Il y a des rencontres qui se font un peu par hasard et qui donnent lieu à un échange riche. Celle-ci en fait partie !
A l’occasion d’un Live Twitch animé sur la chaîne d’Hop’Toys, Sana est venue dire bonjour et quelques messages plus tard, elle présentait son métier : Zoothérapeute !
Ni une ni deux et inspiré par les portrait et articles que nous avions fait avec François Beiger, nous avons voulu en savoir plus !
Contact pris, mes questions sur la zoothérapie étaient prêtes et je ne m’attendait pas à une telle émotion en lisant ses réponses !
Un témoignage sincère et empli de passion pour un métier rare, beau et si puissant.

L’interview :

Bonjour Sana, merci d’avoir accepté cet échange, j’ai hâte d’en apprendre davantage sur vous, votre parcours et votre métier !

Bonjour Quentin,

Je voudrais juste faire un petit aparté qui me semble important pour la suite : la distinction entre

Zoothérapie et médiation animale, deux termes souvent confondus :

  • La zoothérapie : c’est un accompagnement thérapeutique structuré, avec des objectifs précis définis selon le profil de la personne. L’animal devient un véritable partenaire de soin : il aide à travailler sur les émotions, le corps, la confiance, la communication…
  • La médiation animale : elle met davantage l’accent sur la rencontre, la découverte et le bien-être immédiat. C’est une approche plus éducative ou récréative, sans visée thérapeutique au sens strict.


Depuis combien de temps exercez-vous et qu’est-ce qui vous a menée à cette approche (racontez-nous votre parcours) ?

Je suis récemment diplômée en zoothérapie, mais c’est vraiment en 2024, en travaillant dans une ferme pédagogique, que j’ai commencé à pratiquer cette approche pleinement.

Mon parcours a commencé en 2021, quand j’ai obtenu mon diplôme de logopède/orthophoniste. J’accompagnais des enfants qui se sentaient seuls, dépassés par leurs troubles. J’essayais de les aider avec les mots… mais parfois, les mots ne suffisaient pas. En 2022, j’ai réalisé que beaucoup de jeunes étaient comme enfermés dans une bulle invisible. Ils avaient du mal à ressentir, à s’ancrer, à se reconnecter à leur corps. J’ai alors cherché des façons plus concrètes, plus vivantes, pour les aider à retrouver ce lien.

En 2023, en tant que coordinatrice dans une école des devoirs, j’abordais des thèmes comme la confiance en soi, les émotions, les relations… et je voyais à quel point ces sujets touchaient quelque chose de profond, mais difficile d’accès.

Puis, en 2024, tout a changé. En travaillant dans une ferme pédagogique, j’ai vu des sourires naître, des silences s’apaiser, des regards s’illuminer. Le contact avec les animaux ouvrait une porte que les mots ne franchissaient pas toujours. Je me souviens encore d’un jeune qui m’a dit :

« Je ne ressens plus rien. »
Jusqu’à ce qu’il caresse une chèvre, observe un lapin, prenne soin d’un poney… et là, j’ai compris : le vivant peut toucher là où les mots n’atteignent plus rien.

Mon choix s’est porté sur la zoothérapie, parce que je voulais accompagner un vrai chemin thérapeutique à travers la relation à l’animal. Tandis que la médiation animale, elle, se concentre surtout sur la rencontre, la découverte et le bien-être immédiat… ça n’était pas ce que je cherchais : moi, je voulais travailler sur le lien entre le vécu émotionnel, le corps et la transformation intérieure.

Pendant ma formation en 2024-2025, j’ai eu la chance de faire des stages dans des contextes très différents : centres de jeunes, maisons de repos, fermes pédagogiques… Et c’est en accompagnant un jeune en grande détresse que j’ai eu mon déclic : voir comment un simple contact avec un animal pouvait rétablir un lien intérieur quand les mots ne suffisent plus.

Depuis, j’ai fait de la zoothérapie le cœur de ma pratique. À Bruxelles, je propose un accompagnement structuré où les jeunes peuvent souffler, se reconnecter, retrouver confiance et calme… tout simplement grâce à la présence du vivant.

