Vous avez l’impression que ce dont votre enfant aurait surtout besoin serait d’apprendre à apprendre ? Pour que tout ce temps passé sur ses leçons, ses apprentissages soit plus fructueux ? Vous vous interrogez sur les outils que vous pourriez mettre à sa disposition pour l’aider à être plus efficace dans ses apprentissages, lors de ses devoirs ou pour préparer ses examens ? Hélène Peteau, ergothérapeute spécialisée dans les troubles d’apprentissage, vous conseille ici 10 outils et méthodes éprouvés, et basés sur les recherches en neurosciences, pour optimiser l’incroyable potentiel du cerveau de votre enfant ! Et lui apprendre à apprendre !

1. Utilisez la méthode du Pomodoro pour capter l’attention

L’attention (c’est-à-dire la capacité à écouter et à exécuter une tâche) des enfants varie considérablement en fonction de l’âge, de l’activité et de l’environnement. Pour un enfant de 5-6 ans, la durée est environ de 15 à 20 minutes. Elle serait de 20 à 30 minutes pour un enfant de 7-8 ans, puis de 25 à 35 minutes chez les enfants de 9-10 ans, pour atteindre de 30 à 40 minutes chez les enfants qui entrent au collège.

La technique POMODORO (« tomate » en italien) se base sur l’usage d’un minuteur comme le Time Timer. Vous devez simplement le régler sur une durée qui vous parait réaliste, et éliminer toutes les distractions possibles afin que votre enfant puisse se concentrer. Accordez-lui ensuite une récompense pour qu’il mette son attention au repos et profite de la pause ! Quelques séances de ce type vont faire progresser l’enfant dans son travail !

Jeunes enfants qui lisent.

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2. Aidez votre enfant à ajuster la dose d’attention nécessaire à la tâche demandée

Jean-Philippe Lachaux, neurobiologiste et spécialiste de l’attention, utilise l’image de la poutre pour quantifier l’attention dont on va avoir besoin pour effectuer une tâche. Il faut s’imaginer marcher sur cette poutre en estimant ces 3 dimensions avant d’entreprendre une activité scolaire :

  • La poutre peut être longue ou courte selon la durée de l’activité.
  • Sa hauteur permet de mesurer le niveau du défi : elle est élevée lorsqu’on prépare un concours crucial ou au ras du sol, s’il s’agit d’un simple exercice. Les conséquences ne seront pas les mêmes en cas de chute.
  • Enfin, cette poutre peut être étroite ou large, en fonction du niveau d’attention exigé pour bien rester en équilibre dessus. On peut imaginer que plus un exercice est difficile, plus son étroitesse sera marquée.

Permettre à l’enfant de comprendre ce concept avant d’entreprendre l’exercice est judicieux pour lui apprendre à doser l’effort attentionnel nécessaire, un peu comme un skieur avant la descente d’une piste de ski alpin. Il doit préparer le terrain : connaître la longueur de la piste, son niveau de difficulté indiqué par les balises colorées et son état physique, pour garantir la réussite de cette descente. Cette notion est encore plus importante chez les enfants présentant des troubles de l’apprentissage, car ils ont souvent tendance à développer une anxiété de performance, en surestimant le niveau de difficulté de l’exercice.

Si vous souhaitez plus d’information, je vous invite à visionner cette vidéo :

>> À télécharger : Les troubles DYS et la dyspraxie en infographie

3. Commencez par la tâche la plus difficile

Attaquez-vous à ce qui vous semble le plus ardu ou ce que vous aimez le moins en premier, lorsque vous avez une capacité d’attention plus élevée.

4. Mémorisez à long terme avec la « répétition espacée » !

La technique de mémorisation appelée « répétition espacée » est proposée par Barbara Oakley, professeure à l’université Oakland et McMaster. Elle consiste à mémoriser en espaçant les répétitions. Il s’agit, par exemple, de répéter sur plusieurs jours un nouveau mot.
Comme le montre le graphique ci-dessous, si une information n’est vue qu’une seule fois, elle ne va pas s’imprimer dans le cerveau. Si elle est revue un jour, une semaine, puis un mois et un semestre après, elle va s’imprimer de manière permanente dans la mémoire à long terme.

apprendre à apprendre

Barbara Oakley utilise l’image du mur de briques. « Si on ne laisse pas le temps au mortier de sécher, c’est-à-dire le temps aux connexions synaptiques de se former et de se renforcer, on ne peut pas monter une très bonne structure. »

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5. Utilisez des analogies !

