En octobre a lieu la Journée mondiale de la santé mentale. Cette journée est l’occasion d’appuyer sur la sensibilisation vis-à-vis de ce sujet déterminant.
Nous avons donc souhaité interroger Amaria Baghdadli, professeure de pédopsychiatrie à la Faculté de médecine de Montpellier et médecin responsable du Département universitaire de pédopsychiatrie du CHU de Montpellier.
Dans cet article, elle nous parle de la santé mentale chez l’enfant et l’adolescent·e et nous donne ses conseils pour les accompagner.

Qu’appelle-t-on santé mentale chez l’enfant ?

Il sagit chez lenfant comme chez ladulte dun état de bien-être dans lequel l’enfant est conscient·e de ses capacités, peut se réaliser, surmonter les tensions normales de la vie, accomplir un travail productif à l’école et contribuer à la vie quotidienne dans sa famille ou à l’école.
Donc, être en bonne santé mentale ne se limite pas à ne pas être malade. Un enfant avec un trouble psychologique peut avoir un bon niveau de santé mentale, et un autre sans trouble diagnostiqué une grande souffrance psychologique. 
 

À l’adolescence, comment les parents peuvent-ils identifier que leur enfant ne va pas bien ? 

Un adolescent sur son téléphone est caché sous les draps

L’adolescence est une période propice au mal-être, comme toute période de transition. Il faut bien différencier le mal-être propre à l’adolescence d’un trouble dépressif, qui nécessite une prise en charge spécialisée. La « crise d’adolescence » peut en effet amener à ne pas déceler des troubles psychiques graves et retarder leur prise en charge.  

L’adolescent·e peut être tenté·e de s’affirmer en prenant des risques importants (ex : conduite rapide de scooter, prise de substances, comportement défiant, … ), en testant ses limites et celles de son entourage, ce qui peut questionner sur des troubles mentaux alors qu’ils ne sont pas forcément présents.

Certains signes doivent toutefois alerter, comme le changement brutal d’attitude, le désinvestissement des liens (amis, famille), l’insomnie et les cauchemars ou la prise de risque incontrôlée. Il est par ailleurs parfois difficile de distinguer le « normal » du pathologique à l’adolescence pour l’entourage.
Le mieux est d’en parler aux médecin traitant·es qui sauront conseiller et orienter. Il s’agit ensuite de prendre en compte pour interpréter la signification d’une situation de crise, plusieurs facteurs comme des évènements de vie récents (ex : un deuil dans la famille, la séparation des parents), un changement dans la personnalité du jeune (ex : se replie subitement et avec tous alors qu’il ou elle était sociable) et le milieu familial (ex : comment ses membres communiquent entre eux, s’acceptent et se soutiennent).
 

Comment soutenir les parents qui ne savent plus quoi faire ?

Élever un enfant, l’aider à grandir et à devenir autonome est un travail en soi qui consomme une grande énergie tous les jours. Certains enfants ou adolescent·es sont plus difficiles et se montrent tyranniques. Leurs parents, redoutant de perdre le contrôle, peuvent alterner des réponses extrêmes, allant de l’escalade des punitions au « laisser faire » pour arrêter la crise, mais la qualité de la relation parents-enfants en pâtit.

Parfois, ces parents se sentent perdu·es et incompétent·es. Il est important qu’ils demandent l’aide de psychologues ou de pédopsychiatres pour être aidé·es de façon individualisée, chaque famille ayant un fonctionnement et des besoins uniques.

Quelques conseils tout de même à ces parents : ne pas se décourager et continuer à exprimer à son enfant qu’on l’aime et qu’on ne le/ la laissera pas tomber ; ne pas se replier sur soi et s’appuyer sur l’aide d’ami·es, de la famille ; éviter l’escalade des punitions et, enfin, accepter de ne pas « avoir le dernier mot »…
Et bien sûr, solliciter l’aide de professionnel·les de santé mentale qui sont formé·es pour aider. 

La compréhension de son handicap a-t-elle un impact sur la santé mentale de l’enfant ? Si oui, comment en parler ?

Une adolescente avec trisomie 21 enfile ses rollers

Le handicap est une situation qui a un impact sur la santé d’un enfant ainsi que sur sa façon de se percevoir et de se sentir compétent·e dans sa famille, dans la société. Il est important que l’enfant comprenne cette situation. Pour ainsi devenir acteur de sa propre vie et ne pas avoir le sentiment d’être réduit·e à cette situation.

Il n’est pas facile pour les parents de parler de son handicap à leur enfant. L’enfant a surtout besoin d’être rassuré sur le fait qu’il n’a pas que des difficultés, mais aussi des capacités voire des talents. Il est important pour les parents d’aller au rythme de ses questions, préoccupations et attentes et de ne pas trop se projeter en lui.

Il peut être, donc intéressant de lui demander d’expliquer avec ses mots ce qu’il vit et comment il définit son handicap. Des livres ou des films peuvent être alors des supports pour ces échanges. Il ne faut pas que les parents hésitent à se faire aider dans cette annonce par leur médecin de famille ou le médecin spécialiste. Il/elle connaît bien le handicap de l’enfant. 

Quels sont les signes montrant qu’un enfant ne va pas bien ?

La souffrance psychique prend également des formes variées chez l’enfant. Les plus jeunes manifestent souvent cette souffrance de façon bruyante, comme avec de l’agitation ou de l’agressivité. D’autres enfants peuvent être tristes, s’isoler et se replier sur eux ou pleurer.
D’autres encore sont excessivement inquiet·es et se plaignent parfois de maux de ventre ou de têtes ou encore font des cauchemars.
Cela est à prendre en compte pour mieux accompagner.

Comment l’aider, communiquer pour qu’il / elle se sente mieux ?

Un des meilleurs facteurs protecteurs pour que l’enfant se sente mieux est la qualité de relation avec ses parents et la cohérence des repères éducatifs qu’ils lui apportent.

Un aspect important est que les parents soient assez disponibles pour aider leur enfant à comprendre la signification de ses expériences vécues et qu’ils prennent le temps de l’écouter et de partager ses inquiétudes, ou bien juste ses questionnements.

Il est essentiel d’encourager les contacts de l’enfant avec ses pairs ou avec des membres de la famille qui comptent pour lui ou elle dans le cadre d’activités agréables. Les activités en extérieur peuvent être utiles, le sport par exemple pour lutter contre l’anxiété. 

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Pr BAGHDADLIAmaria BAGHDADLI est professeure de pédopsychiatrie à la Faculté de médecine de Montpellier et médecin responsable du Département universitaire de pédopsychiatrie du CHU de Montpellier, où s’est mise en place une filière spécialisée dans les troubles du développement de l’enfant. Elle est enseignante et coordonne plusieurs formations universitaires au sein de la Faculté de médecine sur les troubles du neurodéveloppement. De plus, elle dirige à Montpellier le Centre d’excellence sur l’autisme et les troubles du développement. Au sein duquel elle anime un réseau de chercheurs, praticiens, associations ou réseaux de professionnels et de familles.

Céline est chargée de webmarketing et communication chez Hop'Toys. Fondue de cinéma et mordue d'écriture.

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