L’architecture peut avoir un véritable impact sur les personnes porteuses de Troubles du Spectre de l’Autisme. En effet, c’est ce qu’ont révélé de nombreuses études : il existerait des liens entre la qualité spatiale des espaces et la diminution des troubles liés aux TSA. Mais alors, où en sommes-nous dans l’inclusion ?
Pourquoi l’architecture n’est généralement pas inclusive ?
Les symptômes et syndromes liés aux Troubles du Spectre de l’Autisme sont bien souvent méconnu des architectes – mais également de la société en général. Cela expliquerait alors la difficulté à réaliser des architectures inclusives, puisque la pratique architecturale est surtout basé sur le ressenti-même des architectes. Ces derniers définissent le bien-être apporté par un espace selon leurs propres critères. Pour résoudre ce problème, le fondateur et président d’Autisme Liberté et du RAAHP [Rassemblement pour une approche des autismes humaniste et plurielle], Patrick Sadoun donne une solution : « Pour s’engager dans l’accompagnement de personnes autistes, il faut accepter de perdre tous ses repères habituels. C’est valable également pour les architectes. » Il faudrait alors que les architectes acceptent de se mettre à la place d’une personne porteuse de TSA pour comprendre ses ressentis et créer une architecture parfaitement adaptée, sensitive, et inclusive.
Comment créer des espaces agréables pour les personnes porteuses de TSA ?
L’hypersensibilité et l’hypersensorialité sont deux des symptômes les plus importants chez les TSA. La présence et les changement brusques de bruits, de luminosité ou de température peuvent engendrer une vive anxiété chez les personnes porteuses de Troubles du Spectre de l’Autisme.
Certaines qualités spatiales tels que les couleurs, les volumes et les matériaux peuvent avoir une influence sur le bien-être des personnes porteuses d’autisme. Il est difficiles pour elles d’interpréter un espace et de lui donner une signification.
Il est alors nécessaire de repenser la conception de l’architecture, et peut-être créer de nouveaux outils de dialogue et de récoltes d’informations et élargir le spectre des acteurs à impliquer.
Intégrer des cours et un enseignement sur la question du handicap au sein des études d’architecture pourrait également permettre l’évolution et la construction d’une architecture sensitive et inclusive.
Des initiatives prises en France
L’architecture des centres médicaux-spécialisés pour enfants et adultes atteints de TSA ont évolué depuis les années 2000 ; elle intègre désormais la plupart des problématiques liées aux TSA pour minimiser les difficultés que peuvent rencontrer les porteurs. Nous pouvons, par exemple, citer Emmanuel Negroni – architecte et fondateur de Negroni architectes. En effet, il sort des codes classiques et privilégie une architecture sensitive, des volumes adaptés, ainsi qu’une maîtrise de l’acoustique et de la lumière de chaque espace.
En 2014, un institut médico-éducatif pour enfants porteurs de TSA a été fondé dans la ville de Boulogne-Billancourt. Au sein de 1200 m2, l’architecture des lieux a été conçue par l’agence Créa7 et joue sur les ambiances lumineuses et l’alternance des sensations. De ce fait, il existe plusieurs zones : une zone stimulante, une zone mixte, une zone apaisante mais aussi une zone neutre. Ainsi, les enfants peuvent enfin comprendre leur environnement, et savoir à quoi chaque salle est dédiée. Chacune de leur entrée et caractérisée par une couleur et une matière spécifique.
Les zones d’activités et les zones de repos sont également différenciées ; pour la première, les architectes ont utilisé une lumière naturelle, des couleurs chaudes, ainsi que des revêtements de sol et de murs ; pour la seconde, ils ont privilégié des matériaux naturels et chaleureux dont les textures et couleurs sont plus douces et absorbantes.
Également en 2014, L’éveil du scarabée, un centre d’accueil pour adultes atteints de TSA a émergé près d’Auxerre. Lauréats du Prix d’architecture aux ADC Awards en 2015, ils mettent tout en œuvre pour limiter l’anxiété de leurs patients. Avec une voûte en zinc permettant d’éviter les sensations d’enferment, une luminosité ajustée et une acoustique ajustée, ce centre d’accueil est quasi-totalement sensitif et inclusif.
Quelques initiatives d’architectures inclusives prennent forme. Peu à peu, nous nous tournons vers une société plus inclusive, bienveillante, sensitive et adaptée. Et vous, avez-vous déjà parcouru des lieux sensitifs et/ou inclusifs ?