Qu’est-ce que l’appétence ? Quel est le lien avec le jeu chez le jeune enfant ? Comment créer des conditions d’appétence pour que l’enfant ait envie de jouer ? Existe-t-il des jeux et des jouets qui favorisent l’appétence ? Mélanie, éducatrice de jeunes enfants et coordinatrice d’un Service d’Éducation et de Soins Spécialisés à Domicile Très Précoce pour jeunes enfants (SESSAD Très Précoce ou STP) avec Troubles du Spectre de l’Autisme (TSA), répond à toutes ces questions et nous apporte ses conseils pour développer l’appétence pour le jeu chez le jeune enfant.

L’appétence et son lien avec le jeu chez le jeune enfant

L’appétence, selon l’Académie Française, « désigne une tendance qui porte tout être vers ce qui satisfait ses instincts, ses besoins ». Nous pouvons faire le parallèle avec l’appétit, le goût à, l’aspiration, l’envie.

Dans le domaine de la psychologie, il est précisé que « [le] comportement d’appétence [est] dû à la motivation, [c’est un] comportement d’exploration ou de recherche de l’objet capable de satisfaire la tendance ». Plus particulièrement, dans la psychologie du travail, l’appétence se distingue de la compétence. En effet, Pierre-Eric Sutter, lui-même psychologue du travail, préventeur en santé mentale et chercheur en Sciences sociales, explique qu’« un humain dans l’entreprise, comme ailleurs, « marche » d’abord au désir de faire quelque chose qui a du sens pour lui et donc qui le motive » [: « aimer-faire »]

Quel est le lien avec le jeu chez le jeune enfant, me direz-vous ?

Au même titre que l’alimentation ou le sommeil, le jeu est un des besoins vitaux du jeune enfant. C’est par le jeu que l’enfant explore, découvre, expérimente, agit sur son environnement. C’est ainsi qu’il comprend les premières lois physiques du monde, mais également les codes sociaux, comme comment interagir avec les autres. Le jeu favorise sa compréhension de qui il est, qui sont les autres, quel est l’environnement dans lequel il évolue.

L’appétence du jeune enfant pour le jeu est le carburant de son moteur, lui permettant de partir explorer librement. L’appétence pour le jeu est souvent interne à l’enfant, mais peut parfois être externe. En effet, il n’est pas rare d’entendre professionnels ou parents exprimer leur incompréhension face au comportement d’un enfant : « Il se lasse vite des jeux », « Son attention est tellement courte ! », « Il s’agite, s’agace rapidement, je ne comprends pas ».

Tout en prenant en compte l’âge de l’enfant (temps d’attention labile ou niveau d’autonomie limité, du fait du jeune âge de l’enfant, par exemple), l’intérêt des temps de pause, « d’ennuis » dans la journée, notre rôle est de créer les bonnes conditions afin de réactiver l’appétence.

Un jeune enfant qui cherche dans une caisse de livres.

>> À lire aussi : « 4 idées d’activités avec les bacs d’exploration »

Comment créer des conditions d’appétence pour que l’enfant ait envie de jouer ?

Proposer un roulement des jeux

Proposer un roulement des jeux ou objets que vous possédez en lieu d’accueil du jeune enfant ou à la maison est une bonne solution pour réactiver l’appétence pour le jeu chez l’enfant. En effet, cette organisation permet de créer du renouveau, de la surprise : l’enfant peut oublier certains jeux au bout de quelques jours/semaines et le fait de les découvrir à nouveau peut provoquer un nouvel intérêt chez lui. De plus, l’enfant acquiert de nouvelles compétences au fur et à mesure de son développement, il pourra alors utiliser ces jouets d’une manière différente.

Mettre en hauteur certains jeux

Le fait de mettre en hauteur, tout en les laissant visibles, certains jeux ou objets fortement appréciés par l’enfant permet de créer des opportunités de demande. Et d’activer ou réactiver ainsi l’intérêt de l’enfant envers ces objets.

Jouer avec l’enfant

Le jeu autonome de l’enfant est nourri du jeu partagé. Le jeu peut être partagé avec ses pairs, mais également (et à ne pas négliger) avec les adultes de son environnement. La relation anime, elle rend vivant les temps de jeux. La relation génère de la motivation chez l’enfant, lui permet d’entrer dans les apprentissages et fait perdurer l’appétence chez le jeune enfant. Nous créons ainsi un cercle vertueux.

Utiliser les moments de la vie quotidienne

Chaque moment de vie peut devenir une occasion de jouer, il n’y a pas forcément besoin de jeux coûtants. Le matériel de la vie courante peut devenir un objet de jeu. Par exemple, utiliser le fouet de la cuisine, et y incorporer de petites boules de papier, que l’enfant pourra s’amuser à enlever, ne nécessite ni budget ni temps de préparation excessif. Et pour autant, l’enfant s’amusera à venir retirer une par une les petites boules, et exercera sa motricité fine, sa coordination visuo-manuelle, etc. Les temps de la vie quotidienne peuvent également devenir des temps de jeux. Cuisiner avec son enfant, arroser les plantes, trier le linge… sont des occasions rêvées pour jouer et ainsi, exercer les fonctions exécutives.

Deux bébés se tenant par la main.

>> À lire aussi :  » Un environnement favorable aux fonctions exécutives ».

