Le 6 mars aura lieu la Journée européenne de l’orthophonie. Saviez-vous que le Z-Vibe ® et le Z-Grabber ®, mis au point par l’orthophoniste américaine Debra Lowsky(1) pour la stimulation oro-faciale d’enfants en situation de handicap, se révèlent des adjuvants très pertinents. Pertinents pour la prise en charge des troubles de la déglutition chez les patients ayant la maladie d’Alzheimer ou une maladie apparentée ? Zoom sur ces outils essentiels.

Une prise en charge en orthophonie primordiale

Outre les troubles cognitifs, les troubles de la déglutition chez ces patients sont fréquents. Pourtant, ils demeurent souvent sous-estimés et mal gérés(2) (note de marge 1). La malnutrition, la déshydratation et les pneumopathies d’inhalation en sont les conséquences. Elles représentent la première cause de mortalité. C’est pourquoi la prise en charge des troubles de déglutition par l’orthophoniste est essentielle. Comme le souligne Marion Girod-Roux(3) : « l’orthophoniste joue alors un rôle important. Elle coordonne l’approche multimodale qui allie positionnement, modification de textures, réduction des distractions et stimulation sensorielle ».

Les troubles de l’oralité

En effet, orthophoniste libérale exerçant en EHPAD et FAM depuis 2009, formatrice, il m’apparaît aujourd’hui essentiel de considérer que, chez ces patients à un stade moyen à sévère, on rencontre essentiellement un trouble de l’oralité. Il convient donc, de prendre en charge très rapidement dès les premiers signes de difficulté lors des repas.

Le type de prise en charge novateur que je propose aux patients ayant une DTA permet de réduire l’hyporéactivité sensorielle. Ensuite, l’hypotonie oro-faciale (avec le stylet Z-Vibe® et le Z-Grabber®) et de stimuler les phases pré-orale et orale de la déglutition.

Une personne âgée tient une tasse

Le travail de stimulation sensorielle

Ces patients ont le plus souvent une dysoralité, souligne Jennifer Vivier(4). Le toucher thérapeutique est indiqué pour la prise en compte du patient et de sa pathologie en totalité. Il faut envisager l’ensemble des dysfonctionnements. Afin d’effectuer une prise en charge globale : troubles des fonctions oro-faciales. Tels que déglutition, phonation, articulation, mobilité et tonus oro-facial, souffle et, enfin respiration.

Quand le déclin cognitif se produit, le « monde du malade » est vécu à travers l’expérience sensorielle. Aussi, avec une capacité réduite à intégrer cette expérience pour comprendre le contexte(5). La perception sensorielle joue un rôle important au niveau des fonctions cognitives dont la mémoire. De plus, le vieillissement s’accompagne d’un déclin cognitif et sensoriel. Il existe un lien entre fragilité neurologique, déficit sensoriel et perte de l’autonomie. L’olfaction diminue plus que la gustation avec le vieillissement, entraînant des modifications dans les préférences alimentaires(5).

La rééducation et ses bienfaits

La maladie d’Alzheimer ou apparentée a pour effet d’effacer progressivement les codes et les conventions nécessaires à la communication digitale. Elle bouscule alors la hiérarchisation neuronale. L’organisme va donc compenser ces pertes digitales. Il va se référer aux activités du système sensorimoteur, renforçant dès lors la communication analogique (= non verbale). De très nombreux gestes et attitudes attestent sans réserve qu’aussi loin que soit la personne dans son trouble neurocognitif, elle est bien là, présente au monde. Elle a un désir inlassable de communiquer avec son milieu(6).

La rééducation du goût et de l’olfaction est un vecteur de stimulation corticale du système de déglutition. Il s’agit de mettre en place un travail cognitif. Et pas seulement une augmentation des seuils de stimulations (travail de la mémoire sensorielle et mémoire de travail). C’est un travail de stimulations augmentées(7) qui doit être associé à un accompagnement du patient sur le principe d’autonomie aidée (note de marge 2). J’utilise aussi dans ma pratique du matériel Montessori Nienhuis pour travailler la perception gustative et olfactive et le toucher (tablettes tactiles rugueuses, lisses, thermiques…). Enfin, la médiation animale.

L’utilisation du Z-Vibe® se fait avant les repas pour la stimulation oro-faciale car les patients présentant une DTA à un stade moyen à sévère souffrent souvent d’hypotonie. Avec en plus, des massages manuels, des massages en exo et endo-buccal avec embouts à picots, lisses ou l’abaisse-langue triangulaire (grattoir lingual).

Z-Vibe® et Z-Grabber®

Orthophonie et DTA : Le Z-vibe

Kit de démarrage Z-Vibe : Idéal pour débuter ! Ce kit regroupe tout le nécessaire pour la stimulation et la rééducation bucco-maxillaire professionnelle : 1 Z-Vibe avec manche en plastique, 1 embout cuillère dure, 2 embouts à picots (grand/petit), 1 embout rainuré, 1 Ark Grabber standard, 1 Ark Grabber XT.

Kit de 10 embouts variés Z-Vibe : Cette mallette regroupe les 10 embouts les plus utilisés avec un Z-Vibe : 1 embout à picots, 1 embout rainuré, 1 embout mini, 1 embout fin dur, 1 cuillère dure, 1 cuillère souple, 1 embout de mastication, 1 embout de mastication extra-long, 1 brosse dure et 1 brosse souple. Nécessite le Z-Vibe pour pouvoir être utilisé.

