Les enfants qui ont des particularités sensorielles ne l’expriment pas toujours avec ces mots-là. Petits, ils l’expriment par leur comportement, et par leurs réponses émotionnelles. Celles-ci peuvent paraître disproportionnées à la situation, aux yeux de ceux qui les observent et qui peuvent avoir des difficultés à les comprendre. Comment donc décoder ces comportements afin de pouvoir mieux les accompagner ?

Pourquoi comprendre ces comportements ?

Les comportements des enfants à besoins spécifiques peuvent paraître « désorganisés », irréguliers, décalés, ou encore mal modulés pour la situation du moment. Ils peuvent aussi se dégrader au fur et à mesure de la journée ou de l’activité. En effet, la tolérance de ces enfants peut être toute petite. Parce qu’ils peuvent avoir des difficultés à s’adapter aux contraintes du groupe ou du lieu ou de l’activité (repas, toilette, crèche, etc.). Parce qu’ils perçoivent le monde à partir de leurs besoins et que ceux-ci prédominent ; moins ces besoins sont compris par les adultes, plus ils vont prendre de place, chercher à se faire entendre, et plus on aura des difficultés à les accompagner.

En outre, en grandissant, les enfants avec des particularités sensorielles dépendent plus que les autres de leur environnement immédiat et quotidien. Leurs hypersensibilités et/ou leurs besoins en sensations peuvent envahir leur vie quotidienne et scolaire. Quand les adultes qui les entourent comprennent ce qui s’exprime derrière ces comportements, et peuvent y poser des mots, les enfants grandissent avec davantage de sécurité. Savoir que l’on est compris et accepté dans sa différence contribue à la construction de la confiance.

Décoder les comportements sans juger

C’est pourquoi, avant même de penser à aménager un environnement, il est nécessaire d’apprendre à décoder les comportements d’un enfant.

Il est également incontournable de connaître et poser des mots bienveillants, de s’ouvrir à ce que va exprimer l’enfant, notamment lorsqu’il tente de communiquer ses préférences et ses aversions. C’est en effet en écoutant et observant l’enfant que l’adulte -qu’il soit parent, grand-parent, éducateur, enseignant, soignant, ou thérapeute- va trouver la meilleure façon de l’accompagner.

C’est donc en créant un sentiment de sécurité et une relation de confiance mutuelle que l’enfant trouvera des appuis pour explorer les apprentissages sociaux et scolaires. Par ailleurs, c’est aussi le point de départ pour chercher ensemble des solutions.

Quelles stratégies adopter à la maison pour décoder les comportements ?

Pour faciliter sa posture d’écoute, le parent peut donc :

  • Se baisser à son niveau, écouter ce que l’enfant a à dire.
  • Regarder l’enfant avant de parler.
  • Moduler sa voix, faire des pauses entre chaque phrase.
  • Adoucir son expression faciale, adopter un regard bienveillant, d’écoute.
  • Lui prendre la main et la masser doucement.
  • Dire « je comprends » avant de proposer une solution.

Pour aider un enfant à se calmer, se réorganiser, le parent peut :

  • Proposer un câlin très serré en ouvrant les bras, si l’enfant parait en avoir besoin (sans jamais l’imposer).
  • Lui proposer de sortir dehors.
  • Lui suggérer d’aller seul dans sa chambre.
  • Baisser la lumière dans la pièce.
  • Lui proposer d’aller dans son coin-cachette, petit et sécurisant.
  • Montrer à l’enfant comment ralentir sa respiration.
  • Lui offrir de sauter plusieurs fois, sur un trampoline, ou simplement sur le sol.
  • Lui proposer de pousser ou tirer quelque chose de lourd.
  • Tendre à l’enfant son jouet tactile ou texture préférée, son doudou.
  • Lui offrir un massage.
  • Suggérer à l’enfant d’aller se balancer.
  • Lui proposer de la musique douce.
  • Lui donner un verre d’eau.