Utiliser des jouets simples

Les caractéristiques des jeux, des objets, sont importantes pour susciter l’intérêt et l’envie du jeune enfant. Les jouets proposant de multiples sollicitations sur un seul et même support (visuelles, sonores, tactiles…) peuvent paraître trop complexes pour un jeune enfant dans ses premières années de vie, et il n’est pas rare d’observer un désintérêt après quelques jours. Les jeux proposés doivent répondre aux besoins actuels de l’enfant, en fonction de son âge, de son développement. Ainsi, les jouets permettant à l’enfant de comprendre qu’il est à l’origine de ce que produit l’objet, suite à son action, ont toute leur place dans les propositions à faire. Progressivement, l’enfant prendra conscience du lien de cause à effet, et pourra apporter de la complexité à son jeu.

Être vigilant à l’aménagement de l’espace

L’aménagement de l’espace est important pour l’exploration du tout-petit. Un espace aéré, à hauteur d’enfant, avec des propositions libres et d’autres en hauteur (comme expliqué précédemment), sous regard de l’adulte, va susciter chez l’enfant une réelle appétence pour explorer son environnement. Créer des espaces dédiés (au jeu symbolique, aux jeux moteurs, de construction, etc.) peut également permettre d’offrir des repères à l’enfant et d’exprimer ainsi sa créativité, son expression par le jeu.

Un bébé sur un tapis d'éveil avec des jouets.

>> À lire aussi : « Reggio : l’importance de l’environnement »

Partir des intérêts de l’enfant

Observer ce à quoi joue l’enfant, repérer ce qui l’intéresse, d’une manière générale, mais également sur le moment, et lui proposer des activités, des objets en lien avec ses intérêts, est une manière non négligeable de réactiver son appétence pour le jeu.

Des jeux et des outils qui favorisent l’appétence

Le mobilier et l’aménagement des jeux peuvent impacter l’exploration du jeune enfant. Ainsi, il est pertinent d’utiliser des bacs d’exploration, des tentes sensorielles, des cabanes, des tapis et coussins, pour délimiter les espaces. Les jeux de causes à effet sont également des propositions intéressantes, à complexifier ou non, en fonction de l’âge et du développement de l’enfant.

Des jeux pour le jeune enfant.

Premier jouet Montessori : ce grand classique de la pédagogie Montessori permet aux enfants d’exercer leur motricité fine et leur coordination œil/main. C’est aussi un excellent jeu pour comprendre la permanence de l’objet à savoir comprendre que la balle existe toujours même si nous ne la voyons plus !

Grippies magnétiques shakers : ces barres de jeu de construction tactiles, sonores et magnétiques vont combler l’imagination de votre enfant ! Connectez les embouts des tiges magnétiques les uns aux autres ou combinez-les avec les billes de connexion et créez une expérience de construction «acoustique» unique et magique. Votre tout-petit pourra également utiliser les grippies comme hochets! Contient 18 barres et 12 billes magnétiques.

Baby drum : le Baby Drum incitera votre tout-petit à explorer son univers musical ! Il pourra appuyer légèrement sur le tambour, chaque cercle coloré émet un son de batterie différent et déclenche une animation lumineuse. Encouragez également Bébé à avancer à quatre pattes en le faisant rouler ce qui déclenchera automatiquement un spectacle son et lumière !

>> À lire aussi :  » L’importance du jeu dans l’apprentissage ».

Des jeux pour le jeune enfant.

Cabane espace blanc : ces cabanes permettent de créer des environnements blancs pour projeter des images sur leurs murs, mettre au sol des balles phosphorescentes ou encore y glisser des coussins pour créer un refuge.

Tubes sonores : chaque tube est rempli de différents matériaux en quantités différentes. Secouez-les pour entendre des sons et retrouver les paires identiques. Vous avez trouvé ? Vérifiez votre réponse en regardant sous les tubes les pastilles de couleurs.

Locktou : 3 planches en bois représentant des animaux. Qu’est-ce qui se cache derrière la porte de chacune d’elles ? Pour le savoir, il faut manipuler les différents types de serrures. En s’amusant, on exerce ainsi sa coordination œil-main et l’agilité de ses doigts !

>> À télécharger aussi :  » La motricité libre en une infographie »


Mélanie Bretécher, éducatrice de jeunes enfants

Mélanie Bretécher est éducatrice de jeunes enfants (EJE) et coordinatrice d’un Service d’Éducation et de Soins Spécialisés à Domicile Très Précoce pour jeunes enfants (SESSAD Très Précoce ou STP) avec Troubles du Spectre de l’Autisme (TSA). Ce dispositif fait partie d’un SESSAD accompagnant des personnes âgées de 0 à 20 ans présentant un trouble neuro-développemental (TND), un trouble des fonctions exécutives (TFC) ou un syndrome génétique. Mélanie travaille au sein de ce service depuis 2015, et le dispositif STP a été créé en 2018.

Dans le cadre du STP, Mélanie et son équipe sont amenées à accompagner de jeunes enfants avec TSA, arrivant entre 18 et 30 mois. Il leur arrive très régulièrement d’utiliser des balles sensorielles durant les temps de jeux avec les enfants et les familles.

Son Instagram : @eductadiversite
Son Linkedin : Mélanie Bretécher

 

Sources :
Appétence, Académie Française
Appétence, La langue française
Compétence ou appétence ?, Démarche TFC, 7 février 2017

Article publié le 17 décembre 2020, mis à jour le 24 juin 2021

Alexandra, chargée de communication.

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