Mélanie est une jeune femme de 31 ans qui a été diagnostiquée TSA très rapidement ! Elle a su faire de sa différence une force et aujourd’hui, elle nous raconte son parcours ! 

Qui êtes-vous ?

Je m’appelle Mélanie GILLET créatrice du compte @ladifferenceestune force_off sur Instagram. J’ai 31 printemps, diagnostiquée TSA (trouble du spectre autistique sans déficience intellectuelle), par une spécialiste formée à l’autisme depuis de nombreuses années. 

Comment avez-vous découvert votre TSA ?

Mon diagnostic a été posé en une journée. Ce qui est très rare. Dans la majorité des cas les délais sont beaucoup trop longs pour autant de souffrance accumulée pendant l’enfance.

J’ai fait le choix de me faire diagnostiquer, car j’ai vu un reportage “Dans les yeux d’Olivier” sur les troubles du spectre autistique, et je me suis retrouvée dedans. D’ailleurs, je n’y croyais pas moi-même ce qui a engendré une grosse dépression avant d’accepter ma différence. 

Dans mon ancien travail, ça n’allait pas (fatigabilité), tout devenait compliqué. On m’en demandait de plus en plus, mais je n’arrivais plus à tenir le rythme. Chez mes parents, ça devenait difficile. 

Un exemple : certain(es) personnes avec autisme entendent 10 fois plus qu’une personne classique. Je mettais toujours le son au minimum. Mes parents se posaient des questions comme eux entendent “normalement.” 

Portrait Mélanie, Quand la différence est une force

>> À lire : Autisme, le diagnostic tardif chez l’adulte

Avez-vous reçu un soutien adéquat ?

Nous avons reçu du soutien grâce à une Association Ardennaise. Il s’agit de l’association Ardenne Asperger dont Mme Isabelle Vernet est la Présidente.

C’est d’ailleurs ce qui a aidé mes parents et ma sœur à mieux me comprendre dans mes difficultés et mes bizarreries dans mon quotidien ainsi que mon fonctionnement différent. 

Les personnes neuroatypiques sont très peu aidées. Il y a un manque de médecins et de spécialistes formés aux spectres autistiques. Les personnes neurotypiques ne fonctionnant pas comme nous, les interactions et codes sociaux sont différents (très cash, sans filtre,…). Ce qui ne plaît pas à tout le monde. 

Pensez-vous qu’il y a eu une évolution au cours de la dernière décennie en ce qui concerne l’autisme ?

Mon ressenti sur l’évolution de l’autisme en France. 

Oui, j’ose le dire, la France est très en retard. Certes, il y a de plus en plus de prises en charge pour les enfants, mais les adultes, on en fait quoi ? On se débrouille comme on peut… Heureusement, j’ai de la chance d’avoir une famille exceptionnelle, sinon je serais à ce jour dans la rue. 

Or, je n’ai pas demandé à naître avec un fonctionnement du cerveau différent, véritable handicap dans ma vie de tous les jours. 

Si vous pouviez changer une seule chose dans la société pour améliorer la vie des personnes autistes, quelle serait-elle ?

Pour améliorer notre vie, je commencerai par : 

L’environnement. Celui dans lequel on vit actuellement est très anxiogène. Je demanderais aussi si à tous les magasins de réduire leurs lumières. En plus, on ferait des économies d’énergie !

Votre parcours

Quelle expérience avez-vous eu de l’école, de l’université ou de la formation professionnelle ?

Malgré mes nombreuses difficultés scolaires (trouble de l’attention, dyslexie, une très grande dyspraxie non reconnue à cette époque), j’ai toujours suivi un cursus scolaire normal. Mes parents se sont toujours battus pour ça. J’ai appris seule avec l’aide de mes parents. Le corps enseignant n’étant pas ou mal formé aux troubles du spectre autistique, et n’ayant connu aucune pédagogie dans les écoles, collèges, lycées que j’ai côtoyés.

J’ai pu entendre tout au long de mon cursus, des remarques tel que : « Tu ne seras jamais embauchée » et j’en passe.

Pour reprendre dans l’ordre chronologique

De l’école maternelle à l’école primaire, j’avais des difficultés à interagir avec les autres. Malgré tout, j’ai eu de la chance d’être dans un petit village où tout le monde se connaissait donc j’avais un petit groupe d’amis grâce à ma cousine qui est du même âge. 

C’est lors des années de collège et de lycée que cela s’est encore plus compliqué… Ce fut le début du harcèlement moral. Et pourtant, j’habitais encore une petite ville. Quelle tristesse !! Cela a entrainé des blessures fortes et des conséquences importantes dans mon quotidien. D’ailleurs beaucoup de personnes vivant avec l’autisme, se font harceler à cause de leur différence, non acceptée dans notre société, et non connue. Il faut que cela cesse ! Les bourreaux devraient être punis et les victimes beaucoup plus reconnues. 

J’ai eu beaucoup de difficultés d’apprentissage, car mon cerveau est au taquet 24H/24 7J/7 même la nuit. Il ne prend pas de vacances lui, pas de bol. C’est vraiment épuisant. Si on parle devoirs, comment dire… Mes parents se sont arrachés les cheveux plus d’une fois (c’est pour ça qu’ils n’en ont plus beaucoup, ahah).

