Pour parler de la neurodiversité, nous avons demandé à l’association inclusive du Collectif Atypique mais aussi à Lorène Ferrandes, experte en accompagnement de la valorisation de la neurodiversité et maman de deux enfants dont un avec autisme sévère et Lali Dugelay, conférencière avec autisme et responsable communication du Club des Six, ce qu’était la neurodiversité. Découvrez dans cet article leurs explications sur le sujet.

Une journée dans la vie d’un neuroatypique

Ingénieur et diplômé en économie, Arnaud Chaput est le fondateur de l’agence Flamel & The Stone, une agence de consultants neuroatypiques dont le modèle se base sur leurs différences psychiques. Il délivre pour Tedx un talk passionnant sur la neurodiversité et la vie quotidienne d’un neuroatypique.

Qu’est-ce que la neurodiversité pour vous ?

Le Collectif atypique

Le Collectif Atypique est une association dont le but est d’encourager en tant que laboratoire d’idées, la réflexion, la réalisation, le conseil et la promotion de toute action à vocation éducative, familiale, sociale, scientifique et culturelle en faveur des personnes ayant un profil neuroatypique. L’objectif est de favoriser leur autonomie et leur insertion socio-professionnelle. C’est aussi d’améliorer leurs conditions de vie sur le plan matériel, mais aussi sur la santé physique, mentale ou de l’éducation.

Nous proposons un moyen efficace et confidentiel pour trouver les meilleures réponses à vos besoins spécifiques en partageant avec des pairs ou des professionnels dans la bienveillance, sans crainte du jugement. Autiste Asperger, HPI (haut potentiel intellectuel), TDAH (trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité), les constellations « dys »

Le terme de « neurodiversité » est assez récent. Judy Singer a collaboré avec Harvey Blum, un journaliste américain du New York Times, qui a décrit en 1997, les bases de la diversité neurologique, en utilisant le terme « pluralisme neurologique ». Il a écrit que la diversité neurologique peut être aussi importante pour l’Homme que la biodiversité l’est pour la vie en général.

Ce terme peut regrouper l’ensemble des troubles qui affectent le fonctionnement du cerveau

Aujourd’hui, ce terme « neurodiversité » est souvent utilisé pour couvrir l’ensemble des troubles, plus ou moins marqués, qui affectent le fonctionnement du cerveau. La neurodiversité est un terme générique et hyperonymique regroupant notamment des particularités ou hyponymes la composant tels que les troubles du spectre de l’autisme, le TDAH, la douance, les constellations « dys », le syndrome Gilles de la Tourette. Mais également la neurotypicalité (autrement dit, les individus n’ayant pas de conditions neurologiques les distinguant de la « norme » si elle existe…).

Bien qu’à l’origine le terme neurodiversité puisse s’entendre comme positivement discriminant, aujourd’hui, il pourrait s’étendre à tout type de fonctionnement neurologique et cognitif. C’est l’idée que, comme dans tout autre environnement stable, les êtres humains sont différents et complémentaires, en l’occurrence par le biais de leurs cerveaux. La neurodiversité est la diversité des cerveaux et des esprits humains, la variation infinie du fonctionnement neurocognitif au sein de notre espèce.  

De très nombreux scientifiques, ingénieurs, artistes, intellectuels de renommées internationales martèlent depuis des décennies le besoin vital de notre société de plus d’ouverture, de plus de créativité, de relativiser ses standards traditionnels d’intelligence et de normalité.  

La neurodiversité est juste un rappel que même si les apparences peuvent paraître semblables, chaque être est singulier dans son fonctionnement et ses besoins conduisent à une richesse via ces différentes façons de percevoir, de penser, de fonctionner, de s’émouvoir… Partant de l’idée que chacun dispose de sa propre perception de la réalité, la neurodiversité pourrait ne pas concerner qu’1 personne sur 5 mais bien 5 personnes sur 5 ! 

Un groupe d'adultes en train de discuter

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Sensibiliser à la neurodiversité pour ouvrir les esprits

Une sensibilisation plus importante à la neurodiversité pourrait permettre d’ouvrir les esprits à plus d’indulgence vis-à-vis de la différence. Cultiver la bienveillance envers les autres Êtres Humains permettrait à tous d’exprimer ses talents selon ses besoins spécifiques. Changer les « mindset » en se concentrant sur le positif plutôt que sur le négatif. 

Faire évoluer le regard des gens sur la différence telle qu’elle soit, que ce soit par des actions de sensibilisation, la mise en place d’actions d’inclusion pour que les gens apprennent à vivre tous ensemble, à collaborer malgré leurs divergences pourront conduire à un mieux-être pour tous.

Les personnes avec atypisme peuvent également être sensibilisées à leurs propres particularités comportementales et sensorielles, et peuvent être accompagnées pour découvrir des clés de communication avec les personnes présentant des fonctionnements différents. L’inclusion de la neurodiversité toute entière appelle forcément un changement de culture, à savoir passer d’une culture de performance à une culture davantage centrée sur l’Humain. 

Douée de particularités sensorielles, la personne avec autisme est souvent sensible aux sons, à la lumière, aux dérangements, aux imprévus. La perception particulière de son environnement peut être insécurisante et anxiogène car tous ces facteurs sont autant de micro-agressions avec lesquelles elle doit composer, souvent inconsciemment. De plus, les difficultés rencontrées pour communiquer et décrypter les codes sociaux génèrent souvent un sentiment de rejet pouvant conduire soit à l’exclusion sociétale soit à une volonté de se fondre dans la norme pour se faire accepter en luttant contre Soi-même au prix d’une suradaptation coûteuse en énergie et bien souvent non durable dans le temps.  

