Le parcours d’une personne avec des troubles DYS n’est pas simple. À l’occasion de la journée de sensibilisation des troubles DYS, Hop’Toys vous a proposé une discussion en ligne avec Christelle Béchouche. Elle a partagé avec vous son expérience, celle d’une personne diagnostiquée tardivement DYS, afin de libérer la parole et de dépasser les idées reçues sur ces troubles.
Christelle nous a raconté son parcours de personne dysgraphique, dysorthographique, qui est devenue scénariste et autrice de deux livres: « DYS, TDAH, EIP: Le manuel de survie pour les parents et les profs» et « Le manuel de survie de l’adulte atypique ». À cause de ses troubles des apprentissages, elle a été exclue du système scolaire à l’âge de 13 ans et a dû repasser ses diplômes à 25 ans. Christelle Béchouche n’est pas thérapeute. Elle n’a pas de recette miracle. En revanche, son parcours est inspirant ! Elle partage son vécu de personne DYS et son expérience de maman de trois enfants, dont deux DYS.
Ma définition
Pour moi, être DYS c’est être issu de la neurodiversité, c’est-à-dire avoir un fonctionnement intellectuel et émotionnel différent. Alors oui, c’est principalement avoir des troubles spécifiques des apprentissages, mais c’est avant tout, pour moi, un fonctionnement atypique.
Les DYS qui sont ils ? Tout sauf des fainéants ! Soyons clairs, il n’y a pas de baobab dans leur main ! C’est une incapacité reconnue qui ne guérit pas comme une simple maladie. Être DYS, c’est avoir un trouble spécifique des apprentissages qui perturbe les capacités d’acquérir des connaissances, non lié à des déficiences intellectuelles. Ils ont un handicap invisible. Être DYS, c’est avoir un trouble cognitif, c’est à dire un dysfonctionnement du processus des apprentissages et des connaissances. « La cognition, ou l’activité mentale, encore dite intellectuelle, comprend l’acquisition, le stockage, la transformation et l’utilisation des connaissances. »
Extrait de DYS, TDAH, EIP Le manuel de survie pour les parents (et les profs).
La double tâche
Nous avons du mal à faire deux ou trois choses en même temps, car nous n’avons pas d’automatisme…Par exemple, je suis dysgraphique, quand j’écris, je ne peux pas penser au sens de ma phrase, ni à l’orthographe et à la belle écriture. Les dyspraxiques qui eux ont un trouble de la motricité auront du mal à pédaler en faisant du vélo et à se concentrer sur la direction. Cela demande beaucoup de concentration de tout faire en même temps. C’est épuisant pour nous. Il faudrait que les enfants aient un mi-temps à l’école !
Les troubles associés
Il y a un effet domino, un trouble en amène un autre. Un dyslexique qui a du mal à décoder les mots sera aussi dysorthographique, car il n’a pas eu le temps d’enregistrer l’orthographe du mot. Il y a fréquemment des troubles sociaux-affectifs liés à l’échec. Mais surtout, les DYS sont souvent hypersensibles, l’émotivité est très forte et c’est elle qui prend régulièrement le dessus. Il y a des lâchages attentionnels crées par la double tâche… qui peuvent être confondus avec un trouble du déficit de l’attention.
Je pense que le travail, la dérision, l’humour, l’estime de soi sont très importants.
Mes difficultés
Je suis très émotive et hypersensible. J’ai besoin d’être très organisée, et ce qui est très compliqué pour moi, c’est ce qui doit être automatique, comme les petites choses du quotidien. En
général, ce sont des choses très simples… Compter, lire l’heure sur un cadran, reboucher les bouteilles, les tubes de dentifrice, travailler dans un bureau avec d’autres personnes. Tout cela est difficile pour moi.
Mes astuces
L’organisation, avoir du temps, j’ai besoin de compensations techniques comme l’ordinateur, des logiciels pour mon travail (Final Draft), expliquer aux gens que je suis DYS, mais généralement, ils entendent, mais ne comprennent pas ce que cela implique.
