Anne est enseignante depuis 6 ans et pratique la classe flexible depuis 3 ans aux côtés de ses collègues et co-autrices du livre « Enseigner en classe flexible » sorti en 2019. Dans cet article, elle montre les aménagements réalisés dans sa classe ainsi que les différents espaces créés pour que l’élève soit acteur de ses apprentissages. Vous souhaitez vous aussi passer à la classe flexible ? Anne vous donne ses conseils d’experte !

Pourquoi passer à la classe flexible ?

S’adapter à chaque élève

Le passage à un enseignement flexible est venu d’une nécessité de s’adapter au mieux aux besoins de chaque élève. Dans un milieu scolaire très hétérogène, il était devenu difficile d’enseigner de manière « traditionnelle », c’est-à-dire à un groupe-classe de 25 élèves (en moyenne), sans « perdre » au passage une partie des élèves du groupe. Ce type de fonctionnement transmissif ne permettait que peu d’échanges entre les élèves et rendant la différenciation difficile. De plus, la gestion du groupe classe était coûteuse en énergie et en temps. En effet, garder une attention soutenue pendant près d’une heure n’est pas chose aisée, y compris pour un adulte. Or, c’est ce que nous attendions de 25 élèves de 7 ans : attitude d’écoute, participation pertinente et opportune, absence de bavardage et de distraction… mission impossible !

Partant de ce constat, mes 4 collègues et co-autrices (Evie Laversanne, Adeline Michel, Aurélia Onysko-Leclaire et Séverine Walker) et moi-même avons réfléchi à un mode d’enseignement qui pourrait pallier ces difficultés et qui s’adapterait au mieux aux besoins de chacun, et nous sommes donc tournées vers l’enseignement en classe flexible.

Repenser la place de l’élève

La classe flexible permet de repenser la place de l’élève en le rendant acteur de ses apprentissages, en lui accordant une plus grande liberté et davantage d’autonomie. Cet enseignement permet une approche individualisée, plus respectueuse des besoins et des rythmes de chacun. (Concrètement, si un élève de CE1 n’est pas prêt à aborder la grammaire dès septembre en raison d’une maîtrise insuffisance de la lecture, cet apprentissage pourra être différé de quelques mois afin de laisser à cet élève la possibilité de rentrer sereinement dans le nouvel apprentissage).

Cette transformation de l’enseignement s’accompagne également d’une transformation de l’environnement (mobilier, assises, aménagement de l’espace) afin d’offrir une plus grande liberté de mouvement et de permettre aux élèves de se sentir bien dans leur classe.

C’est à l’aménagement de l’espace que nous allons nous intéresser dans cet article en proposant 5 idées d’aménagement en classe flexible.

Aménager sa classe flexible

>> À lire aussi : 5 bonnes raisons de mettre en place une classe flexible

1. Un espace de travail dirigé

C’est le premier espace indispensable si l’on choisit de travailler en classe flexible. Même si les groupes sont réduits (de 5 à 15 élèves), un certain nombre d’élèves continue bien sûr à travailler avec l’enseignant. Cet espace doit permettre à tous les élèves de voir le tableau, et à l’enseignant de voir tous les élèves et de pouvoir rapidement circuler entre eux.

Il vous appartient d’organiser cet espace en fonction de vos besoins. Plusieurs configurations sont possibles : en U, en ilots, en « étoile » … N’hésitez pas à tester pour savoir quelle configuration vous convient le mieux ! Pour des temps de remédiation, ou si vous enseignez en dispositif ULIS, le travail dirigé pourra se faire avec de très petits groupes (2-3 élèves) et pourra alors nécessiter un espace plus restreint.

Disposition U
Disposition "en étoile"
Espace de travail dirigé pour 2 élèves en ULIS

>> À lire aussi : le rôle de l’enseignant en classe flexible

2. Un espace de travail autonome

Cet espace est un espace de plus grande liberté pour les élèves, ce qui ne veut pas dire qu’il n’est régi par aucune règle. Au contraire, il est important que les enfants connaissent et respectent les règles de cet espace (choix des assises, rangement du matériel…) afin de permettre un travail effectif en autonomie : ce n’est pas parce qu’ils ne sont pas avec l’enseignant que le temps autonome est un temps de récréation.

