Bien que les scientifiques comprennent mieux que jamais la dyslexie, ce trouble reste entouré de mythes infondés et d’incompréhension… Tour d’horizon des idées reçues et contre-vérités et éclairage à l’aune de ce que nous apprennent les neurosciences.

1. La dyslexie est un problème d’enfant

Faux. Alors que de nombreuses personnes atteintes de dyslexie peuvent développer des stratégies pour résoudre leurs problèmes de lecture, la dyslexie est un handicap qui dure toute la vie. Les recherches en neurosciences comprennent de nombreuses études réalisées sur des adultes dyslexiques.

2. La dyslexie est un euphémisme pour « paresseux » ou « stupide »

Faux. Alors que la dyslexie peut parfois être difficile à diagnostiquer avec précision, elle est définie comme une difficulté à apprendre à lire malgré une intelligence et des efforts normaux. Des études ont montré des différences dans la structure et l’activité des personnes atteintes de dyslexie par rapport à celles qui n’ont pas ce trouble.

3. La dyslexie est une « façon de penser différente ». Avoir des troubles dyslexiques signifie que le cerveau compense et qu’on est surdoué dans d’autres domaines

Faux. Alors que certaines personnes atteintes de dyslexie sont, en effet, très douées en art, en architecture, en musique ou dans d’autres domaines, ces dons peuvent ne pas être liés à la dyslexie, et toutes les personnes dyslexiques ne présentent pas ces caractéristiques.

4. La dyslexie est principalement un problème de perception visuelle, telle que l’inversion de l’ordre des lettres

Faux. Bien qu’il existe des troubles visuels-perceptifs pouvant entraîner des difficultés de lecture malgré une intelligence ordinaire (le syndrome de Meares-Irlen, par exemple), la compréhension moderne de la dyslexie se concentre sur le concept de traitement phonologique qui différencie les significations des mots dans une langue, ainsi que les problèmes de correspondance des phonèmes sur les lettres qui les représentent. Cela peut être particulièrement difficile dans des langues comme l’anglais, l’allemand ou le français dans lesquelles la cartographie des phonèmes est compliquée et souvent incohérente, mais plus facile dans des langues comme l’italien ou l’espagnol où certaines lettres se réfèrent systématiquement à certains sons.

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La compréhension de la dyslexie à l’aube des neurosciences

Le plus grand défi dans la compréhension de la dyslexie est «léquifinalité», l’idée que plusieurs causes et voies peuvent conduire à des situations identiques (ou similaires). Dans la recherche sur la dyslexie, cela signifie qu’au moins une poignée de problèmes sous-jacents pourraient entraîner une déficience de lecture spécifique. Par exemple, en plus du traitement phonologique, les chercheurs ont trouvé des liens avec certains troubles de la vision, une dénomination rapide et des déficits cérébelleux. 
Quand un chercheur recrute un groupe de participants ayant des troubles de la lecture spécifiques pour étudier une théorie particulière sur la dyslexie, leur théorie pourrait être correcte pour certains des participants, mais pas pour d’autres, ce qui est problématique entre autres pour les statistiques.

Malgré ce défi, les scientifiques ont été en mesure de recueillir des informations précieuses sur les causes possibles et les bases neurologiques de la dyslexie. La question reste cependant de savoir ce que les neurosciences peuvent faire pour aider les personnes atteintes de ce trouble. Récemment, John Gabrieli et ses collègues ont constaté que les scintigraphies cérébrales d’enfants effectuant des tâches phonologiques peuvent prédire des difficultés de lecture plus tard, plutôt que les tests traditionnels de traitement phonologique seulement.

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Un diagnostic précoce indispensable pour une meilleure prise en charge

Traditionnellement, lorsqu’un élève est soupçonné d’avoir un trouble spécifique de la lecture, il est soumis à diverses évaluations pour le traitement phonologique, la dénomination rapide et la précision de la lecture, la fluidité et la compréhension. Ces outils comportementaux sont utiles pour diagnostiquer des problèmes de lecture, mais ils ne sont généralement pas utilisés jusqu’à ce qu’un élève montre des signes de difficulté à l’école… De plus, certains aspects de ces tests, tels que la compréhension de la lecture, exigent que les élèves aient reçu un enseignement en lecture et ne peuvent souvent pas faire la différence entre les lecteurs novices qui s’amélioreront et ceux qui continueront à avoir des difficultés persistantes.
Le défi pour les chercheurs était de voir s’ils pouvaient prédire quels élèves développeraient des problèmes de lecture en fonction des informations qu’ils avaient avant de commencer à lire. En combinant la neuro-imagerie et les tests comportementaux traditionnels, ils ont pu mieux prédire les difficultés de lecture que les tests comportementaux seuls.
La plupart des interventions pour dyslexie se concentrent sur l‘amélioration du traitement phonologique et de la conscience phonologique. Ces programmes sont bien entendu plus efficaces lorsqu’ils sont proposés chez les jeunes enfants. La nature répétitive de certains de ces programmes peut les rendre très frustrants et presque totalement irréalisables pour les adolescents. 

Par conséquent, le diagnostic précoce est indispensable tant il est bénéfique. Dans le meilleur des cas, un enfant risquant d’avoir des difficultés en lecture devrait recevoir du soutien avant de se laisser distancer par les autres élèves.

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Prédire la dyslexie

Même lorsqu’ils sont diagnostiqués tôt et reçoivent un soutien et une intervention précoces, certains élèves n’améliorent pas leurs capacités de traitement visuo-attentionnel et de lecture phonologique. Cela peut être dû au problème d’équifinalité mentionné précédemment : leur difficulté de lecture spécifique peut être due à d’autres problèmes que le traitement phonologique, et donc les interventions basées sur le traitement phonologique ne les aident pas. Heureusement, des recherches récentes appuient également l’idée que la neuro-imagerie peut aider à prédire quels élèves répondront et ne répondront pas à l’intervention.

Bien qu’il ne soit pas pratique d’utiliser l’IRM comme outil de dépistage à grande échelle, un diagnostic précoce et clair pourrait mener à une intervention précoce chez les enfants présentant d’autres facteurs de risque de dyslexie et leur éviter des années de frustration et de retard dans leur scolarité. De nombreuses questions demeurent sans réponse au sujet de la dyslexie et du rôle des neurosciences dans l’éducation, mais cette approche permet d’espérer bien des avantages pour les personnes atteintes par ces troubles.

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