Ce qu’il faut atteindre en priorité c’est l’autonomie, pour arriver à se faire un chemin avec sa différence.
Agenda hebdomadaire : Une aide visuelle pour structurer le quotidien.
Mes clés de réussites
C’est ce qui m’a aidé, c’était ma force, c’est ma force. Je pense que le travail, la dérision, l’humour, l’estime de soi sont très importants. On a tous un point fort, que ce soit dans le sport, la créativité ou dans d’autres domaines, et je dirais que c’est ce point fort, ce potentiel qui est le plus important et qu’il faut exploiter. Le reste, c’est beaucoup de stratégies et de la confiance. Moi, j’ai un parcours atypique puisque j’ai très peu fréquenté l’école. C’est l’école de la vie qui m’a formée. Mais je pense que ce qu’il faut atteindre en priorité c’est l’autonomie, pour arriver à se faire un chemin avec sa différence. Je donne beaucoup de conseils dans mes livres pour aller dans ce sens.
Moi, je n’ai rien lâché, j’avais une très grande détermination et je me suis réfugiée dans ma créativité.
Mon conseils pour les parents
En fait, ce que je conseillerais, c’est de faire confiance à votre enfant, de toujours croire en lui. Il a un fonctionnement propre à lui-même, il entend et comprend ce qu’il doit faire, mais ne peut pas encore le restituer. Il y a une maturité qui se fera dans ce sens, mais tardivement.
N’hésitez pas à prendre conseil auprès des associations aussi, car ce sont des parents comme vous qui ont été concernés par la problématique. Votre enfant aura un avenir et arrivera à s’épanouir. Il faut trouver ses points forts et le stimuler dans ce sens. Les sortir du cadre dans lequel on les oblige à être, c’est très important : par des activités culturelles, artistiques, sportives ou tout simplement en jouant… Ils ne sont pas que DYS, même s’ils ne le communiquent pas, ils ont besoin de sortir de cette stigmatisation.
Les enfants ont besoin de découvrir ce qu’ils sont eux-mêmes. Ils ont énormément besoin de se découvrir en dehors de leur trouble DYS
>> À lire : Troubles dys/tdah : les comprendre, les accompagner
Mes leçons de français : Retrouvez l’essentiel du programme de français dans un coffret de cartes mentales. Celles-ci sont regroupées par matière : grammaire, orthographe et conjugaison. Les leçons présentées ont été validées par des enseignants et sont conformes au programme du Cycle 2 de l’Éducation nationale.
Mes leçons de maths : Retrouvez l’essentiel du programme de maths dans un coffret de cartes mentales ! Les cartes mentales sont regroupées par matière : numération, opérations et grandeurs et mesures. Les leçons présentées ont été validées par des enseignants et conformes au programme du Cycle 2 de l’Éducation nationale.
Découvrez les 2 livres de Christelle
DYS, TDAH, EIP le manuel de survie pour les parents (et les profs) : Un guide qui aide les parents à traverser la problématique des troubles des apprentissages sur le terrain, de manière décomplexée et pratique. Stratégique, il aborde et explique comment s’y prendre dans le labyrinthe des lois, des sigles incompréhensibles, des prises en charges, et vous aide à mettre en place les dossiers à préparer.
Le manuel de survie de l’adulte atypique : Ce manuel vous propose des pistes thérapeutiques pour mieux comprendre le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité, le haut potentiel, le trouble de l’intégration sensorielle et les troubles DYS. Conseils pratiques à destination des employeurs et de leurs employés atypiques pour faire établir un diagnostic ou avoir une reconnaissance à la MDPH. Outils adaptés pour trouver un juste équilibre sur leur lieu de travail. Témoignages ainsi que des adresses utiles.
>> À lire aussi : Dys : outils et adaptations au quotidien et à l’école
Le replay du live
Merci à Christelle Béchouche d’avoir pris le temps de partager son expérience avec nous ! Et vous ? Avez-vous des conseils pour que les DYS puissent s’épanouir dans leur différence ? Dites-le nous en commentaires !