Laura a 38 ans. Elle est mariée et a un fils de 8 ans. Diagnostiquée tardivement, elle vous raconte son parcours. Aujourd’hui, elle est consultante en informatique et très heureuse d’avoir pu enfin mettre un mot sur cette différence. Le diagnostic de l’autisme, bien qu’il soit tardif, a été pour elle une renaissance.

De quels troubles êtes-vous porteuse ?

Je suis autiste et HPI 

Faites-vous partie d’une association ?

Non, car je ne fonctionne pas bien en milieu associatif. J’ai tendance à trop m’investir et cela risque de m’épuiser très rapidement. J’ai déjà essayé il y a quelques années et j’ai retenu la leçon. 

Comment avez-vous appris que vous étiez porteuse d’un TSA ?

Fin 2017, j’ai vu passer sur Facebook une courte vidéo de Julie Dachez qui expliquait que l’autisme Asperger se manifestait différemment chez les femmes. Curieuse, j’ai recherché quels étaient les signes. Je suis alors tombée sur ce tableau. Ça a été un choc. Sur les 45 signes, j’en avais 42. J’ai mis du temps à accepter l’idée que je pouvais être autiste. Ce n’est qu’un an après, que j’ai osé poser la question. J’étais en plein burn-out et j’ai atterri chez un psychiatre. J’ai eu beaucoup de chance, il connaissait un peu le sujet. Lorsque je lui ai parlé de mes interrogations, il m’a encouragé à aller passer les tests chez une psychologue. J’ai été diagnostiquée à l’âge de 35 ans.  

Comment avez-vous réagi ? Puis agi ?

Le diagnostic a été pour moi une vraie libération, pouvoir enfin mettre un mot sur cette différence, que ni moi ni les autres ne comprenaient, a été comme une renaissance. Je sais enfin qui je suis et je l’ai ressenti comme une autorisation d’être enfin moi-même, avec toutes mes bizarreries. Et j’étais surtout heureuse de savoir que je n’étais pas seule, qu’il y a plein de personnes comme moi et qu’elles sont souvent géniales ! 

L’une des premières choses que j’ai faite en rentrant a été de l’annoncer sur mes réseaux sociaux, en invitant les gens à me poser des questions si iels* le souhaitaient. L’autisme est très méconnu, y compris dans mon entourage et je pense sincèrement qu’un peu d’information suffirait pour changer le regard sur les personnes autistes. 

*Iel est un pronom neutre inclusif de la troisième personne, issu d’une grammaire dite inclusive. Il s’utilise en français à la place de il ou de elle, soit pour désigner une personne dont on ne connaît pas le genre, soit pour désigner une personne non-binaire (qui ne se considère ni comme un homme, ni comme une femme). 

Quel est votre parcours scolaire ?

Mon parcours scolaire est comme souvent chez les autistes HPI assez chaotique. J’ai, en vrac, étudié : la physique-chimie, l’anglais, la communication, l’infographie, la banque, la création et la restauration de vitraux et la qualification logicielle.  

Ne pas savoir comment je fonctionnais a été un vrai frein dans ma scolarité et dans mes études. Très clairement, si j’avais su à l’époque ce que je sais aujourd’hui, j’aurais fait les choses différemment. Mais j’ai retiré quelque chose de chaque expérience, alors ça reste du positif. 

courts-métrages autisme

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Aujourd’hui, que diriez-vous à un adulte découvrant son handicap tardivement comme vous ?

En général je le ou la félicite et je lui souhaite la bienvenue au club. Un diagnostique tardif est souvent une bonne nouvelle, ça permet de comprendre d’où venaient nos difficultés et d’apprendre à capitaliser sur nos forces. Parce que oui, on a aussi des forces. Être autiste n’est pas une tragédie, bien au contraire.  

En 3 ans, j’ai vu via les groupes sur les réseaux sociaux beaucoup de personnes obtenir leur diagnostique tardif. De mémoire, il n’y en a qu’une pour laquelle ce n’était pas une bonne nouvelle. Dans ce cas là, on lui a juste demandé comment iel se sentait. Et nous l’avons écouté.e. La plupart des gens pensent que les autistes sont solitaires, ce n’est pas vrai. Il y a une vraie communauté autiste et elle est pleine de bienveillance. Le diagnostic est un énorme changement, c’est important d’être entouré de personnes qui sont passées par là.  

Quels impacts l’autisme a-t-il sur votre vie familiale et professionnelle ?

Au niveau professionnel

Professionnellement, l’autisme a longtemps eu un énorme impact. J’arrivais à trouver un emploi, car j’ai appris les codes de la recherche d’emploi et je connais le script à utiliser en entretien. Par contre, je n’avais jamais réussi à rester plus d’une année sur un poste. J’ai également fait plusieurs burnouts et j’ai subi du harcèlement moral au travail.
J’étais sans emploi lorsque j’ai été diagnostiquée. Je me suis alors demandé comment on trouvait du travail lorsqu’un est autiste. Je suis rapidement tombée sur Auticonsult, une entreprise de services numériques qui n’emploie que des consultants autistes et qui les accompagne en mission en milieu ordinaire. Cela fait maintenant 2 ans que j’y suis et je découvre qu’on peut être épanouie au travail. C’est un énorme changement. 

