« Attention, écoutez bien ce qu’il faut faire ! ». Quel enseignant n’a jamais tenté d’attirer l’attention de ses élèves au moment de donner les consignes ? Car ces dernières sont partout à l’école : dans les acquisitions bien sûr, mais aussi dans la remédiation, le soutien… Mais en quoi consiste-t-elle et quels sont ses enjeux ? Et comment passer efficacement une consigne pour que tous les élèves puissent la comprendre ? Focus sur cet outil clé des apprentissages, omniprésent dans tous les champs d’apprentissage.

Les consignes : définition et enjeux pour l’élève

Des informations envoyées par l’enseignant à l’apprenant en vue de réaliser un exercice… mais pas que !

La consigne est un message destiné aux élèves, en provenance du maître ou de la maîtresse. Il s’agit d’une commande qui aura pour but d’aider l’élève à se figurer ce qu’on attend de lui et à élaborer une stratégie d’action pour parvenir au résultat souhaité. Si la transmission de ce message ne s’effectue pas correctement, alors la communication entre l’émetteur (l’enseignant) et le récepteur (l’élève) ne pourra s’établir, risquant de mettre en péril les apprentissages. Mais dans quel cadre cette définition s’applique-t-elle ? S’agit-il seulement des moments de classe, où l’enfant écoute, écrit, copie, intervient à l’oral ?

Jean-Michel Zakhartchouk, pédagogue et rédacteur aux Cahiers pédagogiques, propose quant à lui une signification très large de la consigne scolaire en la définissant comme :

Toute injonction donnée à des élèves à l’école pour effectuer telle ou telle tâche.

Les consignes pourraient donc bien fleurir de toute part pendant la journée d’école, bien loin des clichés qui la cantonnent à la simple exécution d’un exercice sur un cahier de mathématiques ou de français… Elle serait partout et tout le temps, dans la cour de récréation comme en classe !

Des instructions à considérer selon leurs visées

Philippe Meirieu, pape de la pédagogie qu’on ne présente plus, a quant à lui concentré sa réflexion sur le domaine des apprentissages scolaires. Il a proposé une classification des consignes selon leurs visées. Il en dégage 4 types, qui pourraient s’avérer d’une grande aide à l’enseignant pour bâtir ses séquences.

Les consignes-buts

Elles tendent vers la réalisation d’un projet et jouent sur la motivation intrinsèque de l’écolier à accomplir de la tâche.
Ex. : « Aujourd’hui, nous allons écrire une histoire : il s’agira d’inventer une autre version des 3 petits cochons. Nous irons ensuite la lire aux élèves de Grande Section ».

Les consignes-procédures

Il s’agit de respecter un certain nombre d’étapes obligatoires pour atteindre l’objectif demandé.
Ex. : « Pour préparer ce gâteau, nous devrons d’abord préchauffer le four à 180° puis faire fondre 200 g de chocolat à pâtisser avec 100 g de beurre dans une casserole… »

Les consignes-structures

Elles constituent des points de vigilance sur lesquels les élèves doivent se montrer particulièrement attentifs.
Ex. : « Attention à ne pas confondre “ce” et “se” pendant la dictée ».

Les consignes-critères

Leur but est d’aider l’élève à visualiser la tâche à réaliser et à vérifier si celle-ci correspond bien à ce que l’enseignant attend.
Ex. : « Le texte doit être rédigé sous forme de phrases et conjugué au présent de l’indicatif. Il doit comporter 3 paragraphes ».

Des injonctions impactant l’élève et ses apprentissages

Et l’élève dans tout ça ? Quels bénéfices peut-il tirer d’indications bien formulées, à l’oral comme à l’écrit ? La consigne a un rôle important à jouer dans la réussite de l’écolier et ses casquettes sont multiples.

  • Pourvu qu’elle soit verbalisée de façon efficace, elle pourra booster la compréhension de l’élève pour le faire progresser à son rythme.
  • Le passage de consigne stimule l’attention de l’enfant et l’amène à s’impliquer dans la tâche.
  • Sous réserve qu’elle ait été formulée de façon ouverte, c’est-à-dire en guidant très peu l’élève dans la réalisation de l’exercice, elle favorisera sa prise d’initiative. Celui-ci se trouvera effectivement face à différentes stratégies de résolution, parmi lesquelles il lui faudra choisir. Il aura ainsi la possibilité de travailler sa faculté d’autodétermination, en procédant par essais-erreurs.

