La méthode Davis permet aux personnes porteuses de troubles dyslexiques de développer de nouvelles compétences et de progresser dans l’apprentissage de la lecture, de l’orthographe et de l’écriture. Mais d’où vient cette méthode et sur quoi repose-t-elle précisément ? 

La dyslexie, c’est quoi ?

Les personnes porteuses de troubles dyslexiques risquent de grandes difficultés à lire, écrire et mémoriser l’orthographe des mots. Par ailleurs, cette dyslexie peut se préciser en dyslexie phonologie (difficulté à associer une lettre à un son) ou en dyslexie lexicale (difficulté à reconnaître les mots et à les orthographier). En effet, les personnes avec dyslexie ont une pensée et un mode d’apprentissage spatio-visuel. De ce fait, face à un apprentissage classique, le trouble provoque des confusions et des désorientations chez le porteur.

C’est quoi la dyslexie ? 1 jour, 1 question, 22/02/2016

Le plus souvent la pensée des personnes dyslexiques et une pensée en images. C’est ainsi que le mot « chat » leur est généralement facile à comprendre : c’est un mot dont l’image est évidente et qui prend donc sens dans l’immédiat. Cependant, les expressions abstraites, les mots-outils et les règles de grammaire ne peuvent pas prendre sens dans l’esprit de la personne avec dyslexie, puisque ces mots ne font echo à aucune image.

Également, le patient a une imagination débordante qui lui permet de projeter des images en trois dimensions de ce qu’il peut distinguer autour de lui. Un cube dessiné en perspective peut alors prendre immédiatement forme en 3d sous les yeux du patient… et c’est pareil pour les lettres ; les lettres peuvent être inversées, transposées, remplacées, ou tout simplement disparaître. Par exemple, le p peut devenir q, le d peut devenir b. C’est un phénomène qui a été graphiquement mis en scène par Manon Molinaro en 2015, dans le cadre d’une campagne de sensibilisation sur la dyslexie.

Campagne / Dyslexie, Manon Molinaro, 10/04/2015

La dyslexie peut également perturber la notion de temps et la coordination motrice, altérer la compréhension de l’écrit et/ou de l’oral et contribuer à la confusion des sons.

Néanmoins, de nombreux praticiens de la méthode Davis insiste sur l’aspect positif de la dyslexie. Même si elle est handicapante, elle ouvre le champ des possibles en ce qui concerne l’imagination et la créativité. Pour Patrick Courtois, facilitant Davis certifié qui pratique dans la commune de Juvignac, ces capacités d’imagination peuvent tout à fait être maîtrisées – et bénéfiques.

Une capacité qui n’est pas maîtrisée, ça peut devenir un handicap. Une capacité qui est maîtrisée, ça peut devenir un don.

Pour plus d’informations, la chaîne YouTube 1 jour, 1 question a réalisée un épisode pour expliquer la dyslexie aux enfants.

>> À télécharger : Les troubles dys et le troubles de l’attention

Ron Davis, la dyslexie et la création de la méthode Davis

La méthode Davis a été créée par Ronald Dell Davis, plus connu sous le nom de Ron Davis. Dyslexique, Ron savait résoudre mentalement des problèmes de mathématiques complexes mais était en incapacité de lire et écrire. Jusqu’à ses 38 ans, Ron n’est pas parvenu à écrire. Néanmoins, il a tout de même eu les capacités de devenir ingénieur dans l’aérospatial, entrepreneur et sculpteur. Par la suite, Ron a fini par se confronter à sa dyslexie et, à force d’efforts, a réussi à la surpasser et à lire L’Île au trésor de Robert Louis Stevenson d’une traite. Dès lors, Ron Davis a souhaité partager cette possibilité aux autres personnes atteintes de dyslexie et leur permettre, à leur tour, de pouvoir comprendre et maîtriser leurs troubles.

En 1982, Ron Davis a fondé le « Davis Dyslexia Correction Center » et, en 1994, a publié son premier livre The Gift of Dyslexia – Le Don de la Dyslexie.

Depuis 1995, la Davis Dyslexia Association International forme des facilitants à la méthode et, ce, en 27 langues et dans plus de 45 pays.

Quels sont les objectifs de la méthode Davis ?

L’objectif principal de la méthode Davis est de permettre au porteur de dyslexie de reconnaître sa désorientation et son origine. Par ce biais, le porteur de dyslexie ne subira plus la désorientation mais pourra enfin la contrôler.

Pour parvenir à ce but, il faut tout d’abord découvrir et comprendre les fonctionnements spécifiques liés à la dyslexie. De ce fait, le patient doit apprendre les notions de désorientation, de pensée en images, de confusions, etc. À partir de là, la méthode Davis mène le porteur de dyslexie à utiliser son propre mode de pensée pour aborder l’apprentissage. Il est donc impératif qu’il se comprenne, qu’il assimile son fonctionnement et parvienne à se révéler à lui-même. Ainsi, le porteur peut apprendre à prendre conscience de sa propre perception et contrôler son attention, et peut enfin maîtriser les outils nécessaires à la correction de la dyslexie. Néanmoins, et il est très important de le préciser, la méthode Davis n’effacera pas la dyslexie. Ce n’est, en effet, pas le but ; selon Ron Davis, la perception et la pensée des personnes dyslexiques est une grande richesse, et il n’est pas question de la faire disparaître. Les praticiens de la méthode Davis ne sont pas des soigneurs mais des facilitants ; ils ne guérissent pas, ils facilitent la vie des personnes porteuses de dyslexie.

