Sandra Noel est psychomotricienne D.E. Dans cet article, elle vous parle des différents environnements indissociables de notre évolution, notamment en termes de développement psychomoteur. Elle vous donne également ses conseils d’experte pour aménager un espace Snoezelen et un espace de motricité. Nous vous laissons avec ses mots sur l’importance de l’environnement en psychomotricité.

L’environnement est un champ vaste

Si le terme comprend une multitude d’acceptations selon la discipline qui formalise l’espace, chaque individu peut aussi en avoir sa propre perception. Un élément néanmoins revient dans ce foisonnement des possibles : l’espace renvoie à une conquête. De la conquête d’un simple bout de terre à celle de l’univers, dans un milieu qu’il ne connaît pas, l’homme cherche à apprendre et à être acteur (pour maîtriser). L’enfant entretient le même rapport à l’espace. Par la conquête de son environnement, il apprend à le découvrir mais aussi à se découvrir lui-même puisque l’espace dans lequel il évolue produit en lui des sensations. Pas de découverte sans déplacement. Ainsi, par les expériences motrices, diverses représentations se créent et s’enrichissent. Précisément, chacun des gestes qu’il effectue a un impact sur son développement affectif, moteur et cognitif, car chacun de ses gestes forge ses représentations.

L’espace recèle donc bon nombre de richesses à explorer. Son aménagement permet d’en apporter certaines. Chaque espace est modulable en fonction de nos envies et de nos besoins. Pour cela, 3 critères sont à souligner afin d’aménager un espace :

  • l’environnement doit prendre en considération les besoins de l’enfant,
  • il doit être attractif,
  • l’espace doit être fonctionnel pour l’enfant et son accompagnant.

espace de motricité

>> À lire aussi : « Espace nido : conseils d’une assistante maternelle ».

Espace Snoezelen et de relaxation

Pour installer un coin de relaxation ou Snoezelen, l’espace doit pouvoir s’assombrir et être assez petit ou se loger dans un coin d’une pièce. On y apposera alors un tapis confortable dans un coin de mur, des coussins, un plaid…

Considérer les besoins de l’enfant : l’installation de l’enfant

Pour s’apaiser, l’enfant a un besoin de contenance et de se référer à ses appuis corporels. En effet, il doit alors prendre conscience de son corps et s’y focaliser pour accéder à une bonne disponibilité psychique et corporelle lors de séances de relaxation et Snoezelen. La contenance est le fait de se sentir enveloppé. Elle permet de construire progressivement son enveloppe corporelle. En effet, la peau est la limite entre le monde environnant et notre corps. Renforcer cette barrière amène ainsi un sentiment de sécurité.

environnement snoezelen

Photo de Roxane Occelli

>> À lire aussi : « Assistante maternelle : créer un espace Snoezelen ».

Afin de la stimuler, voici quelques outils utiles pour créer un environnement apaisant :

  • La cabane : elle permet de réduire l’espace environnant, car plus l’espace est petit, plus il devient contenant.
  • Les assises de type pouf permettent aussi une contenance. Le corps se love à l’intérieur, ce qui permet de renforcer les limites corporelles tout en favorisant aussi l’enroulement, qui est une première étape à l’apaisement.

Favoriser les repères corporels

Les repères corporels permettront aussi de se recentrer sur soi car l’enfant sera axé sur ses sensations et ne sera pas happé par les stimuli extérieurs. Il se servira alors de ces dernières pour favoriser son apaisement. Pour favoriser la prise de repères corporels, il est important de faire appel aux sensations internes, notamment à la proprioception qui joue un rôle fondamental dans la construction du schéma corporel. Pour cela, on propose dans cet espace de relaxation :

  • une couverture lestée : posée sur l’enfant allongé, cela permettra de renforcer la sensation de ses appuis au sol.
  • un tube vibrant : il donne une sensation de résonance dans le corps, lui permettant de se focaliser sur les sensations internes.
  • Sac de couchage à compression : il combine la contenance et le renforcement des repères corporels en stimulant la proprioception.

Néanmoins, le mouvement peut aussi être source de relaxation. De ce fait, l’enfant peut trouver son mieux-être grâce à des sensations vestibulaires et gravitaires provoquées par des éléments suspendus. Ils permettent d’ailleurs un certain enroulement qui favorise le sentiment de contenance.

  • le joki : il permet de se recroqueviller sur soi et donc de s’enrouler. Le petit plus, on peut proposer des médiateurs comme des balles à travers le tissu contre le dos.
  • la chaise hamac : Elle est enveloppante mais davantage ouverte sur l’environnement. Les positions peuvent être variées : allongé, sur le côté, assis.
  • le hamac thérapeutique : il prend la forme que l’on souhaite et l’enfant peut donc avoir accès à n’importe quelle position. La matière de ce hamac permet de ressentir  sa position par feedback proprioceptif.

Nid hamac Joki

>> À lire aussi : « S’inspirer de l’intégration sensorielle à la maison ».

Rendre l’espace attractif : l’ambiance

L’ambiance émanant de la salle est indispensable pour permettre à l’enfant d’adhérer aux propositions. De plus, elle permettra l’apaisement grâce à des flux sensoriels gérés (puisque le praticien pourra gérer les flux sensoriels).

