Aujourd’hui, c’est la Journée internationale de l’éducation. Saviez-vous que la première édition de cette journée, proclamée par l’ UNESCO, s’est déroulée en 2019 ? Son objectif : mettre en lumière le rôle de l’éducation pour la paix et le développement. À cette occasion, nous avons souhaité donner la parole à Constance Monkarey, éducatrice spécialisée à l’APF France Handicap. Elle explique comment rendre sa classe plus inclusive pour que chaque enfant puisse développer son plein potentiel !

C’est quoi une classe inclusive ?

Il me semble pertinent de commencer par comprendre ce qu’implique l’idée d’inclusion scolaire. La loi sur la refondation de l’école du 9 juillet 2013 modifie le code de l’éducation et indique : « Que tous les enfants partagent la capacité d’apprendre et de progresser. Le code veille à l’inclusion scolaire de tous les enfants, sans aucune distinction… ».  

La notion d’inclusion scolaire fait suite à celle d’intégration connue précédemment. Elle implique l’idée que ce n’est plus uniquement à l’élève en difficultés de s’adapter, mais bien à l’environnement et donc ici, l’école et la classe d’être en mesure d’accueillir tous les enfants.  

Une classe inclusive, c’est une classe qui accueille tous les enfants

Cela représente une avancée majeure en ce qui concerne la place des personnes en situation de handicap dans notre société, notamment les élèves. Cependant, c’est aussi une source d’angoisse et de travail supplémentaire pour le corps enseignant. En effet, au-delà de l’idée d’accueillir demain un maximum d’enfants aux profils variés dans les écoles, qu’en est-il des apports théoriques et du soutien dont bénéficient les enseignants ? 

Aujourd’hui, grâce au poste d’éducatrice spécialisée que j’occupe dans une EMAS (Equipe Mobile d’Appui médico-social à la Scolarisation), j’ai la chance de pouvoir créer un lien et des échanges entre deux mondes. Celui de l’éducation nationale et celui du médico-social 

école plus inclusive

>> À lire : Ecole inclusive, conseil n°1 : sensibiliser à la diversité

>> À lire aussi : Ecole inclusive Conseil n°2 : Favoriser l’attention et la concentration

>> À découvrir : École inclusive, conseil n°3 : la classe flexible

L’EMAS a pour objectif principal de favoriser l’inclusion scolaire

Les équipes de l’EMAS sont créées pour renforcer les dispositifs de l’école inclusive. L’idée étant de mettre au service des acteurs de l’Éducation nationale (enseignants, AESH, etc.) des ressources du secteur médico-social. Les équipes se basent sur une connaissance et un travail de réseau de professionnels du territoire. Elles peuvent proposer des sensibilisations/informations sur tous les handicaps. Elles peuvent également effectuer des propositions d’aménagement des espacesC’est à ce dernier point que nous allons nous intéresser. Dans l’idée de rendre l’environnement inclusif et donc la classe, il existe une multitude de possibilités.  

Les outils qui permettent de rendre une classe plus inclusive

L’idée est que la classe favorise l’apprentissage de tous : là ou avant silence, rigueur et tenue stricte étaient imposés, aujourd’hui, nous savons que certains profils atypiques n’ont pas les mêmes besoins pour apprendre à apprendre.

En effet, nous savons aujourd’hui que certains ont besoin d’être en mouvement, de tenir un objet ou d’être debout pour se concentrer. L’idée n’est pas de désorganiser les classes, mais de les rendre « flexibles ». On offre ainsi la possibilité pour des élèves avec des besoins spécifiques (même tous les élèves) d’avoir accès à des ajustements. On proposera alors des assises différentes (ballons, coussins picots), à des petits objets offrants diverses textures (boîte à fidgets) ou encore à un coin refuge. Il s’agit d’un coin dans la classe favorisant le retour au calme en diminuant les stimuli extérieurs avec tapis, coussin, tipi, boite sensorielle, casque antibruit. 

On peut aussi s’intéresser à des méthodes différentes. Il est connu aujourd’hui que pour certains, l’apprentissage par l’expérience leur offre la possibilité d’atteindre le même niveau que leurs camarades. Les élèves avec une difficulté d’abstraction ont souvent besoin de manipuler, de visualiser. L’apprentissage par le jeu permet aussi de fixer certaines notions. Dans tous les cas, le fait de favoriser les apprentissages par différents biais permet de développer d’autres compétences : travail en équipe, enrichissement du vocabulaire, entraides, etc.