Dans cet espace, les élèves peuvent choisir leur place ainsi que l’assise qui leur convient le mieux (ballon, tabouret oscillant, z-tool…) Ils ont accès librement à tout le matériel dont ils ont besoin pour travailler, quelles que soient les modalités choisies : plan de travail, centres d’autonomie, ateliers individuels de manipulation (AIM)…

Aménager sa classe flexible - Tabouret tilo

>> À lire aussi : 15 conseils pour créer votre plan de classe flexible

3. Un espace de regroupement

À différents moments de la journée, il peut être nécessaire de regrouper tous les élèves pour des temps d’échanges. Cela peut se faire lors de l’accueil du matin par exemple, en fin de journée pour le bilan, ou lors de séances d’EMC ou de langues vivantes qui se prêtent particulièrement aux échanges. Pour cela, différents espaces de regroupement peuvent être prévus : autour d’un tableau, en cercle au sol… Ces temps de regroupement sont importants car ils permettent de « fédérer » le groupe-classe.

Aménager sa classe flexible

4. Un espace calme

L’espace calme a pour vocation :

  • Soit de permettre à un élève de travailler seul et de se concentrer davantage lorsqu’il en a besoin
  • Soit de permettre à un élève de s’isoler pour relâcher la pression et mieux gérer ses émotions.

Prendre en compte les individualités au sein de la classe, c’est aussi accepter que chacun a des besoins différents à des moments différents. Parfois, un trop plein d’émotions peu empêcher un enfant de passer à autre chose et d’être disponible pour le travail. En lui donnant la possibilité de se calmer à l’écart du groupe, on lui accorde le temps dont il a besoin pour résoudre son problème, et en discuter calmement lorsqu’il sera prêt.

Écran de concentration amovible study budy : cet écran pliable permet de créer de manière temporaire un espace de travail au calme, minimisant les distractions sonores et visuelles pour faciliter la concentration. Il se pose sur une table ou un bureau lorsque le besoin se fait sentir, pour aider un élève en particulier.

>> À lire aussi : repenser la salle de classe avec l’intégration sensorielle

5. Des espaces de rangements

Pour garantir le bon fonctionnement de la classe flexible, il faut prévoir des espaces de rangement à destination des élèves, espaces qu’ils pourront utiliser librement. Ces espaces doivent donc être clairement définis afin que les élèves puissent se les approprier rapidement.
En classe flexible, les élèves n’ont plus de place attitrée, donc plus de casier personnel pour ranger leurs affaires. Il faut donc que les cahiers et le matériel commun aient une place définie, indiquée par un affichage permettant de se repérer facilement (dans l’idéal, une étiquette avec le nom du matériel ainsi que l’image correspondant, pour que tous les élèves, y compris les non-lecteurs, puissent se repérer).

Les cahiers pourront être rangés dans des meubles ou dans des bacs prévus à cet effet. Les meubles à tiroirs sont idéals pour ranger le matériel de manipulation en libre accès. Enfin, pour les Ateliers Individuels de Manipulation (AIM) plastifiés, des pochettes murales ou des petits bacs de rangement pourront être utilisés.
A nouveau, chacun fera selon ses possibilités matérielles et ses convenances personnelles.

 

>> À lire aussi : organiser des ateliers individuels avec les work boxes ?

L’aménagement de l’espace en classe flexible permet de rendre l’environnement plus accessible et de favoriser le bien-être des élèves qui s’approprient davantage leur espace de travail. Ces derniers peuvent tout à fait être impliqués dans les choix concernant l’aménagement, puisqu’ils en sont les premiers destinataires. Attention cependant, pour travailler en classe flexible, il ne suffit pas de repenser l’aménagement, il faut également repenser les places et rôles de l’enseignant des élèves.

 

Anne est enseignante depuis 6 ans et pratique la classe flexible depuis 3 ans aux côtés de ses collègues et co-autrices. Enseignante pour la deuxième année consécutive en CE1-CE2; expérimente la « classe mutualisée » avec @maitresseevie et @un_tour_en_ulis.

La retrouver sur Instagram @angry_butnotmean_teacher.

 

Alexandra, chargée de communication.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Taper la réponse pour valider votre commentaire * Time limit is exhausted. Please reload the CAPTCHA.