Pour cela, on peut notamment proposer un environnement visuel et sonore à l’aide  :

  • Du projecteur étoile : il permet de réduire la luminosité et les petits détails résultant du mouvement des étoiles permettent de cibler les stimulations visuelles.
  • Du kaléidoscope : il est davantage stimulant mais peut être utile pour les enfants en fort besoin de stimulations visuelles.
  • De la colonne à bulles : elle a des vertus très apaisantes. Sa grandeur permet à l’enfant de se centrer sur elle et les mouvements répétitifs des bulles sont fascinants.
  • De la musique et des bruits blancs : créez une enveloppe corporelle supplémentaire. Certains bruits ont des vertus apaisantes, comme les musiques à faibles variations de tonalités ou les bruits blancs.

projecteur étoile

>> À lire aussi : « Les environnements sensoriels et la petite enfance ».

Penser fonctionnel : les médiateurs

Une fois l’espace pensé, il est important d’amener de la fonctionnalité aux lieux avec davantage de petits matériels permettant d’atteindre les objectifs : se relaxer, gagner en relationnel, s’apaiser… Pour cela, un kit de balles sensorielles permet de varier les stimulations tactiles et de choisir son médiateur en fonction de ses envies : stimulations plus profondes, osseuses, musculaires, vibratoires. Ensuite, on peut par exemple proposer des stimulations sur le corps comme des parcours de balles, souvent du haut vers le bas et du centre vers les périphéries.

coin calme balles sensorielles

Espace de motricité

Considérer les besoins de l’enfant : périodes sensibles et compétences motrices

Identifier les envies motrices de l’enfant et ses besoins dans le développement consiste à observer ce qu’il sait faire et ce qu’il expérimente à ce moment. Cette observation donnera lieu à un ajustement de l’environnement. On ne cherche pas à passer des étapes d’apprentissage mais à lui donner les possibilités d’explorer davantage ce vers quoi il tend.

Pour les plus jeunes, la création d’un nido peut être envisagée. Inspirée de la pédagogie Montessori, il comprend :

  • un tapis, de préférence assez fin et de densité souple ou plus épais mais à densité importante. Cela permettra de favoriser de bons appuis plantaires.
  • Un miroir pour se voir évoluer dans cet environnement et progressivement prendre conscience de son reflet et de son corps dans sa totalité.
  • Une barre de brachiation, pratique en rééducation pour stimuler la verticalité. Elle n’est pas nécessaire à la maison car le redressement doit être davantage favorisé par un repoussé du sol plutôt qu’un mouvement de traction des bras.
  • Un meuble ouvert pour disposer des jeux permettant à l’enfant de se déplacer pour aller vers ce dont il a envie. Un tel aménagement est aussi utile pour changer régulièrement de jeux et ne pas les entasser !
envrionnement coin Nido

Photo de Roxane Occelli

Pour les plus grands, un espace de motricité peut être investi à l’aide :

  • d’un espace vide où que l’on peut agrémenter avec du matériel de parcours en fonction des envies et besoins de l’enfant. Le but du matériel est de manière générale de favoriser les coordinations, de renforcer les appuis et d’amener de meilleures compétences d’équilibre. Avec tous ces bagages, l’enfant sera capable d’une meilleure maitrise corporelle.
  • Les parois verticales peuvent aussi être utilisées comme avec un mur d’escalade et un espalier par exemple. Il travaille d’autres sensations notamment vestibulaires, tout comme la balançoire filet, qui peut agrémenter cet espace. Elle permet aussi d’engager un travail de régulation tonique tant au niveau postural qu’en action : l’enfant doit maintenir sa posture et recruter suffisamment pour développer les mouvements de balancement.

espace de motricité pour les grands

>> À lire aussi :  » Comment développer la psychomotricité des enfants ».

Rendre l’espace attractif : couleurs et découvertes sensorielles

Le matériel est souvent de couleur vive afin d’identifier plus rapidement l’espace à investir. Les couleurs peuvent aussi permettre une lecture des différentes parties de l’espace motricité. Les couleurs produisent également des sensations tactiles, proprioceptives, vestibulaires et même parfois auditives. Ces différentes sensations permettent de transmettre des informations en lien avec le mouvement effectué.

Penser fonctionnel : donner du sens par les propositions de jeux et d’imaginaire

Accompagner le jeune enfant sur le tapis et dans ses expérimentations est indispensable : lui proposer des jouets pour éveiller son intérêt, des jeux corporels pour développer son schéma corporel, verbaliser ce qu’il est en train d’entreprendre pour l’aider à se représenter, voilà autant de rôles que l’accompagnant peut prendre dans ces espaces. Pour les plus grands, on peut accompagner les réalisations motrices par des jeux imaginaires pour favoriser l’image mentale et les représentations. Les défis sont des jeux intéressants pour permettre à l’enfant de planifier ses actions.

Enfin, jouer ensemble est la meilleure manière d’investir un espace. Cela ancre le moment dans la relation et dans le souvenir, cela fait aussi appel aux compétences d’imitation.

 

En bref, l’espace est indissociable de notre évolution, et notamment en termes de développement psychomoteur, car notre corps, tant dans ses facultés motrices, affectives et cognitives se nourrit des expériences faites dans l’environnement. Son aménagement a donc des bénéfices certains pour solliciter des compétences et aider l’enfant dans son cheminement. Toutefois, il est tout aussi important de laisser l’enfant évoluer dans un espace spontané qui amène à d’autres compétences telles que l’adaptation.


sandra noel

Sandra Noel et psychomotricienne D.E.

Retrouvez-la sur Instagram : @lespsychomots

Et sur Facebook : Cabinet de psychomotricité de Clermont de L’oise.

Alexandra, chargée de communication.

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