Coin calme, salle sensorielle, salle d’autorégulation, espace Snoezelen, salle multisensorielle…
Les dénominations pour décrire un endroit où se ressourcer sont nombreuses. Est-ce qu’on parle de la même chose ? Si non, quelles sont les différences  ?
Faisons le point sur ces différents concepts et leurs spécificités. Décryptage pour mieux comprendre ! 

 

La salle Snoezelen : un espace propice à la construction d’une relation

Relation d'accompagnement dans salle snoezelen

Le terme Snoezelen est la contraction de deux mots néérlandais, son pays d’origine : « snueffelen » (renifler, sentir) et « doezelen » (somnoler). Ces deux mots décrivent l’approche Snoezelen, qui combine la relaxation et la stimulation sensorielle. Elle a été développée aux Pays-Bas, donc, pour les personnes vivant avec des troubles du développement dans les années 1970. Depuis, elle a été appliquée à différentes typologies de personnes et dans d’autres pays, comme l’Angleterre et l’Allemagne, et plus récemment aux États-Unis et au Canada.

La philosophie Snoezelen repose sur trois activités distinctes :

  • Relaxation
  • Découverte
  • Interactivité

Par rapport aux autres concepts que nous allons voir, l’approche Snoezelen est encadrée. C’est une démarche d’accompagnement, un état d’esprit, un positionnement d’écoute et d’observation. Elle se base alors sur des propositions de stimulation et d’explorations sensorielles, privilégiant la notion de « prendre soin ». L’espace et le matériel sont les aspects qui vont permettre d’établir une relation, un climat relationnel entre l’accompagnateur ou l’accompagnatrice, et la personne qui l’utilise. La conception de la salle vise la création d’une ambiance, dans un environnement sécurisant et stimulant. Elle permet de proposer des sollicitations sensorielles douces et diversifiées. L’accompagnateur·trice va choisir le matériel et les stimuli qui peuvent répondre aux besoins de la personne qui utilise la salle. Il n’y a pas nécessairement d’objectif défini pour chaque séance. L’intention, c’est plutôt le bien-être général. L’objectif est donc de créer un environnement qui soit apaisant, sécurisant, et propice à l’exploration sensorielle !

Point différenciant : une approche construite qui favorise un cadre relationnel sécurisant

Dans le cadre de la salle Snoezelen, l’accompagnatrice ou l’accompagnateur a suivi une formation particulière et a cultivé une posture sécurisante et bienveillante. C’est un vrai plus à l’atmosphère apaisante de ce type de salle. La présence d’une personne pour accompagner l’utilisateur·rice de la salle facilite les interactions et la mise en activité. La combinaison de la posture, de l’aménagement de l’espace et du matériel crée un environnement thérapeutique unique, propice au travail de différents aspects du développement, de manière douce et non-intrusive.

Usage et exemples

Pour la petite enfance

Pour les besoins spécifiques ou le handicap

À la maison

 

La salle sensorielle ou espace multisensoriel : ouverture et adaptabilité

Salle sensorielle ou multisensorielle

Une salle sensorielle, ou espace multisensoriel, c’est un concept plus large. Il peut englober différents types d’aménagements et différentes approches ou démarches, visant à stimuler les sens de manière positive. En revanche, elle peut aussi avoir des objectifs plus spécifiques selon l’approche choisie ! Stimulation d’un sens particulier, désensibilisation, relaxation, séance Snoezelen, séances adaptées aux profils hypersensibles ou hyposensibles… La salle sensorielle propose une multitude de possibilités.

Elle peut être utilisée dans une variété de disciplines professionnelles. Par exemple, l’orthophoniste pour la stimulation cognitive ou pour renforcer des apprentissages, grâce au corps et aux sensations, pour une meilleure compréhension. Par des ergothérapeutes, pour l’intégration sensorielle ou la stimulation vestibulaire, avec des éléments vibratoires et visuels. Mais aussi par des psychomotricien·nes, qui peuvent adapter certaines séances pour travailler le lien entre corps et esprit. Par des psychologues, pour établir un cadre de confiance. Ou encore à l’école, en EHPAD, en périscolaire, en établissement spécialisé, …

La salle sensorielle permet donc d’adapter le matériel et l’aménagement de l’espace en fonction des besoins et des profils, que ce soit des enfants en bas âge, des enfants, des ados ou des adultes, avec ou sans handicap, avec ou sans besoin spécifique. Dans ce genre d’espace, il est important de prendre en compte les particularités sensorielles du public. Il s’agit ici de proposer des stimuli prévisibles et contrôlables, d’éviter la surcharge sensorielle, d’inclure des objets d’intérêt spécifique, et de permettre le retrait si besoin.

Salle d'attente sensorielle

Point différenciant : espace très ouvert

Dans une salle sensorielle ou un espace multisensoriel, il est possible de travailler différentes approches thérapeutiques. On peut aussi bénéficier de différentes typologies de séances, où les professionnel·les du médico-social et les équipes pédagogiques peuvent adapter des séances en fonction de leurs objectifs.