La stimulation de la mastication se fait avec un embout adapté et le Z-Grabber®. L’utilisation pour la dysoralité avec augmentation de la sensibilité orale, véritable réveil sensoriel avec salivation, déclenchement de la déglutition salivaire, ouverture buccale facilitée et automatisée, augmentation de la vigilance du patient.

Orthophonie et DTA : le Z-Grabber

Z-grabber : Cet outil de stimulation oro-faciale combine les bénéfices du Z-Vibe et ceux du Ark Grabber. iI est compatible avec tous les embouts Z-Vibe. Tout en comportant une boucle à mastiquer. Vibrant, Il permet un travail précis et performant. Il Peut être utilisé pour faire la transition vers les exercices de mastication et de morsure.

J’utilise le Z-Vibe® avec embout cuillère pendant le repas. Une fois un positionnement correct du patient obtenu (note de marge 3). Cela permet d’augmenter les sensations en intra-buccal et stimuler les phases pré-orale et orale de la déglutition. Seul petit bémol : la taille de l’embout cuillère. Il mériterait d’être modifiée pour des patients adultes. J’ai formulé cette requête au fabriquant, qui m’a répondu qu’il y travaillerait !

>> Lire aussi : « L’accompagnement à l’alimentation avec le Z-Vibe »

En savoir plus sur l’auteure de l’article : Émilie Lorrain, orthophoniste DE et formatrice

Émilie Lorrain a été diplômée en juin 2003 de l’école d’orthophonie de la faculté de Médecine de Montpellier. Spécialisée en neuro-gériatrie, et titulaire d’un cabinet d’orthophonie créé en 2005 dans l’agglomération de Toulouse Métropole, elle a exercé en EHPAD, FAM, et a été maître de stage des étudiants en orthophonie en L2 et L3 (grade Master), 4e et 5e année des écoles de Toulouse, Nancy et Poitiers, mais aussi maître de stages d’équivalence (écoles belges), directrice de mémoire d’orthophonie, formatrice en formation continue des orthophonistes, en EHPAD, FAM, et conférencière.

Auteure de la contribution “ L’expertise orthophonique au service de la prévention de l’épuisement des aidants professionnels et familiaux sur le terrain : comment repenser la prise en charge des patients Alzheimer mais aussi renforcer la formation de leurs aidants ” annexée au rapport du groupe des 26 sur l’avenir des soins et de l’hôpital public en France “ Changer la vie à l’hôpital ”. Il a été remis à Madame la Conseillère Santé du Président de la République, à Madame la ministre de la Santé et Madame la Présidente des Affaires Sociales de l’Assemblée Nationale en mai 2018.

Article publié le 26 mars 2019. Mis à jour le 03 mars 2022.


Notes de marge

Note de marge 1 : Simplification des textures par peur de la fausse route, épaississement des boissons alors que le patient ne présente que rarement un trouble de la phase pharyngée de la déglutition pour lequel, lorsqu’il est objectivé par le bilan orthophonique, ces adaptations sont bien entendu fondamentales.
Note de marge 2 : soutenir son geste de préhension du couvert (stylet Z-Vibe® avec embout cuillère avec ou sans picots) enover-hand (OH) le plus souvent(8) avec positionnement du soignant debout derrière le patient ou à côté du patient (position enveloppante et non intrusive avec respect de la zone de proxémie intime car on se trouve dans la proxémie personnelle à 45 cm du patient). Soutenir son geste de mise en bouche: atteinte de la mémoire procédurale.
Note de marge 3 : au fauteuil fixe ou roulant, dos droit avec une légère flexion du menton vers la poitrine, appui podal symétrique et appui cervico-scapulaire symétrique.


Sources

(1) Conseils et techniques pour le z-vibe HT3930, disponibles sur www.hoptoys.fr.
(2) Ruglio, V. Dysphagies neurogériatriques, oralités et presbyphagie. Rééducation Orthophonique – N° 271 – septembre 2017 ; p 359-383.
(3) M. Girod Roux : Déglutition Alzheimer. Lettre Psychogériatrie 2012. Page 2. Troubles de déglutition dans la maladie d’Alzheimer. Revue de littérature.
(4) http://www.editions-creasoft.com/VIVIER/LivretJenniferVIVIERimprimable.pdf
(5) Kenigsberg PA. Aquino JP., Berard A., Boucart M., Bouccara D., Brand G., Les fonctions sensorielles et la maladie d’Alzheimer : une approche multidisciplinaire. Geriatr Psychol Neuropsychiatr Vieil 2015 ; 13(3) : 243-58 doi:10.1684/pnv.2015.0553.
(6) C. Delamarre, Alzheimer et communication non verbale : Maladie d’Alzheimer et maladies apparentées. Editions DUNOD, juin 2011.
(7) Y. Tannou, X. Cormary, Prévention des troubles de la déglutition en neuro-gériatrie, L’Orthophoniste, N°341 page  21, 2014.
(8) Batchelor-Murphy_et_al-2017-Journal_of_the_American_Geriatrics_Society.pdf

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