Les projets d’autorégulation peuvent prendre vie dans une diversité d’environnements. Ils sont modulables, adaptables, versatiles… Que de bonnes raisons pour se faire une place dans tous les lieux qui accueillent du public. Et on aimerait que tout le monde le sache ! Ce qui nous a donné l’idée d’une nouvelle série d’articles, pour vous raconter les projets d’autorégulation auxquels on a participé, des kits jusqu’aux salles ! C’est parti pour l’étude de cas n°4 : La pension de famille L’Azuréenne de Toulon !
Mais c’est quoi, l’autorégulation ?
L’autorégulation, c’est être en capacité de réguler ses émotions soi-même. Autrement dit, c’est reprendre le contrôle sur ce qu’on ressent ! Elle permet donc de mieux gérer ses émotions et son impulsivité, ce qui la place comme une alliée précieuse pour développer sa tolérance et réduire sa frustration.
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Créer un espace zen où les résident·es peuvent se ressourcer, apaiser leurs émotions et retrouver leur équilibre : c’est ce qu’a fait la Pension de Famille l’Azuréenne !
En janvier 2024, la Responsable Régionale du groupe Adoma-CDC Habitat, qui gère la Pension de Famille, a pris contact avec Cécile. Le but était d’explorer cette idée. Une visio avec l’équipe, la directrice de la Pension et les éducateur·ices a permis de poser les premières bases de ce beau projet.
Le point de départ
Récolte d’informations
Le projet a débuté en janvier 2024 lors d’un rendez-vous en visioconférence réunissant la Responsable Régionale d’Adoma-CDC Habitat, la Directrice de la Pension de Famille l’Azuréenne, et des éducateur·ices. Ce premier échange a permis de discuter des besoins spécifiques et des objectifs visés pour les résident·es. Pour lancer le projet, la demande a été faite par la Directrice de la pension auprès de la Directrice Régionale. C’est elle qui m’a ensuite contactée. Nos premiers échanges nous ont permis de cerner les besoins spécifiques. D’échanger sur les attentes de chacun·e, et de poser les bases du projet. La vision de la direction et de l’équipe multidisciplinaire était claire. Concevoir un lieu accueillant, accessible et apaisant, qui pourrait s’insérer harmonieusement dans la Pension tout en répondant aux contraintes budgétaires.
De mon côté, j’ai apporté mon expertise pour traduire la vision de la direction et de l’équipe en un projet concret, réaliste et adapté.
Contexte et problématique concernant la demande
Le groupe Adoma-CDC Habitat est connu pour son rôle à la fois comme bailleur social et acteur de l’accompagnement social. Dans ce groupe, on retrouve notamment des pensions de famille, dont la Pension de Famille l’Azuréenne. Elle accueille des personnes en grande précarité, souvent confrontées à des parcours de vie très difficiles et des troubles divers. Face à ces réalités, l’équipe a identifié le besoin de créer un espace dédié au bien-être : un lieu zen, propice à la régulation des émotions, au calme et à la sérénité. L’initiative est venue des éducateur·ices, qui ont identifié le besoin d’un espace ressource pour les personnes accueillies. L’objectif était double. Offrir aux résident·es un lieu où se ressourcer, mais aussi un espace qui faciliterait la communication avec les travailleurs sociaux et travailleuses sociales.
L’Azuréenne avait déjà une pièce dédiée, ce qui offrait un excellent point de départ pour la mise en œuvre de l’espace. L’ambition était de concevoir un espace de qualité, pensé pour répondre à la fois à leur réalité quotidienne et à leurs besoins d’apaisement.
Besoin(s) concerné(s)
Les personnes accueillies par la pension famille rencontrent généralement une grande précarité, souvent dans des situations de grande exclusion et d’isolement. Elles peuvent ressentir une combinaison de besoins liés à leurs situations difficiles et à leurs parcours de vie.
