La relation entre frères et/ou sœurs est une relation très particulière : c’est notre plus longue relation au cours de la vie. D’une façon ou d’une autre, lorsque nous grandissons auprès de quelqu’un, des liens forts se créent. Une relation avec tant de proximité peut impliquer des moments exceptionnellement doux comme des moments de tensions intenses. C’est dans ces moment-là que peut s’exprimer la jalousie et la rivalité. Alors, en tant que parents, comment pouvons-nous agir ? Marion Lafon, psychomotricienne vous donne quelques conseils.
Différencier jalousie et violence
Tout d’abord, gardez bien en tête que si vos enfants se disputent, c’est qu’inconsciemment ils savent qu’ils peuvent le faire sans risquer de casser le lien d’amour qui les unit. Aussi étrange que cela puisse paraître, on se dispute toujours plus avec les personnes que l’on aime profondément et avec lesquelles nous partageons beaucoup de choses.
Ainsi, l’intervention d’un adulte n’est pas forcément toujours nécessaire; Il s’agit là de jauger le « niveau » de la dispute. En revanche, à partir du moment où la dispute devient violente physiquement ou verbalement, celle-ci nécessite notre intervention pour séparer les enfants. C’est le cas également si le comportement d’un des enfants dépasse les limites de notre système de valeurs.

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Pourquoi les enfants se disputent-ils ?
Les trois principales raisons pour lesquelles les enfants se disputent sont :
- l’espace : ils veulent tous les deux s’asseoir sur CE bout de canapé.
- les jeux : les enfants veulent le même jouet en même temps.
- l’attention des adultes.
Il est tout à fait normal et sain que des frères et sœurs se disputent, s’opposent et se mettent en concurrence. C’est de cette façon, entre autres, qu’ils affirment leur personnalité, définissent ce qu’ils aiment et ce qu’ils veulent. D’autre part, il ne faut pas oublier que ce sont des moments, même s’ils chamboulent un peu parfois, qui sont très constructifs pour les enfants. Pourquoi constructifs ? Car ils viennent leur apprendre à gérer un conflit. Et des conflits, ils en rencontreront toute leur vie. D’où l’importance de les laisser au maximum autonomes dans leur confrontation. Malgré tout, souvent, ce sont eux qui sollicitent l’intervention de l’adulte. Alors, comment faire dans ce cas-là ?

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Trois axes d’intervention pour apaiser une dispute
Le premier concerne des actions à mener au quotidien. Si vous savez que vos enfants ont tendance à très vite se disputer, vous pouvez dans un premier temps vous pencher sur leurs besoins primaires : sommeil, alimentation (le sucre a tendance à beaucoup exciter les enfants), affection (besoin de plus ou moins de câlins), activités non surstimulantes (les écrans).
Ensuite, ne cherchez pas forcément l’égalité mais valorisez leurs différences. Les enfants cherchent à être uniques aux yeux de leurs parents et de ceux qu’ils aiment. Ils doivent comprendre que vous les aimez autant mais de façons tout à fait différentes. Vous pouvez également leurs proposer des jeux de collaboration afin d’améliorer leur communication et leurs stratégies « d’être ensemble ».
Lors de la dispute, si vous êtes amenés à intervenir, commencez par leur demander d’exprimer chacun ce qu’ils ressentent : frustration, colère, tristesse,… Parfois, cette simple étape permet aux enfants de faire appel à leur empathie, de mieux se comprendre et de faire plus de compromis. Si cela ne suffit pas, essayez au maximum de laisser les enfants chercher leurs propres solutions : « Je vois que vous voulez le même jouet, comment vous pourriez faire ? » et s’ils ne trouvent pas d’eux-mêmes, vous pouvez leur proposer deux ou trois options.

L’important dans cette situation est de les laisser choisir ensemble l’option qui leur correspond le mieux à tous les deux (donc moins il y a de choix, mieux c’est).
Il est également intéressant de revenir sur le sujet de la dispute à distance de celle-ci avec chaque enfant. Non pas pour les sermonner mais pour tenter de comprendre l’impact que celle-ci a eu. Parfois, les émotions associées à des rivalités dans la fratrie sont très importantes. Dans ce cas, nous pouvons intervenir pour leur apporter des possibilités de s’apaiser : massage, exercices de respiration, activité manuelle ou créative, comptines, là encore il est important dans la mesure du possible de lui laisser le choix afin qu’il puisse l’investir et y revenir plus tard sans l’intervention d’un tiers. Quel que soit son choix, un temps privilégié partagé avec un des deux parents viendra renforcer son estime de lui et son sentiment de sécurité interne.
En somme, les enfants se disputent et c’est finalement plutôt une bonne chose. Notre rôle en tant qu’adulte est simplement de garder une vigilance quant à l’évolution du conflit pour toujours veiller à leur sécurité physique et affective.

J’ai 27 ans. Je suis psychomotricienne depuis bientôt 3 ans et demi et je travaille également en tant que conseillère conjugale et familiale depuis août 2020 au planning familial de Saint-Etienne. J’ai fait une licence de psychologie, puis un diplôme d’état de psychomotricien (que j’ai validé en juillet 2018) en double cursus avec le master international en psychomotricité validé en juillet 2020.