Usage et exemples

Pour l’inclusion à l’école

Pour la petite enfance

Pour la crèche

À la Cité des Arts de Montpellier

Salle sensorielle Cité des Arts de Montpellier

À la maison

En EHPAD

En IME

 

La salle d’autorégulation : reprendre le contrôle

Enfant en autorégulation dans un espace dédié

Les salles d’autorégulation offrent une bulle de répit, comme un sas de décompression pour celles et ceux qui cherchent un moment de calme et d’apaisement. Ces espaces se développent de plus en plus, dans des environnements bruyants, remplis de monde. Dans les centres commerciaux par exemple, mais aussi en festivals, en compétitions sportives ou encore à l’école.

Ces espaces sont indispensables pour les personnes avec des besoins spécifiques, comme l’autisme, l’hypersensibilité, ou d’autres particularités sensorielles. Ils sont également tout à fait bénéfiques pour les enfants qui sont en train d’apprendre à canaliser leurs émotions, mais aussi pour les femmes enceintes, qui ont besoin de calme, et les personnes âgées, avec ou sans Alzheimer par exemple.

Point différenciant

Il s’agit d’une salle ou d’un espace qui est mis à disposition sans besoin d’accompagnement. L’objectif est d’offrir un espace calme, dans lequel il est possible de se recharger pour pouvoir, par la suite, repartir en étant plus disponible.

Usage et exemples

En festivals, dans les stades de foot, dans les aéroports…

Pour les grands évènements, comme les Jeux Olympiques

En classe

 

Le coin calme : un refuge accessible

Coin calme

Un coin calme, ou coin refuge, c’est un espace plus petit et facile à mettre en place, que ce soit en milieu scolaire, à la maison ou au bureau. L’objectif est d’offrir un refuge rapide en cas de surcharge sensorielle ou émotionnelle. En effet, lorsqu’un enfant est trop stimulé, il peut avoir besoin de se ressourcer dans un petit coin. Au retour de l’école en fin de journée, par exemple, ou lorsque son environnement est surstimulant, comme pendant une fête de famille. Le coin calme est souvent utilisé comme une passerelle : entre l’école et la maison, entre le temps de jeu et celui du coucher… Il permet de faire retomber les tensions de la journée !

Le coin calme a de nombreux bienfaits thérapeutiques, en particulier pour les troubles du comportement, les troubles sensoriels ou liés à l’hyperactivité. Il permet de se créer un espace agréable, sûr, et il est accessible à tout le monde : enfants, ados, adultes !

Très souvent, cet espace est créé dans une tente ou une cabane, pour s’isoler facilement et avoir un aspect cocooning ressourçant. Il comporte une assise confortable, comme des poufs ou des coussins, un éclairage doux, quelques objets sensoriels apaisants, et des casques anti-bruit.  C’est un matériel assez simple, qui peut être installé dans le coin d’une pièce, comme la chambre à la maison ou la classe à l’école.

Point différenciant : un refuge rapide

Le coin calme a l’avantage d’être un petit espace, délimité par une tente ou une cabane. Il devient donc un refuge rapide en cas de surcharge sensorielle ou émotionnelle !

Usage et exemples

À la maison

À l’école

 

Dispositif d’autorégulation : le projet d’école inclusive

Élève avec trisomie dans classe flexible

Un Dispositif d’Autorégulation (DAR), c’est une école au sein de laquelle est mis en place :

  • Une coopération entre les enseignant·es et une équipe médico-sociale à temps plein dans l’école élémentaire
  • Une approche autour de l’autorégulation, pour permettre à tous les élèves de développer leurs compétences
  • Une scolarisation à temps plein des enfants sur le spectre de l’autisme ou présentant des TND en classe ordinaire, considérés comme des élèves à part entière

Au sein d’un DAR, toute la communauté éducative est formée, ensemble, à des modules divers, basés sur les sciences cognitives. Cette équipe pluridisciplinaire reçoit régulièrement un coaching (comme une supervision), pour monter en compétences et développer une culture commune et une approche spécifique. Ça comprend :

  • Une approche positive, basée sur les réussites de chacune et chacun
  • Une approche non stigmatisante des différences et permettant d’inculquer l’inclusion
  • Une méthodologie basée sur les avancées scientifiques concernant le développement de l’enfant : enseignement explicite, analyse des comportements et défis
  • Un développement des habiletés sociales et de l’autorégulation chez l’ensemble des élèves

>> À lire aussi : Dispositif d’autorégulation : qu’est-ce que c’est ?

Point différenciant : plus qu’un espace, un projet d’école

Ici, toute la communauté éducative est formée ensemble. Ça implique l’inclusion, au sein de l’école, des enfants, qu’ils soient sur le spectre de l’autisme, qu’ils présentent des troubles spécifiques du langage et des apprentissages ou encore des troubles de l’attention avec ou sans hyperactivité. De fait, ça implique aussi le développement d’une culture inclusive plus globale !

>> Pour en savoir plus : Les dispositifs d’autorégulation

En conclusion

Des coins calme aux dispositifs d’autorégulation, pour un moment de répit ou une approche thérapeutique ciblée, ces espaces offrent des solutions pour répondre à une variété de besoins sensoriels et émotionnels. L’objectif, c’est que tout le monde puisse trouver sa place et ses repères, pour un mieux-être quotidien et une inclusion généralisée !

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