L’analogie permet de transformer une connaissance abstraite en une image visuelle concrète, dans laquelle nous pouvons nous projeter. Par exemple, j’explique aux parents que leur enfant dysgraphique est en double tâche lorsqu’il écrit (avec une écriture manuelle) une dictée et doit faire attention à l’orthographe. Sa situation est comparable à la nôtre si nous devons conduire à Londres pour la première fois (donc à gauche) et que nous devons en même temps tenir une conversation avec notre chef !

6. Encouragez votre enfant à jouer au maître ou à la maîtresse !

Expliquer la leçon que vous apprenez ou débattre des idées stimule le processus créatif. Cela permet de se poser des questions très diverses et de chercher les solutions possibles. La capacité d’expliquer aux autres (camarades, parents) est la phase ultime dans le processus d’apprentissage et signifie qu’on maîtrise le sujet. Comme dit Nicolas Boileau : « Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement ».

apprendre à apprendre

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7. Sollicitez les 3 VAK pour permettre un apprentissage multimodal

Selon Luc Rousseau et Jeanne Brabant-Beaulieu , les « styles d’apprentissage » appelés VAK (visuel, auditif et kinesthésique) forment une croyance qui tend à dire que le cerveau se développe dans une modalité sensorielle dominante. Cette croyance est non fondée scientifiquement. En effet, dans le cerveau, les aires visuelles, auditives et kinesthésiques sont hyper connectées. Par exemple, si nous devons apprendre un nouveau mot de vocabulaire, en plus de l’écouter, nous l’encodons plus profondément en le lisant, en écrivant le mot et en demandant à notre cerveau de photographier son image. Ce transfert intermodal assure un traitement optimal de l’apprentissage.

8. Anticipez et luttez contre la procrastination

Tout comme une compétition sportive, on ne s’y prend pas la veille ! La procrastination est une attitude d’évitement : dès que nous pensons à quelque chose que nous n’aimons pas particulièrement, les zones du cerveau associées à la douleur s’activent. Nous reportons alors cette tâche qui nous accable et limitons notre attention à quelque chose de plus plaisant. Cela nous fait nous sentir mieux, du moins temporairement. Pour lutter contre la procrastination, il est important de définir les différentes étapes (ou mini missions) pour atteindre l’objectif. En procédant pas à pas, une mini mission après l’autre, avec la méthode du Pomodoro, on avance sereinement dans l’apprentissage comme on fait pour un entraînement sportif.

apprendre à apprendre

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9. Dormez suffisamment !

Le sommeil a plusieurs actions sur le cerveau. En premier lieu, il joue un rôle essentiel dans le processus de mémorisation et d’apprentissage. Il met en ordre les idées, efface les souvenirs futiles et renforce ceux qui sont importants, et a une formidable capacité à résoudre des problèmes difficiles. Ensuite, l’attention se désactive durant le sommeil permettant aux autres zones cérébrales de communiquer entre elles et de consolider les connexions neuronales indispensables à nos apprentissages.

Enfin, il faut savoir que le fait d’être éveillé produit des toxines dans le cerveau. En dormant, les cellules cérébrales rétrécissent, libérant de l’espace entre elles afin de se débarrasser des toxines. Le cerveau alors se nettoie et reste en bonne santé.  Ces 3 actions combinées lorsque nous dormons, permettent de récompenser les efforts d’une journée d’étude !

10. Intégrez les activités physiques dans les apprentissages

Nous savons maintenant que l’activité physique favorise l’apprentissage, spécialement parce qu’elle déclenche la sécrétion BDNF (en anglais brain-derived neurotrophic factor). Cette protéine stimule le développement de nouveaux neurones et préserve les neurones existants, notamment au niveau de l’hippocampe. Il s’agirait donc d’un « engrais miracle du cerveau » selon John Ratey, professeur de psychiatrie à Harvard . Dites-vous que chaque fois que votre enfant va à son cours d’athlétisme ou de danse, il assimile ses leçons de la journée !

Aménager un espace « devoirs » pour faciliter la concentration


 Helene Peteau est ergothérapeute, spécialiste des troubles des apprentissages à Barcelone. Elle a aussi été aussi enseignante de Français Langue Étrangère pendant 5 ans dans une école primaire aux États-Unis. Ses formations et expériences professionnelles lui confèrent trois domaines d’expertise : les troubles logico-mathématiques, de l’attention et de l’écriture.

Vous trouverez plus d’informations sur son site web : www.ergotherapie.peteau.com.

Son Instagram : @ergopedagogie.barcelona

Son LinkedIn : Helene Peteau

Sa page Facebook : Helene Peteau

Article publié le 18 septembre 2020 / Mis à jour le 15/09/2021

Alexandra, chargée de communication.

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