Avec la méthode Davis, le porteur apprend également à réduire voire éliminer les situations de stresse, et à contrôler son énergie. Il s’entraîne aussi à optimiser sa gestion du temps et améliorer son équilibre physique et psychique. Le but est alors de maîtriser l’alphabet, des symboles de langage, de l’orthographe et de la grammaire.

Et comment ça se passe ?

La méthode Davis est généralement proposée sous forme de consultations individuelles. Sous ce format, les facilitants sont certains de parvenir à répondre aux besoins de chaque patient. Il s’agit donc d’un stage intensif d’environ 30h réparties sur 5 jours. Il est possible d’ajouter des séances supplémentaire aux besoins.

Dans un premier temps, le facilitant met en place un entretien pour évaluer la situation. Ainsi, il peut discerner les priorités, les nécessités et établir la mise en place du stage.

Au sein du stage, les exercices sont relativement variés, puisque l’objectif est de mettre en place des stratégies pour maîtriser la lecture, l’écriture et l’orthographe. D’abord, de la lecture, avec des exercices de déchiffrage et d’évocation, mais également des exercice de ponctuation et de phonologie. L’exercice principal se base cependant sur du modelage en trois dimensions. Il est donc demandé au patient de façonner des lettres et des mots avec de la pâte à modeler et/ou d’effectuer la représentation concrète d’expressions abstraits. En sollicitant sa créativité, en lui permettant de s’impliquer physiquement dans l’apprentissage et de modeler un mot, le patient donne un sens concret à l’alphabet. Mais, surtout, le facilitant peut identifier d’où proviennent la désorientation et la confusion du patient, les lui faire comprendre, et l’aider à les surmonter.

Exemple d’exercices pratiqués avec la méthode Davis

Notons par ailleurs que la présence d’une personne proche du patient peut être demandée. Cette personne sera instruite aux exercices et pourra, à son tour, apporter son soutien et son aide dans le quotidien de la personne dyslexique.

Qui pratique la méthode Davis ?

L’Association d’Apprentissage Davis met à disposition une liste de plusieurs facilitants Davis certifiés exerçant en France, Suisse, Belgique et Luxembourg.

Le site officiel de la méthode Davis met à disposition une carte permettant d’identifier les facilitants certifiés situés partout à travers le monde.

La méthode Davis est avant tout pensée et mise en place pour faciliter l’apprentissage et le bien-être des personnes porteuses de dyslexie, mais peut également mener à la confiance et à la gestion de son regard et de ses ressentis face à l’apprentissage. Et vous, avez-vous déjà expérimenté la méthode Davis ? N’hésitez pas à nous partager votre expérience !

Sources :

Association d’Apprentissage Davis [Apprendre Autrement – La Méthode Davis]

Davis Dyslexia Association International

Site officiel de la méthode Davis

Infodyslexie

Chaîne YouTube de l’émission 1 jour, 1 question

Portfolio de l’artiste et graphiste Manon Molinaro

3 Commentaires

  • CAPRON dit :

    A 8 ans, notre petite fille ni lire ni écrire à cause de sa dyslexie. Le stage Ron Davis qu’elle a fait lui a apporté les moyens de surmonter cette incapacité mais plus que cela, elle a rencontré pour la première fois, avec la facilitatrice Ron Davis, quelqu’un qui la comprenait. C’était pour elle un bonheur. Les orthophonistes répétant les méthodes des enseignants ne pouvaient rien pour elle qui ne pense qu’en images. MERCI RON DAVIS. IL FAUT ASSISTER A CE STAGE POUR Y CROIRE.

  • Quignon dit :

    Sans cette facilitatrice d’Arras, ma petite fille n’aurait jamais lu ni écrit. Elle l’a comprise , elle a su la cerner et l’aider en conséquence quand l’école et les orthophonistes ne pouvaient l’aider. Merci Ron Davis.

  • FRUNF dit :

    Mon fils, de 9 ans à l´époque, a eu la chance de suivre un stage Ron Davis : son objectif était d´apprendre à lire comme ses camarades allemands. En un an, il est passé d´une lecture très hasardeuse et lente à la lecture des tomes d´Harry Potter… La méthode est extra et mérite d´être essayée. Elle respose en grande partie sur la motivation du stagiaire. Plus l´enfant désire progresser, plus il y parviendra. Et je note une bien meilleure estime de lui-même à l´issue de ce stage. De mon côté, j´ai appris à bien mieux comprendre ses difficultés et à être plus armée pour l´accompagner. Je vous souhaite de pouvoir leur donner cette chance.

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