Et si, au lieu de dire non, nous apprenions à dire oui, mais autrement ? Au Danemark, cette idée n’est pas un slogan bien-pensant, mais une véritable philosophie de société. Dans les politiques publiques, l’urbanisme, les écoles ou même la fiscalité, tout est pensé pour guider positivement plutôt que punir. C’est ce que les chercheurs en sciences comportementales appellent le « Yes Environment » : un environnement conçu pour encourager les bons comportements, non pour réprimer les mauvais.
Dire oui, même quand on dit non
Dans les rues de Copenhague, on ne voit pas de panneaux « Interdit de jouer de la musique ». À la place un discret panneau indique : « Vous pouvez jouer ici jusqu’à 22h ». Le message est le même, mais la forme change tout : la liberté reste le point de départ, la règle n’en est qu’un cadre.
Le même principe s’applique dans l’aménagement urbain. Par exemple, les feux tricolores affichent un compte à rebours avant le passage au vert. Ainsi, on n’impose pas l’attente et on la rend prévisible. À l’aéroport de Copenhague, des empreintes au sol guident les passagers vers le contrôle des passeports.
Ce design bienveillant repose sur la nudge theory ou « théorie du coup de pouce ». Née dans les année 2000, cette approche consiste à orienter les choix sans les contraindre. Et au Danemark, cette philosophie imprègne les institutions publiques, la fiscalité, la mobilité et même l’éducation.

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Le « Yes » appliqué à la vie publique
Dans l’administration danoise, la bienveillance est un outil d’efficacité collective. Prenons l’exemple des impôts, au lieu d’envoyer des rappels menaçants, les messages sont formulés ainsi : « Voici comment le faire facilement ». Ce ton de confiance augmente le taux de conformité fiscale car les citoyens se sentent acteurs et non suspects.
Dans les rues, les poubelles de tri affichent des instructions claires : « Verre ici, papier ici, déchets alimentaires ici », plutôt que « Pas de déchets ici ». Ces détails, en apparence anodins, créent un climat collectif où chacun se sent responsable et valorisé.
C’est toute une politique , un système derrière tout ça qui, dès la conception des espaces et des messages, fait passer l’humain, le bien-être collectif au coeur de la réflexion.
L’école, le laboratoire du « Yes Environment ».
Cette culture du « yes » commence dès l’enfance. Depuis 1993, le Danemark a intégré à son programme scolaire une heure par semaine de cours d’empathie. Cette heure est obligatoire pour tous les enfants de 6 à 16 ans. Pendant ce cours, on ne récite pas de morale : on discute des émotions, on résout les conflits, on apprend à écouter. L’objectif est de faire de l’école un lieu d’apprentissage et de relations humaines.
Les enseignants danois expliquent que ces moments permettent aux enfants de mieux comprendre les autres et d’être plus ouverts à la coopération. Les études montrent que les élèves ayant suivi ce type de programme développent une plus grande confiance en eux et moins d’anxiété.
La bienveillance est présente dans le contenu des cours et elle se manifeste également dans l’architecture et l’organisation des écoles, des classes.

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L’école comme terrain de jeu et de vie
Par exemple, l’école Kalvebod Faelled Skole à Copenhague, a été conçue comme un espace ouvert et dynamique, où les élèves peuvent courir, grimper, se trouver dans des zones calmes ou discuter librement. Les classes s’ouvrent sur des espaces communs, les couloirs invitent au mouvement, et les espaces verts sont intégrés au quotidien.
Dans les écoles maternelles, c’est la même logique. Les enfants passent beaucoup de temps dehors, qu’il pleuve ou qu’il neige. Les enseignants encouragent l’autonomie, la découverte, la prise de risque mesurée. L’idée est que l’enfant apprend mieux quand il expérimente.
Ces choix architecturaux et pédagogiques traduisent une conviction. Le bien-être est une condition d’apprentissage et une forme de confiance donnée à l’enfant.
Une société qui fait confiance
Le fil rouge du « Yes Environment » danois, c’est la confiance. Confiance dans les citoyens, dans les élèves et dans les institutions.
Cette confiance structurelle change profondément la manière de vivre ensemble. Quand un enfant grandit dans un environnement qui lui dit « tu peux » plutôt que « tu ne dois pas », il devient un adulte capable d’initiative et de coopération.
D’ailleurs, le résultat peut se mesurer dans les chiffres. En effet, le Danemark figure régulièrement parmi les pays les plus heureux du monde, avec des taux de confiance sociale très élevés.

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Et si on s’en inspirait ?
Il ne s’agit pas de copier le Danemark, mais de s’en inspirer pour repenser nos espaces, no institutions, nos écoles en mettant l’humain au coeur de notre société.
Par exemple, on peut formuler de manière positive les interdits et enseigner l’empathie comme une compétence fondamentale. Cela permettrait de repenser notre société et notre rapport du « vivre ensemble ».
Et si, à notre tour nous essayions de dire un peu plus souvent oui ?
 
				 
			