Des besoins émotionnels
- Apaisement émotionnel : Elles peuvent vivre un stress chronique, de l’anxiété ou des traumatismes non résolus. Pour ça, elles ont besoin d’avoir accès à un espace sûr pour se détendre et apaiser leurs émotions.
- Gestion des émotions : Avec des parcours de vie souvent marqués par l’instabilité, apprendre à reconnaître et à gérer leurs émotions devient crucial pour éviter des réactions impulsives ou des conflits.
- Confiance en soi et auto-compassion : Le sentiment d’exclusion peut abimer la confiance. Un espace où les résident·es peuvent s’engager sans pression contribue à la reconstruire. C’est aussi un lieu où ils·elles peuvent se reconnecter avec eux·elles-mêmes, et cultiver la bienveillance envers leur propre parcours.
Des besoins relationnels et sociaux
- Rétablissement des interactions sociales : L’isolement fragilise les liens sociaux. Un espace partagé favorise les échanges, qu’il s’agisse de paroles, de gestes simples ou même de silences respectueux, tout en respectant les besoins individuels de calme.
- Sentiment d’appartenance : Ces lieux renforcent l’idée que chaque personne est prise en compte dans un cadre bienveillant, où elle peut se sentir à sa place et valorisée.
Des besoins cognitifs
- Structure et repères : Un espace organisé, clair et accueillant, aide à se recentrer et à retrouver des repères rassurants.
- Temps de pause : Le cerveau des personnes en situation de précarité peut être en « mode survie » constant. Dans un quotidien marqué par l’urgence et le stress, ces pauses permettent de déconnecter et de recharger son énergie mentale, essentielle pour affronter les défis du quotidien.
Des besoins pratiques et sécuritaires
- Accessibilité : L’espace doit être facile à utiliser, sans nécessiter de compétences spécifiques pour en profiter. Il doit aussi être pensé pour tous les profils, en tenant compte des handicaps ou des besoins de mobilité réduite.
- Respect de leur rythme : Permettre une utilisation flexible, pour que chacun·e puisse y accéder selon ses besoins et envies.
Un espace comme celui-ci joue un rôle essentiel pour aider à reconstruire des compétences souvent fragilisées par leurs parcours de vie. En leur offrant un lieu d’apaisement et de reconnexion, il devient un levier pour retrouver confiance en soi, mieux gérer ses émotions, et rétablir des interactions sociales positives. Ces petites victoires du quotidien participent à un cheminement vers davantage de sérénité et d’autonomie.
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Les premières étapes
La collaboration
Après un premier rendez-vous en janvier, j’ai envoyé trois devis proposant différentes options d’aménagement. Une version passive, une version interactive, et une option complémentaire. Ces devis prenaient en compte les besoins exprimés lors de nos échanges et les réalités budgétaires de la Pension de Famille.
- La version passive mettait l’accent sur l’apaisement et le calme, avec des équipements minimalistes et des solutions simples mais efficaces, comme des éléments de confort sensoriel (lumières tamisées, textures douces).
- La version interactive proposait des outils favorisant la stimulation et les interactions, comme des dispositifs tactiles ou des éléments visuels et sonores adaptés. Cette approche cherchait à offrir une expérience plus immersive pour encourager les résident·es à explorer leurs émotions de manière active.
- L’option complémentaire visait à enrichir l’expérience avec des équipements supplémentaires, apportant encore plus d’interactivité et de personnalisation dans l’utilisation de la salle.
En février 2024, un deuxième rendez-vous en visio a réuni l’équipe et la direction pour discuter de ces propositions. Ensemble, nous avons affiné le projet et sélectionné la version définitive. Il s’agit de la troisième proposition, la version interactive avec une plus large proposition d’outils. Ce travail collaboratif a permis de garantir que la salle répondrait parfaitement aux attentes des résident·es et du personnel.
Choix du dispositif
Pour répondre aux besoins identifiés des résident·es, nous avons opté pour la création d’un espace d’autorégulation sensorielle. Ce type de dispositif s’impose comme une solution idéale dans ce contexte, car il conjugue apaisement, stimulation douce, et accessibilité. Un espace sensoriel permet aux utilisateur·ices de reprendre le contrôle de leurs émotions à leur rythme, dans un environnement sécurisé et bienveillant.
