogue, j’accompagne l’apprenant tout au long de ces étapes ; processus plus ou moins long en fonction de l’apprenant.

Des enfants rient en classe

>> À lire et télécharger : Téléchargez la pyramide des apprentissages 

On apprend mieux via tous nos sens

Nous aurions tendance à penser qu’un apprenant est doté d’un « profil » d’apprentissage spécifique (visuel, auditif, kinesthésique…). Prendre en compte les styles d’apprentissage serait alors une garantie pour la réussite de tous à l’école.

Cependant, la recherche en neurosciences sur l’organisation fonctionnelle du cerveau met l’accent sur la nécessité de développer des modalités d’apprentissage multisensorielles afin de rendre les apprentissages efficaces.

Avec votre expérience d’enseignante-orthopédagogue, connaître son profil fait-il la différence 

Selon le profil de l’apprenant, ses besoins, sa motivation et sa compréhension, l’enseignant-orthopédagogue doit veiller à proposer toutes les clés et les entrées possibles pour lui permettre de progresser. Il ne se limitera donc pas au profil dominant de l’apprenant. En effet, dans sa pratique, l’enseignant-orthopédagogue fait prendre conscience à l’apprenant de la méthode prédominante utilisée, mais il lui permet aussi d’explorer et de s’approprier d’autres méthodes en fonction de ses aptitudes et des objectifs à atteindre. On peut donc dire que ce travail métacognitif  lui permet alors une meilleure compréhension du processus d’apprentissage développé.

Des processus d’apprentissage spécifiques pour les enseignants ou parents ?

Voici quelques moyens que je conseillerais aux parents et aux enseignants pour faciliter les apprentissages de tous les élèves, y compris les élèves à besoins éducatifs particuliers.

Favoriser l’apprentissage multisensoriel

La stimulation multisensorielle vise à améliorer les capacités cognitives des apprenants (canalise l’attention, associe un sens à une information et suscite de la motivation).

Tous nos sens, tout notre corps peuvent être mis au service des apprentissages et dans tous les domaines : maths, écriture, lecture…

Se créer des images mentales pour apprendre

Se créer des images mentales permet de se représenter mentalement une situation, une notion purement abstraite…

Varier les supports

Parler, utiliser du matériel concret, montrer des images, des dessins, utiliser des couleurs, pictogrammes…

 Utiliser la carte mentale (le mindmapping)

Cet outil permet entre autres de renforcer de nombreuses fonctions exécutives. Le mindmapping  peut être utilisé pour organiser les apprentissages, planifier une procédure, clarifier ses idées, faire émerger ses représentations, structurer ou encore mémoriser efficacement et à long terme. La carte mentale permet donc à l’apprenant d’être engagé, actif, motivé et concentré.

cartes mentales

Favoriser la métacognition

Travailler la métacognition permet de discuter et d’évaluer les stratégies utilisées et de développer une meilleure connaissance de ses propres mécanismes.

En tant que parent, n’hésitez pas à demander à votre enfant de vous expliquer les différentes étapes par lesquelles il est passé pour obtenir son résultat. Ce travail réflexif, permet à l’apprenant de conscientiser les opérations effectuées pendant et après l’activité. C’est lui permettre de réfléchir à ce qu’il fait J. Je vous encourage à lire l’article de Nicole Lauzon, EAO et conseillère pédagogique de l’AOTA.

Rédiger des fiches de procédures

Les fiches de procédures peuvent permettre à l’apprenant de réussir dans une compétence donnée et d’alléger la mémoire de travail. L’apprenant s’appuie sur cette fiche afin de répéter la démarche à suivre pour accomplir efficacement la tâche demandée.

Être organisé et cohérent

Les neurosciences mettent l’accent sur la nécessité de proposer à l’apprenant un environnement varié, riche, stimulant, mais surtout structuré.

S’appuyer sur les forces

Penser à s’appuyer sur ses forces, les pointer pour le motiver et l’encourager. N’oubliez pas de l’encourager à chaque fois que cela est possible !

Utiliser du matériel spécifique

Proposer à l’apprenant d’utiliser des outils adaptés (guide doigt, le surligneur, un plan incliné, le Time Timer, un cache ou guide lecture pour suivre la ligne.

Les aides technologiques

De nos jours, les apprenants ont la chance de pouvoir bénéficier d’aides technologiques. Les ressources technologiques sont nombreuses et viennent au secours des ressources internes, parfois difficiles à mobiliser. N’hésitez pas à utiliser ces outils à la maison pour faire les devoirs.

Pour les parents et les enseignants qui ne le savent pas encore, un pack de logiciels et de ressources disciplinaires adaptées au collège est proposé gratuitement aux collégiens.

MCNC pour Mon Cartable Numérique du Collégien est composé : d’une centaine de logiciels gratuits, de logiciels spécifiques pour les enfants ayant des troubles de l’apprentissage, d’une bibliothèque numérique, comportant plus de mille ouvrages en français et langues vivantes et de très nombreuses ressources disciplinaires (animations…).

Les aides technologiques d'apprentissage

>> À lire : Le langage et la communication pour tous .

Exemple de stratégies proposées pour mémoriser l’orthographe des mots à apprendre

comment mémoriser l'orthographe d'un mot

Les valeurs et la motivation qui m’animent aujourd’hui sont les mêmes que celles qui m’ont poussée à devenir enseignante puis enseignante spécialisée dans l’éducation nationale.  Accompagner tous les élèves dans leur parcours d’apprentissage quelle que soit leur singularité.

Aujourd’hui, je suis très heureuse de pouvoir transmettre mes connaissances, mes compétences et mon expérience à d’autres enseignants passionnés qui souhaitent se lancer eux aussi dans l’accompagnement orthopédagogique. Miriam Laporte (enseignante-orthopédagogue à Aix en Provence), m’accompagne dans cette belle aventure de formatrice au sein d’IFEO (Institut de Formation des Enseignants Orthopédagogues).

IFEO accompagne les enseignants souhaitant développer une pratique orthopédagogique en classe ou en libéral.

Pour conclure, on peut dire que l’on n’apprend pas tous de la même façon. L’important est donc de savoir s’adapter aux élèves/enfants en leur proposant la méthode la plus adaptée à leur capacité d’apprentissage.


Elisabeth Sanchez-Gelineaud, enseignante-orthopédagogue

IFEO est un institut de formation qui accompagne les enseignants souhaitant développer une pratique orthopédagogique en classe ou en libéral.

Je suis enseignante et orthopédagogue à Montpellier. Après avoir travaillé de nombreuses années comme professeure des écoles puis comme enseignante spécialisée au sein d’un RASED, j’ai complété ma formation initiale pour exercer en qualité d’enseignante orthopédagogue. Depuis plus de 8 ans, j’accompagne principalement des apprenants en difficulté ou ayant des troubles d’apprentissage. Je suis donc une pédagogue spécialiste de l’apprentissage. Et plus spécifiquement des interventions visant à soutenir ceux et celles qui manifestent des difficultés dans les apprentissages. J’interviens également au niveau du développement des stratégies cognitives et métacognitives et je soutiens la mise en place de conditions propices à l’apprentissage.

Mail : orthopedagogue.montpellier@gmail.com // Site : https://www.apprendre-autrement-montpellier.com/

Facebook : Apprendre Autrement Orthopédagogue Enseignante

Aude Habert est chargée de communication et d'événementiel chez Hop'Toys.

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