Les consignes : comment les faire passer efficacement

>> À lire aussi : Accompagner les élèves vers l’autodétermination

Comment passer efficacement une consigne : quelques astuces

Donner à la consigne un rôle central dans la construction de séance

Au moment de bâtir sa séquence, puis sa séance d’apprentissage, il est conseillé au professeur des écoles de s’interroger sur plusieurs points. Il s’assurera ainsi que les énoncés qu’il proposera à ses élèves (oraux comme écrits) seront adaptés et permettront réellement à ces derniers d’exécuter la consigne.

  • Quel est le but de la consigne pour l’élève ?
  • L’élève pourra-t-il réellement effectuer la tâche grâce à l’énoncé ?
  • La compréhension de la consigne est-elle directement évaluable ?
  • Est-il important pour l’élève que j’explicite mes instructions, voire que je les fragmente ?
  • Puis-je me contenter d’injonctions orales ou un support écrit est-il indispensable ?
  • Quelles modalités lui fournir pour l’exécution de la tâche : imposer un temps imparti ? Lui proposer des outils ?

Aider tous les élèves à comprendre : quelques conseils de différenciation à appliquer en classe

Pour tous les enfants, quels que soient leurs profils

Parce qu’il y a autant de façons d’apprendre que d’élèves, nous avons répertorié ici quelques astuces pour que la consigne ne soit plus un obstacle à la compréhension de la tâche.

Énoncer clairement les objectifs de la séance : que va-t-on apprendre aujourd’hui ?

Ex. : « Aujourd’hui, nous allons apprendre le sens de la multiplication. À la fin de la séance, vous saurez ce que signifie le signe x ».

Annoncer un objectif d’écoute

Ex. : « Je vais vous lire une histoire deux fois. Attention : il faut bien l’écouter, car je vous poserai ensuite des questions sur les personnages ».

Faire reformuler par les élèves la nature de la tâche

Mais aussi ce qui est attendu à la fin de l’exercice. Faire paraphraser la consigne par des pairs est également un excellent moyen de vérifier que l’ensemble de la classe a bien compris ce qu’il faut faire. Les élèves comprennent parfois bien mieux avec les mots d’un camarade que ceux de la maîtresse !

Ex. : « Qui peut dire sur quoi nous travaillons ? »

Donner un exemple de ce qui est attendu.

Réaliser la consigne en collectif avec les élèves, pour que celle-ci devienne plus concrète pour eux. Expliciter chacune des étapes, pour ne laisser personne sur le bord de la route.

Ex. : « La consigne nous dit : Entoure de différentes couleurs les mots qui sont synonymes. Nous allons donner un exemple tous ensemble. Si j’écris au tableau : beau – laid – joli – horrible – superbe, qui peut me dire ceux qui sont synonymes ? Qu’est-ce que ça veut dire déjà “synonyme” ? Oui, c’est ça, ce sont des mots qui veulent dire la même chose. Joli, superbe et beau vont ensemble, je les entoure en rouge par exemple ; tandis qu’horrible et laid vont ensemble également, je les entoure en bleu. »

Pendant que les enfants sont au travail

Ne pas hésiter à passer dans les rangs pour dissiper d’éventuels malentendus. Vous constatez des erreurs récurrentes d’un cahier à l’autre ? C’est qu’il est sans doute nécessaire de réexpliquer, répéter, clarifier certains points. Faites une pause et un petit retour en collectif pour diriger les enfants sur la bonne voie.

Ex. : « Je vois qu’un certain nombre d’entre vous sont partis sur la mauvaise piste. Posez vos stylos, et écoutez bien : nous allons réexpliquer ce qu’il faut faire ».

Passer par tous les canaux pour correspondre à tous les profils d’élèves (visuels comme auditifs) :

  • l’oral : dire, répéter, jouer sur les intonations, l’articulation, détacher les syllabes, faire une pause ;
  • l’écrit : noter la consigne au tableau, des mots clés, des exemples.

les consignes

Parce que, pour être transmise efficacement, une instruction se doit de comporter des termes que les élèves peuvent comprendre, voici une sélection de 2 jeux qui travaillent les verbes des consignes scolaires les plus régulièrement utilisées. 

Irrégul’idée : Ce jeu permet de travailler la compréhension de consignes : recopie, épelle à l’endroit ou à l’envers, dicte… Il travaille la conceptualisation des instructions et en favorise la manipulation mentale. 