L’objectif était de concevoir un espace qui soit modulable et qui s’adapte aux différents besoins. L’apaisement, pour calmer les tensions. La stimulation sensorielle pour reconnecter avec soi-même. L’échange et le partage, avec espace qui facilite la communication entre les résident·es et l’équipe multidisciplinaire.
Quelques outils choisis :
Chaque outil choisi pour cet espace répond à un ou plusieurs besoins spécifiques, tout en s’intégrant harmonieusement dans le projet :
- Le rideau pénombre instantanée : Pour créer un environnement apaisant et maîtrisé en termes de luminosité, essentiel à la gestion des stimuli sensoriels.
- La colonne à bulle interactive : Offre à la fois une stimulation visuelle et tactile. Elle favorise l’émerveillement et incite les résident·es à interagir dans un cadre sécurisant.
- Le rideau de fibres optiques : Apaisant et engageant, il permet une exploration douce des textures et de la lumière.
- Une chaise ergonomique ballon : Choisi pour pouvoir être utilisée par les éducateur·ices. Elle leur permet d’accompagner les résident·es dans des moments d’échange tout en restant dans un cadre zen.
- Des plaids lestés : Favorisent une sensation de réconfort physique et émotionnel. Ils permettent de réduire l’anxiété par la pression profonde.
- Des fidgets : Aident à canaliser l’attention et à apaiser les tensions nerveuses.
- Morphée : Sans ondes ni écran, cet outil guide les utilisateur·ices dans des exercices de relaxation, parfait pour des temps de pause mentale.
- Des casques anti-bruit : Indispensables pour réduire les stimuli sonores. Ils offrent du calme dans des moments de surcharge sensorielle.
- Un collier de massage vibrant : Un outil de relaxation physique qui aide à détendre les tensions corporelles accumulées.
Chaque élément de cet espace a été soigneusement choisi. Ils garantissent une expérience apaisante et enrichissante pour les résident·es, tout en restant facile à utiliser et à intégrer dans leur quotidien.
La mise en place
La salle zen a été inaugurée à la fin du mois de mai 2024, marquant l’aboutissement d’un projet construit avec soin et collaboration. Comme pour chaque projet, nous avons privilégié un système plug-and-play, garantissant une installation rapide et simple.
Grâce à cette approche, l’espace a pu être mis en place en une seule journée. Sans nécessiter d’aménagements complexes ni de compétences techniques spécifiques. Ça a permis à l’équipe de se familiariser immédiatement avec les outils pour commencer à les utiliser rapidement avec les résident·es.
Le résultat
L’installation de cette salle zen à la Pension de Famille l’Azuréenne représente bien plus qu’un simple projet d’aménagement. C’est une démarche qui illustre l’importance de créer des espaces dédiés au bien-être pour les personnes qui rencontrent des situations difficiles, en grande précarité.
Ces lieux ont un rôle fondamental dans la reconstruction de l’équilibre et de l’estime de soi. Ils sont pensés pour répondre à des besoins émotionnels, sensoriels, et sociaux. Offrir un espace sécurisant et apaisant, c’est permettre à chacun·e de trouver un moment de répit. De renouer avec ses émotions et de poser les bases d’une meilleure relation avec soi-même et avec les autres.
Ce projet s’inscrit dans une réflexion plus large sur les outils et dispositifs d’accompagnement social. Dans des structures comme les pensions de famille, ces espaces sensoriels sont des leviers précieux pour répondre à des besoins complexes. Chaque détail contribue à faire de cet espace un véritable soutien pour les résident·es comme pour les équipes éducatives.
Ce projet permet de démontrer une chose. Une attention particulière portée aux environnements peut changer profondément les dynamiques du quotidien, en apportant apaisement, sérénité, et reconnexion.
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