Au niveau personnel

Côté personnel, je me suis rendu compte que j’avais déjà mis énormément de choses en place pour m’adapter bien avant mon diagnostique. J’ai la chance d’avoir ma pièce à la maison un bureau/atelier où je peux travailler ou créer en paix (je fais énormément de peinture et de loisirs créatifs). Depuis que j’ai les mots pour exprimer mes besoins, je peux aussi dire à mon mari et à mon fils que j’ai besoin d’aller recharger mes batteries. Je m’enferme alors dans ma pièce et personne ne me dérange.  

Niveau relationnel, j’ai un bon groupe d’amis, beaucoup sont neuroatypiques. On ne se voit pas très souvent, mais ce sont de très bons moments. On discute énormément de plein de choses, on joue, on s’amuse. Ce qui peut frapper une personne neurotypique c’est qu’à ces rencontres, il n’y a jamais de musique. On peut se concentrer sur la conversation sans avoir à trier les informations. Je reste plutôt en contact avec les gens sur les réseaux sociaux.  

idées reçues autisme

>> Télécharger aussi : « Autisme : moins d’idées reçues, plus de bienveillance ».

Au travail, comment se passent les relations sociales avec vos collaborateurs ?

L’avantage de travailler chez Auticonsult, c’est que la question de l’autisme est soulevée dès le départ. L’équipe dans laquelle on travaille sait immédiatement qu’on est autiste et est sensibilisée sur les particularités de la personne qui va les rejoindre. Ça désamorce beaucoup d’incompréhension. Pour résumer, on nous livre avec le mode d’emploi  ! Du coup, personne n’insiste pour qu’on aille déjeuner en groupe ou pour aller ensemble à la pause café, iels sont même conscients de l’effort que cela peut représenter pour nous. La relation est beaucoup plus fluide et on peut discuter des éventuelles incompréhensions beaucoup plus simplement.

Qu’est-ce qui selon vous pourrait améliorer significativement la vie et l’inclusion des personnes en situation de handicap ?

Déjà, il faudrait sensibiliser tout le monde à ce qu’est un handicap. Pour beaucoup, ça se résume à : Fauteuil roulant, non-voyant, sourd. Or, il y a plein de handicaps différents et beaucoup ne se voient pas. Il faut aussi arrêter de remettre en question les handicaps des gens. Si quelqu’un annonce qu’iel a des besoins spécifiques, on n’a pas à questionner ça. C’est souvent bien plus simple pour une personne « valide » que pour une personne en situation de handicap de s’adapter.  

Des produits Hop’Toys que vous utilisez au quotidien ?

En prenant le temps de parcourir votre site, j’étais assez amusée de voir le nombre de produits de votre catalogue qui sont déjà chez moi.
J’aime beaucoup les Smart games dont je suis très fan. J’ai aussi un pouf géant, bien entendu une couverture Lestée et j’ai également un ballon d’assise que j’utilise en alternance avec ma chaise de bureau.
Pouf et couverture lestée
Pouf géant : grâce à ses billes en polystyrène, vous pouvez façonner ce pouf géant en fonction du corps et du positionnement le plus judicieux pour l’utilisateur : position assise, couché sur le dos, sur le ventre… C’est vous qui décidez ! Revêtement 100% Polyester, waterproof, anti-taches et ignifugé. 5 couleurs au choix. Déhoussable. Housse lavable en machine à 40° max. Dim. 130 x 170 cm.
Couverture lestée : Cette couverture lestée est remplie de billes en verre poli qui assurent un poids bien réparti sur toute sa surface. D’un côté, une surface très douce au toucher parsemée de petits renflements invite à l’exploration et au cocooning. Le recto propose une surface en coton. Lavable en machine. Poids de 1 à 6 kg selon modèle. Tailles au choix : 90 x 120, 100 x 150, 135 x 200 cm. 2 coloris au choix : bleu/bleu et vert/imprimé étoiles fond marine.

Le mot de la fin…

L’autisme n’est pas une maladie, c’est juste une façon de fonctionner un peu différente. Le problème, surtout pour les femmes, c’est que le diagnostic est compliqué et que tant qu’on n’a pas la notice, on ne sait pas comment utiliser ce fonctionnement. L’accès au diagnostic, c’est primordial. Pour beaucoup d’entre nous, c’est même une question de survie. Par contre, une fois qu’on l’a, c’est le début d’une toute nouvelle vie.  

Vous avez été diagnostiqué tardivement ? Vous voulez témoigner de votre expérience ? Contactez nous ou laissez nous un commentaire ! 

 

Alexandra, chargée de communication.

2 Commentaires

  • Angélique dit :

    Bonjour,
    J’ai récemment été diagnostiqué TDAH en libéral.
    Je suis également maman d’une enfant Éloïse qui est TSA sévère avec déficience intellectuelle sévère.
    Je suis partante pour apporter mon témoignage si besoin.

  • Céline dit :

    Bonjour, nous en serions ravis ! Je vous ai envoyé un mail. Bonne journée !

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