Tam-Tam les consignes : Un super jeu pour travailler la compréhension des consignes scolaires ! Barre, souligne, coche, complète… Le sens des verbes les plus fréquents y est abordé de façon ludique… sans en avoir l’air ! 

Pour les élèves en situation de handicap (TDAH, DYS, TSA…)

Les enfants à besoins particuliers présentent des difficultés d’apprentissage spécifiques, auxquelles les enseignements doivent être adaptés. 

Créer les conditions d’une concentration optimale en évitant toute source de distraction.

Vous pouvez placer l’enfant près de vous afin de pouvoir lui apporter un accompagnement spécifique. S’il a besoin de bouger sur sa chaise, avoir quelque chose dans les mains pour favoriser sa concentration, proposez-lui des assises dynamiques ou des fidgets.

Les doubles-consignes sont les ennemies de l’élève TDAH, DYS ou TSA.

Pour y remédier, mieux vaut fractionner les consignes, les séquentialiser, les concevoir aussi brèves que possible.

Éviter les phrases négatives dans les consignes.

Ne dites pas : « Entourez tous les mots qui ne sont pas des verbes », mais : « Entourez tous les mots qui sont des adjectifs ».

Opter pour des consignes ouvertes plutôt que fermées.

Les consignes fermées, beaucoup plus guidées et fournies en conseils, sont très rassurantes pour les élèves en situation de handicap.

Ex. : « Transforme cette phrase au présent. Fais bien attention à accorder le sujet avec le verbe ».

Préférer la qualité à la quantité.

Les élèves TDAH, DYS ou TSA sont plus fatigables. Adaptez-vous à leur rythme pour y aller pas à pas dans les apprentissages.

Pour l’aider à s’organiser, inciter l’élève à avoir recours aux couleurs.

Vous pouvez lui surligner les informations importantes dans la consigne.

Les supports visuels sont indispensables pour faciliter la mémoire de travail.

Ne pas hésiter à apporter une aide supplémentaire en proposant des pictogrammes pour les consignes du type : découper, coller, souligner, entourer…

Ex. : Un sous-main qui regroupe les différentes consignes de classes sous forme d’illustrations peut être d’une grande aide.

Montrer à quoi doit ressembler l’exercice une fois terminé.

Ex. : Vous avez donné un programme de construction géométrique à effectuer. Mettez à disposition de l’élève le résultat final afin de lui donner un point de repère sur le rendu de la tâche.

Les manuels sont souvent truffés d’images.

Pour les enfants DYS, TDAH ou TSA, cela peut les détourner de la consigne.

Ex. : Faire des montages en ne gardant que l’écrit à proprement parlé peut être une solution. Photocopiez l’exercice en plus gros et en plusieurs exemplaires peut également lui faciliter le travail.

Les consignes

Boîte de rangement pictogrammes : Vous avez conçu des pictogrammes relatifs aux consignes scolaires pour vos élèves à besoins particuliers ? Ces boîtes de rangement leur seront très certainement d’une grande utilité !

Écran de concentration pliable study buddy : Pour aider vos élèves TDAH, DYS ou TSA, procurez-leur un écran de concentration qui leur évitera les distracteurs extérieurs… Un dispositif parfait pour rester attentif à la consigne !

Et vous, comment travaillez-vous le passage de consigne dans votre classe ? Partagez-nous vos astuces en commentaires !


Sources :

Ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Eduscol : Travailler la compréhension de consigne, mars 2016.
Philippe Meirieu, Apprendre, oui, mais comment ?, ESF éditeur, 1993
Jean-Michel Zakhartchouk, Attention aux consignes !, Cahiers pédagogiques n° 483, septembre 2010.
HyperSupers TDAH France, Fiche Conseils pour l’école, octobre 2022.


Marion DESHAYES

 

Je m’appelle Marion DESHAYES. Je suis rédactrice web SEO et professeure des écoles depuis 2006. Ma longue expérience en tant qu’enseignante remplaçante m’a permis de balayer tous les niveaux de l’école primaire. J’ai également officié dans l’enseignement spécialisé : j’ai fait classe en IME, en ULIS-Ecole et en ULIS-Collège. Je suis désormais enseignante titulaire de ma propre classe, en petite section… et totalement passionnée par la question de l’inclusivité à l’école ! Retrouvez-moi sur LinkedIn !

Aude Habert est chargée de communication et d'événementiel chez Hop'Toys.

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