Pour une leçon qui devait s’apprendre en 30 minutes, je commençais à 17 h et je terminais vers minuit. Toujours en espérant ne pas avoir tout oublié le lendemain et pouvoir décrocher la palme d’or pour rendre fiers mes parents. Au final, c’était plutôt zéro + zéro = la tête à Mélanie. Évidemment, je me prenais une soufflante derrière « t’as pas assez bossé », ce qui au final est assez injuste. 

J’ai quand même réussi à avoir mon Brevet Agricole. Même si bien sûr quelques professeurs m’ont dit que je ne l’aurais jamais ! J’ai obtenu mon CAP fleuriste, CAP petite enfance (travail par correspondance). J’ai travaillé seule de chez mes parents : le top ! J’ai aussi obtenu le BAFA. Si j’avais été diagnostiquée plus jeune, je me serais orientée vers une école d’art, ma plus grande passion. 

TSA et parcours scolaire

>> À lire aussi : « Cette année, je crée ma classe flexible ! ».

Exercez-vous un emploi ou êtes-vous à la recherche d’un emploi ?

Actuellement, j’ai mon agrément en tant qu’assistante maternelle. Je suis à la recherche d’un contrat en périscolaire à mi-temps sur Charleville Mézières. 

Quel serait le job de vos rêves ?

Mon plus grand rêve serait d’exposer mes tableaux d’aquarelles, pour ensuite les vendre et pouvoir en vivre. 

Portrait : Mélanie, quand la différence est une force

Un coup de cœur ?

Je tiens aussi à mettre en lumière ma famille, mes meilleures amies qui se reconnaîtront. On peut les compter sur les doigts d’une main. Ils ont toujours été là dans les bons, comme dans les pires moments de ma vie !! 

Je tiens à mettre aussi en lumière mes parents, qui m’ont donné une bonne éducation, un humour atypique, les bases de la vie. C’est-à-dire le respect de l’être humain, l’empathie. Sans oublier ma sœur qui est d’un soutien sans faille. 

Je suis consciente que je ne suis pas facile à comprendre et à vivre, mais je ne changerai pas pour autant. La vie avec une nana atypique n’est pas simple ! Parfois, je ne me comprends pas non plus, mais dans ces moments-là je souris.

Qu’est-ce que c’est compliqué d’être en boucle ! En plus, ça peut durer une journée comme une semaine, ou plusieurs mois. Le pire, c’est que je m’en rends compte !

Je tiens aussi à mettre à l’honneur la Présidente Mme Isabelle VERNET de l’Association Ardenne Asperger pour son implication et son aide précieuse. Ainsi que le GEM la différence qui est un groupe d’entraide mutuelle. Ce groupe permet aux personnes autistes de partager de bons moments ensemble, de se sentir moins seul sans aucun jugement. Grâce à ces deux Associations Ardennaises, on se sent moins seule dans ce monde parfois inadapté à nos difficultés. 

les amis et l'autisme

Qu’est ce qui selon vous pourrait améliorer significativement la vie et l’inclusion des personnes TSA ?

Il y a tellement de choses à dire pour améliorer considérablement les personnes vivant avec de l’autisme. 

  • L’intégration sociale, c’est la clé de notre vie.
  • Les diagnostiques sont beaucoup trop tardifs.
  • Former davantage tous les professionnels , spécialistes, les entreprises, les enseignants, etc.  
  • Apprendre aux enfants dès la maternelle, (comme dans certains pays), notre manière de fonctionner pour éviter le plus possible le harcèlement, le jugement, les violences quotidiennes.
  • Il faut aussi former davantage les neurotypiques (vivant sans autisme). Plus on sensibilisera à la différence invisible, plus on sera mieux reconnu comme des personnes à part entière. 

>> À télécharger aussi : « La petite exposition sur l’autisme ».

Pour faire avancer tout cela, il faudrait :

  • Réunir plus de fonds pour aider les familles, les associations, et les personnes adultes vivant avec de l’autisme.
  • Augmenter L’AAH pour vivre correctement. Il faut savoir que la plupart des personnes avec autisme en France, vivent sous le seuil de pauvreté.
  • Simplifier les papiers administratifs en France. Ils sont beaucoup trop compliqués et pas assez précis pour nous les atypiques.
  • Augmenter les aides pour les besoins spécifiques à l’autisme.
  • Que les villes proposent des activités spécifiques, dans notre domaine, pour aider à notre socialisation.
  • Que les personnes avec autisme sans déficience intellectuelle, « se forcent » à se sociabiliser avec des personnes neurotypiques. 

Le mot de la fin !

Je remercie toute l’équipe Hop’Toys de m’avoir permise de m’exprimer à ce sujet. 

Ainsi que tous mes abonnés d’avoir cru en mon compte Instagram @ladifferencestuneforce_off et aux futurs abonnés. C’est aussi grâce à eux que j’en apprends tous les jours. Ça me permet aussi de reprendre confiance en moi, de me remettre en question pour continuer à grandir tous ensemble : neuroatypiques et neurotypiques.

Je remercie ma mère de m’avoir aidé à écrire mon portrait. Mon père, ma sœur sans qui je ne serais pas la nana pétillante.

Les Associations Ardennaises.

Pour finir en beauté, on terminera par le cri de guerre du compte que j’ai créé :

La différence est belle, la différence est une chance, la différence est une force.

PS : N’oubliez pas de croire en vos rêves. MÊME LES PLUS FOUS !!

Aude Habert est chargée de communication et d'événementiel chez Hop'Toys.

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