Un lapin en session de zoothérapie
Crédits photo @timilkyhotographie

A qui s’adresse, principalement la zoothérapie ?

La zoothérapie s’adresse à un très large public, du petit enfant à la personne âgée, et à des profils très variés : de la personne qui cherche simplement un mieux-être à celle qui vit avec une pathologie, un trouble, en situation de handicap ou un grand stress du quotidien. Cela peut être un enfant plein d’énergie, un adolescent isolé, un adulte en burn-out, ou encore une personne âgée en perte de repères.

Ma pratique, en revanche, est principalement centrée sur les adolescents et jeunes adultes à Bruxelles. J’accompagne ceux qui souffrent de stress chronique, d’anxiété, de difficultés émotionnelles, de déconnexion corporelle ou d’isolement social. Ce sont souvent des jeunes “dans la lune”, submergés par leurs pensées, ou coupés d’eux-mêmes. Dans ces moments-là, l’animal devient un co-thérapeute : il aide à revenir dans le corps, à retrouver du calme, du lien, et de la sécurité intérieure.

Quels en sont ses bienfaits, parlez-nous de ce que vous avez pu observer sur le terrain ?

Sur le terrain, je vois souvent des changements discrets… mais qui me touchent profondément.

Je me souviens aussi d’une personne âgée qui, en caressant une poule, a retrouvé le plaisir simple de créer et d’écrire sa propre histoire. Je la voyais alors reprendre confiance en elle, pas à pas, simplement en accomplissant ces gestes du quotidien.

Une femme a compris que la thérapie n’était que le début de son chemin vers le bien-être. Je sentais qu’elle apprenait à accueillir la douceur, à réguler ses émotions, à se reconnecter à elle- même grâce à la présence bienveillante de l’animal.

Un jeune en grande détresse m’a surpris en osant, pour la première fois, exprimer ce qu’il ressentait pour sa mère. Je voyais son corps se détendre au contact de l’animal, son anxiété diminuer doucement, et je savais que ce moment avait un impact réel.

Et puis il y a ces adultes qui, auprès du cheval, oublient le regard des autres. Je les observe respirer, sentir la chaleur et le souffle de l’animal, et revenir pleinement au moment présent.

Pour moi, la zoothérapie, c’est aussi ça : retrouver le plaisir, le calme et la curiosité, souvent par de tout petits gestes, mais qui font une vraie différence.

Un cheval blanc en zoothérapie

Obtient-on des résultats similaires avec tous les animaux ou bien ajuste-t-on l’animal selon le profil de la personne (ou inversement) ?

Non, absolument pas. Chaque animal a sa « langue », son énergie et sa médiation propre. L’approche est toujours individualisée : j’ajuste l’animal selon le profil et l’objectif thérapeutique ciblé. L’animal est choisi pour qu’il agisse comme un moteur pour le changement souhaité.

Chaque animal répond aussi à un besoin bien précis :

Les grands animaux invitent à la confiance, à l’ancrage, au lâcher-prise. Leur présence impose une posture d’affirmation :

  • Le cheval agit comme un miroir. Il reflète nos émotions, sans filtre.
  • La chèvre, vive et curieuse, réveille la spontanéité, le lien social, parfois même la joie de jouer.
  • Le mouton, lui, apprend la lenteur, la régularité, la proximité.

Les petits animaux (le lapin, la poule) rappellent la douceur, le calme, l’écoute du corps. Leur fragilité invite naturellement à ralentir, à respirer, à se recentrer. Ils sont de précieux alliés pour les personnes anxieuses ou en quête de sécurité intérieure.

J’adapte toujours le choix de l’animal selon la personne, son histoire, son besoin du moment… Mais, je dois l’avouer : parfois, c’est l’animal qui choisit. Et c’est souvent là que la magie opère.

Zoothérapie avec une poule
Crédits photo @timilkyhotographie

Quelle relation entretenez-vous avec les animaux entre les séances ?

Ma relation avec les animaux est la base fondamentale de ma pratique. Je les considère comme des partenaires ; ce sont donc mes co-thérapeutes.

