L’accueil d’un enfant en situation de handicap, qu’il soit individuel ou collectif, nécessite la collaboration de plusieurs acteurs. À savoir : enfants, parents, professionnels-accueillants et partenaires externes (soignants, professionnels du paramédical et médico-social). Il arrive que les besoins d’un enfant ne soient pas les mêmes que ceux généralement observés dans sa tranche d’âge. Il peut s’agir de besoins liés à son histoire qui peut avoir été bousculée, liés à sa personnalité, à ses préférences, et à ses habitudes de vie. Mercredi 9 février 2022, nous avons eu la chance d’accueillir en live Cécile Arragon, accompagnatrice des pratiques professionnelles de la petite-enfance, conseillère et formatrice en inclusion et handicap. Découvrez ici un récapitulatif de ce live : « Accueillir les enfants en situation de handicap ».

Observer l’enfant passe par être attentif à ce qui lui fait plaisir à et ce qui lui permet d’être confortable. Logiquement, cela passe aussi par repérer ce qui, au contraire, provoque de l’inconfort, du retrait, voire des manifestations émotionnelles fortes. La période d’observation est essentielle pour mieux se connaître. Il est important de laisser le temps à l’enfant de montrer ce qu’il sait faire avant même de lui faire des propositions concrètes.

Cécile Arragon

Accueillir un enfant en situation de handicap

À partir des observations faites, les accueillants et les professionnels vont être amenés à organiser, presque à orchestrer des bonnes conditions pour maximiser l’émergence de certains apprentissages. Mais aussi, des habiletés qui sont attendus chez les jeunes enfants à des rythmes différents. Ce sont des propositions qui peuvent requestionner des organisations. On va alors inclure des jeux, des rythmes, des routines dans le quotidien des enfants en situation de handicap et donc pour l’ensemble du groupe d’enfants.

L’importance de l’organisation pour plus d’inclusion

Pour Cécile Arragon, plus l’organisation sera souple, plus elle sera sereine et fluide. 

Cela peut être :

  • Repenser la communication avec les enfants.
  • Rendre la communication la plus adaptée pour rendre l’environnement compréhensible pour tous.
  • Renforcer notre articulation, l’expressivité, le face-à-face.
  • Accentuer ou non les contacts physiques.
  • Utiliser quelques gestes associés à la parole s’ils sont jugés importants et nécessaires pour les parents.

S’organiser pour plus de sérénité

On peut prévoir des installations qui donnent la liberté d’agir ou de ne pas agir. Il est également possible d’inviter implicitement à des pauses en réduisant l’intensité de la lumière. Par exemple, avant la sieste, on peut prévoir un temps calme en réduisant la luminosité pour faciliter le passage à la sieste et le retour au calme.

Pour plus de sérénité, nous pouvons également créer des activités à réaliser de diverses manières : assis, debout, sur les genoux, contre un mur, au sol, à table, avec ou sans protection vestimentaire. 

inclusion scolaire

Les conseils stratégiques

Penser à du matériel et des jeux simples accessibles à tous

Vous pouvez privilégier les jeux trouvés dans le commerce mais aussi la récupération, des encastrements simples à attraper, des objets légers ou lourds (privilégiés pour leur stabilité). Proposez également du matériel libre, dont chaque enfant pourra en détourner la fonction : tubes, boites, bassines, paniers de différentes matières pour transvaser, cacher, transporter, vider… Du matériel de couleurs contrastées pour mieux être perçus sur un tapis uni, ou encore, des photos d’imagiers plus grandes que d’ordinaire qui s’adapte à la vision des tout-petits.

Des outils d’encastrements simples

 

La boite à formes : Chaque face de la boîte dispose d’ouverture représentant des formes géométriques simples ou composées. Pour y jouer demandez aux enfants par quel trou faire passer les formes en bois pour remplir la boîte. Permet d’appréhender le concept de forme en 3D.

L’encastrement géant tactile : Replacer les pièces en bois dans l’emplacement offrant la même surface tactile… Ce très bel encastrement invite à l’exploration sensorielle. Et pourquoi pas un jeu de mémo tactile ? Base équipée de côtés antiglisses pour le maintenir bien en place.

  • Ergonomique et pensé pour une utilisation pour tous
  • Très belle qualité de matériaux : fait pour durer !
  • Surfaces tactiles variées et agréables

>> À lire :  » Le jeu libre… d’imaginer ! »

Prévoir une organisation avec des règles non figées

On va s’adapter aux besoins des enfants. Par exemple, on va prévoir des permissions pour les enfants qui n’arrivent pas à rester à table, car ils ont le besoin de bouger, de l’aide d’un adulte ou de plus de temps que d’autres. Chaque enfant a son propre rythme et il est important de le respecter pour son bien-être, son développement personnel et ses apprentissages. Cécile Arragon insiste sur le fait que certains besoins sont communs à tous : besoin d’encouragements, d’attention, de petites règles de la vie courante en collectif. Également, on peut mettre l’accent sur des centres d’intérêt pour faciliter les apprentissages et l’investissement de l’enfant. Enfin, on va aussi se pencher sur les émotions similaires : aimer courir, bouger, rire, ressentir de la joie, avoir du chagrin, l’attente, la colère, l’envie…

Guider les petits gestes de la vie courante et introduire plus de routines

Lorsque l’on va encourager l’enfant dans les petits gestes du quotidien, cela va lui permettre de gagner en autonomie, en confiance en soi. En tant qu’aidants, on va alors proposer des routines bien détaillées, que ce soit pour les temps forts de la journée (repas, récréation, ateliers, sieste…) que pour l’hygiène quotidienne (toilette, lavage des mains…). L’important est de ponctuer les changements de la journée et d’aménager les transitions pour créer des repères.