Aménager un coin calme dans sa classe

Les coins calmes, aussi appelés coin de relaxation ou coin de repos, sont populaires dans les salles de classe de nos jours ! C’est un espace aménagé à l’écart du groupe où l’élève peut se rendre pour faire une pause. Les enfants, qu’ils soient en surcharge sensorielle ou qu’ils vivent une émotion intense, pourront s’y réfugier pour se réguler. Mais c’est aussi un endroit, un peu cocon, où l’enfant peut aller lorsqu’il a besoin de s’isoler du reste du groupe, d’avoir un temps au calme. Ce type de coin dans la classe est indispensable pour les enfants qui ont des troubles sensoriels, mais il est bénéfique pour tous !

coin calme dans sa classe 

Vous n’avez pas besoin de beaucoup de matériels ni de beaucoup d’espace pour aménager un coin calme ou de relaxation dans votre classe. L’idée est de créer un espace un peu isolé pour créer une impression de bulle, de cocon. Vous pourrez donc l’aménager dans un coin de la pièce, mais également dans une petite tente, un tipi ou une cabane, sous un bureau ou une table, derrière une étagère, ou même dans un placard ! Ajoutez-y des coussins, tapis et peluches selon l’âge de l’enfant pour créer un endroit chaleureux. Enfin, vous pouvez ajouter une boite d’outils qui accompagneront l’enfant dans sa gestion des émotions.

Les coins de relaxation ne sont pas réservés qu’aux plus petits ! On pourra en aménager dans sa classe au primaire ou même au collège !

>> À lire : Des idées d’aménagements de « coin calme »

>> À télécharger : Affiche « J’ai besoin de me calmer »

Les assises dynamiques pour bouger sans bouger

Les assises dynamiques

Un coussin en forme de papillon à poser au sol ou sur une chaise pour créer une assise dynamique ! Idéal pour la salle de classe, cette assise permet aux enfants de bouger tranquillement tout en travaillant, leur permettant de rester concentrés sur leur tâche et d’être plus productifs. L’assise dispose de picots flexibles d’un côté et des picots plus petits de l’autre qui permettent de choisir la juste quantité de stimulation tactile désirée. De plus, la base ergonomique permet au corps de se stabiliser en améliorant la posture. Enfin, grâce à la pompe de gonflage incluse, la fermeté du coussin peut être personnalisée pour s’adapter exactement aux besoins de chaque enfant.

Une assise qui combine le rebond du siège ballon avec la mobilité de la chaise à roulette ? C’est possible avec la chaise ergonomique ballon ! Cette assise est confortable et permet de rester actif tout en étant assis. Dotée de 5 pieds, la chaise ergonomique ballon est facile à déplacer et offre une meilleure stabilité et un grand confort. Le ballon d’exercice, également appelé « Swiss Ball » ou « ballon Pilates », apporte une stimulation vestibulaire avec une assise toujours en mouvement. Sa conception unique permet de s’installer confortablement sans que les jambes ne heurtent le socle. De plus, cette chaise ergonomique ballon anti mal de dos est conçue et recommandée par les kinésithérapeutes. Elle dispose également d’un dossier pour caler et stabiliser sa position.

Les atténuateurs de bruits

Les atténuateurs de bruits

Le bruit d’une cour d’école peut dépasser les 85 dB ! Dans une classe, certains bruits peuvent parfois aussi aller au-delà de 80 dB, et les sons peuvent déjà être dangereux pour l’ouïe. Si, il y a un peu trop de bruits dans la classe, pourquoi ne pas mettre à disposition des outils pour réduire le bruit ?

Proposez aux enfants d’utiliser un casque antibruit. Il atténue jusqu’à 25 dB du bruit ambiant. Idéal pour les enfants hypersensibles aux bruits et les enfants avec hyperacousie, car il atténue les bruits parasites du quotidien. Léger et pliable, il est ajustable et confortable grâce à la doublure douce. 

Mettez-leur à disposition les Calmer kids ! Ce sont des atténuateurs de bruit qui permettent de réduire les sons stressants et de se concentrer sur les sons importants. Ils réduisent le stress lié au bruit et la surcharge sensorielle – sans vous isoler des sons que vous voulez entendre. Les Calmer Kids secure atténuent les bruits de fond et les hautes fréquences ce qui permet de mieux se concentrer sur l’essentiel. Ils sont très utiles pour ceux qui ont une audition sensible, une hypersensibilité au son associée à l’autisme, l’hyperacousie, le stress lié au bruit, les personnes ayant un trouble dys ou un TDAH et d’autres troubles auditifs.

Les fidgets

Vous pouvez aussi mettre à disposition dans un coin de retour au calme une boîte à fidgets. Certaines personnes ont besoin d’avoir toujours quelque chose dans la main à faire tourner, à tripoter, à malaxer pour se concentrer sur une tâche précise. Il faudra cependant que le fidget ne fasse pas de bruit pour ne pas gêner la classe.

les fidgets mains et lestés

Les fidgets Boinks sont composés d’un tube en filet souple dans lequel se trouve une bille. L’enfant va adorer faire naviguer cette bille d’un côté à l’autre dans un mouvement perpétuel. Ce fidget est totalement silencieux et donc parfait pour la classe.