Je passe beaucoup de temps avec eux, même en dehors des séances, je les observe, je veille à leur bien-être physique et émotionnel, et j’adapte alors constamment leur environnement.

D’ailleurs, je crois que pour que la relation thérapeutique soit efficace, il est nécessaire de prendre en compte que :

  • Les animaux ne sont pas des outils : Ils vivent leur vie de groupe, ce qui est essentiel pour qu’ils restent des médiateurs fiables et heureux.
  • Leur bien-être est ma priorité : Je m’assure qu’ils reçoivent tout l’enrichissement nécessaire (physique et éthologique) pour qu’ils soient détendus et volontaires pour la séance. Je dois être leur première garante de leur bien-être pour que ma thérapie soit profondément éthique.

Cette confiance réciproque est ce qui rend la rencontre avec la personne authentique.

Un lapin sur Sana

Quels conseils donneriez-vous à une famille pour qui des approches plus « traditionnelles » n’auraient pas portées leur fruit ?

Mon conseil principal ? Changer de regard et laisser une vraie chance à la rencontre non verbale.

Souvent, ce n’est pas que le jeune ne veut pas aller mieux, c’est juste que “parler” ne lui suffit plus. La zoothérapie, elle, permet d’aller chercher les émotions autrement : par le corps, le regard, la respiration… et la curiosité.

Voilà mes trois conseils aux familles :

  1. Valider l’émotion, pas le comportement : dites à votre enfant que ce qu’il ressent n’est pas de la paresse, juste une difficulté à s’ancrer et à gérer l’anxiété.
  2. Essayer la Thérapie par l’Action : si “parler” bloque, alors “faire” avec un animal devient le chemin. Bouger, toucher, guider… L’animal ne juge jamais, il accompagne.
  3. Choisir un vrai zoothérapeute : quelqu’un qui fixe des objectifs précis. Ce n’est pas une activité de loisir, c’est un soin ciblé pour un changement durable.

Et surtout : ne cherchez pas à “faire une séance parfaite”. Cherchez juste à vivre un moment vrai, de présence, de lien et de confiance.

Une anecdote, un moment marquant (ou plusieurs) à partager avec nous ?

Il y a tellement de moments qui me marquent en zoothérapie… Ce sont souvent de petits instants, mais qui laissent une trace durable.

Je pense à ce jeune garçon dont on entendait rarement la voix, tant il avait peur de déranger. Les premières fois, il restait à distance, observait en silence. Puis, au fil des séances, quelque chose a changé : il s’est mis à respirer au rythme du cheval, à marcher à ses côtés, puis à utiliser sa voix pour lui dire d’avancer ou de s’arrêter. Ce jour-là, j’ai vu naître une confiance nouvelle. Ce n’était pas seulement une séance réussie, c’était un vrai moment de reconnexion à soi.

Mais ces instants-là ne s’arrêtent pas aux séances. J’aime aussi les partager à travers mes Histoires inspirantes du dimanche, parce qu’elles me rappellent que la transformation peut naître d’un simple regard échangé, d’un geste de douceur, d’un silence partagé avec un animal.

Chaque histoire est donc une rencontre : une poule qui redonne de la joie à une personne âgée, un poney isolé qui retrouve le contact, un mouton qui ose s’approcher, une chèvre qui révèle la curiosité d’un enfant.

Ce sont ces petites victoires, souvent invisibles aux yeux des autres, qui me touchent le plus. Parce qu’au fond, la zoothérapie, c’est ça : un espace où le vivant réveille le vivant, où l’on apprend à se retrouver à travers l’animal.

Merci encore pour l’opportunité !

Sana – Zoothérapeute (Thérapeute assistée par un animal)
Retrouvez la sur Instagram (@Sana.Zoothérapeute)

Kit d'accessoires pour la zoothérapie



Tout Hop’Toys qui remercie Sana pour cet échange inspirant !

Responsable éditorial chez Hop'Toys - Œuvrer pour l'inclusion parce que la société, c'est toi, c'est moi, c'est nous !

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