Développer des jeux d’imitation pour toutes les relations sociales plaisantes 

Les enfants adorent imiter les animaux, les adultes… Par exemple, ils veulent souvent participer aux tâches ménagères, se sentir utiles. Alors on va pouvoir proposer des jeux d’imitation avec des poupées, des poupons, une dînette… On peut aussi proposer des jeux avec des miroirs, des déguisements…

jeux de miroirs

>> À lire aussi :  » Accompagner bébé dans ses découvertes »

La place des parents 

Il est indispensable de se référer aux parents. En effet, ce sont eux qui connaissent le mieux leur enfant. Même si eux-mêmes peuvent traverser des périodes particulières. Eux aussi, avancent à leur rythme et au rythme de leur enfant. Parfois, ils tâtonnent parce qu’ils doivent s’adapter à une réalité inattendue. Ce sont, donc, les parents qui vont compléter les observations des accueillants-professionnels.

Cécile Arragon 

La posture de continuité éducative et l’écoute professionnelle vont prendre en considération les besoins spécifiques des parents. À savoir : besoin de garde, besoin de répit, besoin de retour à l’emploi ou à la formation. Le besoin de temps et de réflexion des parents pour envisager l’avenir est très significatif du temps imparti de la petite-enfance. Ce temps, c’est le temps de l’enfant et celui de ses parents.

Du côté des professionnels et accueillants de la petite enfance, que l’on soit seul ou à plusieurs, il est important de réfléchir à un projet commun, souple, ouvert aux imprévus et flexible dans le temps. Ce projet permet aux professionnels de s’échanger des bonnes pratiques, positives, basées sur le prérequis que chaque enfant est acteur de son développement et qu’il va se découvrir parmi les autres, puisqu’il va agir avec son environnement. Les professionnels-accueillants se retrouvent alors autour d’un projet fédérateur, créatif et dynamisant. Ils sont parfois amenés à utiliser des moyens nouveaux, au profit de tous les enfants accueillis.  

Travailler ensemble

Les professionnels de la petite enfance peuvent travailler de concert avec des professionnels spécialistes, si les parents sont en accord avec la démarche d’échange et de collaboration. Les spécialistes apportent de ce fait, des techniques, des méthodes, de la guidance. Cela peut être complémentaire des pratiques plus ordinaires : une façon de toucher des objets, d’être touché, d’être sollicité, de se déplacer, de captiver, de motiver, de montrer à l’enfant.  

On parle donc bien d’inclusion en petite enfance : 

C’est cette capacité à aménager l’environnement de l’enfant en situation de handicap afin qu’il soit profitable à tous, à partir des spécificités ou besoins de chacun. C’est le véritable sens de la mobilisation de la communauté pour l’accueil de tous, avec nos différences et nos ressemblances !

Cécile Arragon

Vos questions

Comment expliquer le handicap aux enfants ? Mon enfant ne comprend pas pourquoi son camarade, qui a des troubles autistiques, a le droit de se lever de table et pas lui.

Cécile Arragon (C.A) : Il faut expliquer avec normalité. Les enfants sont empathiques naturellement. Ils vivent les uns avec les autres et vont rapidement voir la différence. Ils sont naturels, et ne se compliquent pas la vie. C’est l’attitude des adultes qui va conditionner la pensée de l’enfant. Dans le discours porté aux enfants, il faut libérer la parole  » ton camarade a besoin d’aide, il a besoin de plus de temps que les autres.

L’accueil inclusif en petite enfance est-il plus facile entre enfants qu’une inclusion plus tardive ? Qu’entre adultes ?

C.A : Je pense qu’effectivement, c’est plein de bon sens. C’est facile pour eux. La toute petite enfance, c’est cette sortie de la famille et le lien social qui s’offre aux enfants. Ils se découvrent simplement. S’il n’y avait pas les lieux d’accueil inclusifs, les enfants manqueraient de plein de choses ! On a une lourde responsabilité sociale. Ça donne aussi confiance aux autres professionnels qui suivront.

Si, au cours de l’année, un diagnostic tombe, comment le gérer ?

C.A : Un diagnostic change une vie, mais l’enfant reste lui-même. Le personnel éducatif sera là pour l’accompagner au mieux. Chaque histoire est différente par rapport au diagnostic.

Formation « Inclusion en petite enfance »

Envie ou besoin de vous former et d’aller plus loin ?

Lors du live, vous avez été nombreux à nous faire part de vos besoins en formation sur ce sujet. C’est pour cette raison que nous vous avons préparé un petit questionnaire – qui prend moins de 2 minutes à remplir ! Nous souhaiterions récolter vos besoins afin de pouvoir vous proposer une formation au plus proche de vos attentes. Merci d’avance pour votre avis et vos suggestions dans le questionnaire ci-dessous !

 

Questionnaire « Inclusion en petite enfance »

 

Visionnez le live dans son intégralité

>> À lire aussi : « Témoignage : l’inclusion en crèche »

Visuels affiches inclusion

>> À télécharger gratuitement : « Affiches sur la volonté d’inclusion »


Avec plus de 30 ans d’expérience sur le terrain, Cécile Arragon est éducatrice de jeunes enfants. Elle a de multiples expériences notamment dans la psychopathologie de l’enfant. Le domaine pédiatrique médico-sociale n’a pas secret pour elle. Anciennement, directrice de crèche, elle est à ce jour référente handicap et petite enfance mais aussi formatrice. Cette autre casquette de formatrice lui permet de transmettre ses connaissances et de partager ses expériences. Pour plus d’informations, retrouvez- là sur son profil Linkedin : Cécile ARRAGON.

 

Chargée de projet digital

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