Autre fidget, le fidget twist, est très discret ! On peut s’amuser à le tordre, créant ainsi de nombreuses formes et figures. Les blocs en bois sont attachés ensemble grâce à un élastique qui permet de les bloquer et de les orienter.

Ce fidget lesté Gecko est un petit animal lesté qui offre une sensation de poids au creux de la main. Calmant, il stimule de manière légère le sens proprioceptif.

Stimtoys Hop'Toys

Ce Tangle texturé est composé de plusieurs segments qui s’articulent indépendamment les uns des autres. Chaque segment est constitué de plastique rigide recouvert d’un gel transparent (sans latex) et présentent de petits picots. Il permet de développer l’agilité des doigts, la rotation des poignets et la motricité fine de façon générale.

Cette balle à modeler est en polymère souple, légère et très douce au toucher. Elle reprend sa forme initiale après qu’on l’ait pressée. Elle s’utilise comme fidget antistress, totalement silencieux et discret.

Pour vous aider à choisir les fidgets correspondant aux besoins de vos élèves, téléchargez notre infographie :

Infographie Comment choisir son fidget ?


Infographie au format A4

Et pour l’enseignant, qu’en est-il de sa classe inclusive ?  

Lors de nos interventions, les enseignants évoquent souvent une appréhension liée à une surcharge de travail. Certains nous expliquent que devoir s’adapter à chaque élève différent représente un vrai défi tant en termes d’organisation et en temps de préparation. C’est une inquiétude tout à fait légitime.  

Cependant, ils se rendent souvent compte que l’investissement dont ils ont fait preuve au démarrage est un réel gain de temps par la suite. Le fait de mettre en place une classe plus flexible, plus universelle offre la possibilité de s’adapter déjà à une multitude de profils. On sait par exemple aujourd’hui, que certaines polices d’écritures favorisent la lecture chez les personnes avec des troubles DYS. On peut imaginer que l’enseignant utilise cette police pour tous. Cela ne lui demandera pas plus de travail, ne gênera personne, mais aidera les élèves qui en ont besoin.  

Et les camarades de classe ?  

Il peut être déstabilisant pour certains d’observer des fonctionnements différents chez leurs camarades de classe. Il est nécessaire souvent de pouvoir mettre en place des temps d’échanges autour de la compréhension et l’acceptation de la différence. Les enseignants le font souvent naturellement, à savoir qu’il existe des possibilités pour les outiller dans cette démarche. Il y a des supports (livres, vidéos, films, etc.) sur lesquels s’appuyer, mais également des kits pédagogiques sur Hop’Toys par exemple. Il est toujours pertinent dans une école de mettre en place une journée d’éducation à la différence sous forme de petits jeux et ateliers de mises en situations.  

Informer et sensibiliser à l’autisme

Téléchargez une belle exposition pour aborder le thème de l’autisme avec les enfants (et les parents) et ainsi, sensibiliser le plus grand nombre.

KIT Ma Petite expo pour informer et sensibiliser à l'Autisme


Kit comprenant 21 feuilles A4 à télécharger et à imprimer.

>> À lire aussi : « Sensibilisation aux handicaps : Nos ressources ».

Et les parents ?  

Discuter avec les parents d’élèves de la philosophie de classe plus inclusive est souvent très intéressant. Les parents peuvent avoir des idées, mais également seront peut-être plus enclins à répondre aux interrogations, à échanger sur le sujet de la différence avec leurs enfants. Cela permet aussi parfois à certains de se livrer plus facilement sur les difficultés que peuvent rencontrer leurs enfants, et offre à l’enseignant la possibilité de connaître les forces et les points d’accroches de ses futurs élèves.  

Même si pour certains la notion « d’école pour tous » semble utopique, je reste persuadée qu’elle a le mérite de questionner le système existant et les pratiques actuelles. Comme le disait Oscar Wilde : « Il faut toujours viser la lune, car même en cas d’échec, on atterrit dans les étoiles » .

Sélection pour une école et une classe plus inclusive


 

Constance Monkarey  est éducatrice spécialisée à l’APF France Handicap. Après une partie de sa carrière en Institut d’Education Motrice, elle occupe aujourd’hui un poste dans une EMAS, dispositif soutenant l’inclusion scolaire. Elle travaille avec une psychologue Julie Kacedali. Julie est dotée d’une grande expérience en inclusion scolaire des personnes aux fonctionnements particuliers liés aux troubles du spectre de l’autisme. Cette complémentarité leur permet de mieux répondre aux questionnements des enseignants. Fille, petite fille et belle fille d’enseignants et de professeurs, Constance a toujours eu conscience de l’isolement que peut ressentir un enseignant face à une situation complexe et à un trouble inconnu. C’est en toute logique qu’elle a souhaité mettre ses connaissances au service du corps enseignant. Elle s’épanouit aujourd’hui en conseillant et en informant les professionnels de l’éducation nationale sur diverses problématiques liées aux handicaps.  

Chargée de projet digital

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