>> À lire aussi : Un espace sensoriel au service de l’inclusion scolaire.

Toutes ces stratégies font appel à des stimuli sensoriels calmants :

  • des sensations tactiles appréciées par l’enfant.
  • des mouvements lents et rythmés, berçant, apaisant.
  • de la proprioception pour moduler les autres sensations : objet lourds, tirer, pousser.
  • la diminution des stimuli visuels et auditifs qui « surchargent » l’enfant.

Quelles stratégies adopter à l’école pour décoder les comportements?

À l’école, les contraintes du groupe et des demandes réduisent les possibilités, et nécessitent un peu d’imagination et de flexibilité pour accommoder les besoins, sans perturber le reste de la classe, et sans engendrer un stress supplémentaire pour l’enseignant. Les enseignants qui ont donc fait le choix de s’ouvrir à la classe flexible et l’ont expérimenté ne reviendraient plus en arrière.

Tout simplement parce que tout le monde est gagnant : l’élève se sentant respecté et écouté dans ses particularités n’éprouve plus le besoin de les exprimer de façon disproportionnée, et l’adulte peut sortir d’une posture d’ «autorité » et créer un lien plus riche avec l’élève.

Pour faciliter sa posture d’écoute, l’enseignant peut :

  • Se placer à côté de l’enfant, le regarder tranquillement avant de parler.
  • Moduler sa voix, faire des pauses entre chaque phrase pour s’assurer que celui-ci écoute et comprend.
  • Adoucir son expression faciale, adopter un regard bienveillant.
  • Se reculer, et surtout éviter de le toucher, si l’enfant est hypersensible.
  • Écouter ce que l’enfant a à dire, sans le contredire.
  • Lui signifier qu’on a compris ce qu’il avait à dire, que l’on en prend note.

Pour aider un enfant à se calmer, se réorganiser, l’enseignant peut:

  • Lui proposer de sortir dehors.
  • Lui suggérer d’aller dans le couloir ou un lieu plus calme, éloigné du regard des autres.
  • Proposer un objet tactile , des fidgets, de la pâte à modeler.
  • Lui suggérer de dessiner, ou de lire, selon ses goûts.
  • Lui proposer de sauter plusieurs fois.
  • Baisser la lumière dans la pièce si c’est possible, surtout s’il y a des néons.
  • Lui conseiller d’aller porter des livres à la bibliothèque, ou de distribuer quelque chose.
  • Lui proposer un disque d’air sur sa chaise.
  • Suggérer à l’enfant d’effacer le tableau, ou une autre tâche motrice utile à la classe.
  • Lui proposer d’aller boire un verre d’eau.
  • Lui offrir de changer de place dans la classe.

fidgets et pâte à modeler

Là aussi, ces stratégies font appel à des stimuli sensoriels calmants :

  • La diminution des stimuli visuels et auditifs qui « surchargent » l’enfant.
  • Des sensations tactiles apaisantes.
  • Des mouvements pour remobiliser le système vestibulaire qui « s’endort » lorsqu’on est longtemps assis sur une chaise avec l’interdiction de se balancer.
  • De la proprioception pour moduler les autres sensations: coussin lesté, transporter quelque chose de lourd, frotter des surfaces, aller sauter (à la corde , la marelle ou autre parcours).
  • Du visuel calmant restreint à une tâche simple.

Toutes ces suggestions sont des pistes et en aucun cas des recettes, car chaque enfant est unique dans ses particularités et ses besoins, que ceux-ci peuvent fluctuer d’un jour à l’autre et entre le matin et le soir, et qu’ils évoluent au fur et à mesure que l’enfant murit. Il est donc conseillé de les essayer et d’observer lesquelles sont efficaces, et appréciées des uns et des autres. Il est également conseillé de consulter un.e ergothérapeute qui, à la suite d’un bilan des difficultés de l’enfant, sera à même de proposer les aménagements les plus adaptés.


Isabelle Babington, ergothérapeute et formatrice en INS, co-fondatrice de la Meex.

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