Dr Anne Raynaud est la Fondatrice de l’Institut de la Parentalité, psychiatre, autrice, formatrice et conférencière. Nous l’avons interrogée sur l’importance d’encourager le tout-petit sans le surprotéger, afin qu’il parte à la découverte de son environnement, du monde qui l’entoure par l’exploration. Alors, comment encourager sans surprotéger ? Quels sont les bienfaits d’un accompagnement parental bienveillant chez les enfants ? 

Les Instituts de la Parentalité

Les Instituts de la Parentalité sont des lieux qui sont dédiés à accompagner les familles, les enfants pour construire des liens d’attachement qui permettent à l’enfant de se développer de manière harmonieuse. L’équipe invite parents et professionnels à s’engager dans la réflexion, la co-construction et le « prendre soin » de ce bien précieux qui forge l’individu : le lien interpersonnel, socle de la connaissance de soi, de l’altérité et de la conscience émotionnelle.

Ils sont actuellement au nombre de 2 en France : à Bordeaux et en Région Parisienne. De nombreux « bébés instituts » poussent partout en France. Les professionnels accompagnent les tout-petits de 0 à 6 ans mais aussi les enfants de 6 à 12 ans. Leur cœur de métier reste l’intervention précoce.

L’importance du respect du rythme de l’enfant

On aspire dans notre société à ce que nos enfants soient autonomes très tôt pour la crèche, pour l’entrée à l’école. Or, un tout-petit ne peut pas être autonome trop tôt ! Il a besoin de repères, d’un lien d’attachement, de notre disponibilité, de notre proximité pour aller bien. Qu’il explore oui ! Qu’il ait envie d’explorer son environnement, qu’il soit curieux, qu’il puisse s’éloigner de nous et nous revenir. Mais autonome voudrait dire qu’il n’a pas besoin de nous, et ce n’est pas possible. L’enfant a besoin de ses parents, de figures d’attachement, de se sentir en confiance pour partir à la découverte du monde, évoluer, apprendre tout en respectant son propre rythme.

Deux bébés marchent à 4 pattes

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La différence entre la protection et la surprotection

C’est guider l’enfant vers l’exploration mais sans empêcher l’exploration.

Il faut que l’enfant puisse explorer, être curieux, puisse découvrir le monde, toucher, manipuler. Quand on surprotège, on empêche cette exploration. En tant que parents, il faut alors soutenir l’enfant dans cette exploration. Si on a peur qu’il se fasse mal, qu’il tombe, on sécurise l’environnement, par exemple avec des fermetures de portes, une barrière pour les escaliers… mais on n’entrave pas son exploration en le surprotégeant.

Le tout-petit se développe en explorant. Il a besoin de découvrir le monde dans lequel il évolue, les sensations de chaud, de froid, les odeurs, les matières. C’est fondamental pour son développement et ses apprentissages.

En lui permettant de découvrir, on lui donne alors les ressources. On lui montre qu’on lui fait confiance et qu’il peut avoir confiance en nous. Si quelque chose lui fait peur, il peut revenir vers nous et on le réconforte. On lui montre comment faire, on lui donne les clés pour s’épanouir, pour découvrir son environnement.

Découvrir son environnement extérieur, c’est l’aider à découvrir son environnement intérieur.

La notion d’exploration est vraiment majeure, comme le besoin de sécurité. Le tout-petit a besoin de savoir qu’il peut être réconforté ou qu’il peut compter sur quelqu’un qui va le protéger. Il a besoin de repères. Lorsque qu’il se sent en sécurité, il a alors besoin d’explorer. Et cette exploration n’a lieu que s’il se sent en confiance, en sécurité.

Lorsque l’on parle d’exploration intérieure, c’est pour les enfants plus grands. C’est tout ce qui concerne les émotions, la connaissance de soi. En étant tout-petit, l’enfant ne le conscientise pas mais il se connecte à son monde intérieur pour mieux développer et explorer son monde extérieur et inversement.

Un bébé qui explore son environnement

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Comment faire pour accompagner son enfant en toute sécurité sans pour autant le surprotéger ?

Il ne faut pas aller à l’extrême et savoir modérer les choses. À un moment, l’enfant va forcément tomber, il va forcément se faire mal. C’est tout à fait normal. Il faut pouvoir guider l’enfant, soutenir son exploration sans pour autant empêcher qu’il explore.

Il faut pouvoir lui faire confiance et pouvoir lui montrer qu’il y a des choses qui peuvent faire mal, mais on ne peut pas éviter le fait que l’enfant tombe ou fasse des erreurs. Ce n’est pas négatif qu’il fasse des erreurs. Cela fait partie de son apprentissage.

Si vous avez peur pour sa sécurité, vous pouvez mettre des coins de table, des fermoirs aux portes… mais, pour le reste, on favorise l’apprentissage par l’essai-erreur, l’essai-erreur. On ne peut pas éviter que l’enfant vive des expériences qui peuvent nous sembler négatives mais qui sont sources d’apprentissage. De plus, cela permet à l’enfant de prendre confiance en lui.

Comment on peut faire au quotidien ?

On vit tout simplement ! Il faut lui faire confiance, enlever les choses dangereuses pour lui, car il n’a pas la notion du danger. On sécurise l’environnement, on est dans la guidance parentale et on propose aussi des jeux et des outils qui permettent cette exploration. En termes de jeu, il faut les adapter au rythme du tout-petit.

Les petits gestes du quotidien

L’exploration, ce n’est pas que le jeu. C’est aussi ce qu’il y a la maison ou à l’extérieur, la nature.

C’est pourquoi l’exploration passe aussi par des petits gestes du quotidien. Par exemple, faire un gâteau, faire des recettes de cuisine, bricoler, planter les tomates dans le jardin. L’enfant peut aussi participer aux tâches ménagères comme vider le lave-vaisselle, mettre la table, range les courses, étendre le linge… L’idée n’est pas d’inclure l’enfant dans des tâches ménagères mais de lui montrer que la vie, c’est de la collaboration, c’est faire des choses ensemble.


Dr Anne Raynaud est médecin psychiatre enfants et adultes. Passionnée par la compréhension des liens entre individus, elle est titulaire de diplômes universitaires de psychiatrie périnatale, d’autisme et d’attachement. Elle est fondatrice et directrice des Instituts de la Parentalité en France (Paris et Bordeaux) qui proposent des ateliers et des consultations aux parents de jeunes enfants afin de répondre aux problématiques spécifiques à la parentalité et à la construction du lien d’attachement. En mars 2021, elle prend la présidence de la Fédération des praticiens de la parentalité. Elle est l’autrice de la sécurité émotionnelle de l’enfant, publié en mars 2019 chez Marabout ainsi que du livre Enfant sécurité, enfant heureux.

Alexandra, chargée de communication.

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