Un environnement adapté aux besoins spécifiques de la personne avec un TSA permettra de mieux répondre aux attentes, car elle subira moins d’agressions et cela impactera son bien-être tout comme celui de son environnement. Une sensibilisation massive sur ce que sont les Troubles du Spectre de l’Autisme, ce que cela implique et les différents modes de fonctionnement des personnes concernées, pourrait permettre d’augmenter la tolérance et le respect par plus de compréhension de la différence. 

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neurodiversité

Favoriser la mixité des enfants atypiques à l’école

Favoriser la mixité des enfants atypiques à l’école par exemple, pourrait permettre d’habituer tous les enfants à vivre ensemble malgré leurs différences. Prendre en compte les besoins spécifiques et offrir dès l’école les clefs de compréhension des personnes atypiques pourrait permettre une ouverture d’esprit dès l’enfance tout en informant les parents. Dans le monde professionnel, en complément d’action de sensibilisation, de déploiement de réseaux internes consacrés à la neurodiversité, des aménagements raisonnables peuvent être mis en place pour faciliter l’inclusion des personnes avec TSA comme la mise à disposition de casques antibruit, des ambiances lumineuses adaptées, des jours de télétravail, des horaires flexibles pour éviter les périodes de rush dans les transports…   

Plus la société sera sensibilisée aux modes de fonctionnement différents, moins cette méconnaissance engendrera de peur et de méfiance vis-à-vis des personnes neurodivergentes, assurant ainsi une sécurité psychologique où chacun pourra exprimer son potentiel et vivre dans la dignité au sein d’un environnement sain et confortable.

Exemples de comportements bienveillants à adopter pour améliorer le quotidien des personnes avec TSA 

  • Être plus tolérant
  • Plus respectueux
  • Éviter les incohérences
  • Avoir des explications claires et précises
  • Vouloir connaître la personne sans jugements ni aprioris
  • Miser sur ses forces
  • Considérer la personne

Les personnes neurodivergentes peuvent trouver un espace de réflexion, d’échange, de partage et de soutien mutuel entre personnes concernées directement ou indirectement auprès d’associations spécialisées afin de bénéficier d’écoute, de conseils, d’accompagnements pour accompagner l’amélioration de leurs conditions de vie.

Lorène Ferrandes, maman de 2 enfants ayant des besoins spécifiques

Maman de 2 enfants, dont un autiste sévère non-verbal et un zèbre (Haut Potentiel), j’ai mis ma carrière professionnelle de côté pendant 8 ans pour me former à l’autisme et accompagner le parcours d’inclusion professionnelle de l’autisme pour les plus de 18 ans. J’ai, depuis toujours, cherché à comprendre l’autisme à travers la neurodiversité et l’ensemble des recherches faites autour des connexions synaptiques, mes rencontres avec tant de personnes du monde entier ont nourri et nourrissent encore ma vision optimiste.

Ce qui me conduit aujourd’hui à revendiquer mon expertise de l’autisme à travers laquelle je veux faire comprendre que la neurodiversité est une force qui transcende et fait grandir. Je souhaite valoriser la démarche des manageurs qui misent sur le potentiel plutôt que le diplôme, et croient en l’inclusion. L’expérience de 3 ans que j’ai coordonnée au sein d’une grande entreprise pour l’inclusion de salariés autistes me confirme aujourd’hui que c’est une force indéniable pour l’entreprise de demain.

Mon rôle plein et entier de maman atypique et hors normes, mes expériences sur le terrain et mon parcours personnel me poussent aujourd’hui à une approche sensorielle de l’environnement de la neurodiversité. Je sais surtout qu’il n’y a pas de hasard et que ma perception est celle de tant d’autres personnes qui ne demandent qu’à partager leur neurodiversité et atypisme revendiqué.

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Lali Dugelay, créatrice du site Aspie At Work

Lali Dugelay est une femme avec autisme diagnostiquée sur le tard. Elle prône à travers ses conférences en entreprise et interventions dans les médias la neurodiversité et l’inclusion. Lali Dugelay est aussi maman de 2 garçons eux-mêmes avec des besoins spécifiques. Elle travaille en tant que responsable communication au sein d’une association qui crée et gère des habitats inclusifs pour personnes en situation de handicap. Le reste de son temps est consacré à donner des conférences et des formations, à faire de la sensibilisation pour arrêter les idées reçues et faire avancer l’inclusion.

La neurodiversité, c’est à mes yeux le fait de ne pas avoir une pensée ou une façon de faire « stéréotypées » telle qu’attendues par la société, qui peut s’exprimer à travers divers syndromes ou handicaps. La société est encore peu préparée à comprendre, et donc à accepter l’autre dans sa diversité. Cela vaut pour tout type de diversité.

C’est l’inconnu qui fait peur et qui engendre préjugés et exclusion. Il faut donc sensibiliser, encore et encore. Expliquer et démontrer que nous sommes tous différents les uns des autres, chacun avec nos spécificités, et que l’on peut tous vivre ensemble en toute sérénité. À mon niveau, j’interviens pas mal en entreprises et écoles supérieures pour sensibiliser aux handicaps invisibles dans l’espoir de faire un peu bouger les mentalités. Ce sera long, mais je sens un frémissement positif en faveur de l’inclusion !

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Comment peut-on tous devenir des leviers pour que les personnes neuroatypiques puissent s’épanouir à l’école ? Au travail ? Dans la vie quotidienne ? 

Tous nos supports gratuits sur la neurodiversité !

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